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Lucas doit reprendre sa place
Titulaire indiscutable avant sa blessure, Lucas Moura pourrait revenir dans le onze de départ du PSG face à Nice. Voilà deux mois que le Brésilien regarde les copains jouer sans lui.
Comme tous les romantiques, Lucas a pleuré le 14 février, jour de la Saint-Valentin. Bon, ce n’était pas pour sa belette, mais parce que sa cuisse venait de le lâcher en plein match face à Caen. Le Brésilien a de suite compris la gravité de sa blessure et ce qu’elle allait entraîner : pas de double confrontation face à Chelsea et de longues semaines sur le carreau. Les larmes du Brésilien ont séché contre Bastia, en finale de la Coupe de la Ligue, date de son retour sur le pré. Entré en jeu contre le Barça aussi, le numéro 7 pourrait enfin retrouver le onze de départ face à Nice. Et, pourquoi pas, reprendre le cours d’une saison qu’il avait entamé sur les chapeaux de roue : 24 matchs, 7 buts, trois passes décisives en Ligue 1.
Le jouet du prince
Pour l’instant, le joueur de 22 ans n’a pas à rougir de sa saison. La plus prolifique en buts depuis qu’il est dans la capitale. Dans les coulisses du club, il se dit qu’Edinson Cavani n’aurait d’ailleurs pas résisté longtemps à la forme de l’ancien joueur de São Paulo lors de l’arrivée des matchs à enjeux. Quoi qu’on en dise, c’est une belle revanche pour celui dont on se demandait encore l’an dernier ce qu’il était venu faire en Europe tant son football semblait immature. Il faut dire que le montant de son transfert (40 millions + 5 de bonus) plaçait le joueur dans l’obligation de réussir quelque chose dans la capitale.
Une réussite vendue prématurément par l’ancienne idole du Parc des Princes, Raí, qui annonçait en décembre 2012 que le gamin « allait faire rêver les gens » . Deux mois après son arrivée, Lucas brisait Valence à lui tout seul en Ligue des champions. Il recommençait face au FC Barcelone en quarts de finale. À Doha, on salivait face aux foulées du jeune Carioca. Dès sa prise de contrôle du PSG, au printemps 2011, le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani rêvait d’attirer à Paris le milieu offensif brésilien. C’était le choix du prince. Son jouet.
Dur apprentissage
Mais voilà, l’apprentissage est dur. Surtout en Ligue 1, où Lucas peine à comprendre le football français et sa tactique très rigide. L’an dernier, Blanc commençait déjà à sermonner son joueur publiquement : « Le foot se joue en équipe, et il doit le comprendre » . Comprendre quoi ? Que le football n’est pas aussi simple qu’une longue ligne droite. Pendant très longtemps, Lucas ne s’emmerdait pas avec le collectif ou la tactique. Joueur de couloir par excellence, le Brésilien enclenchait la première vitesse une fois le ballon dans les pieds. Pas d’appel. Pas de mouvement. Je prends la balle, je me mets dans le sens de la route et j’accélère. J’accélère. J’accélère. J’accélère tellement que je n’ai pas le temps d’analyser les mouvements de mes coéquipiers autour de moi, car j’ai de la buée sur les carreaux. Ça, c’était l’an dernier. Et puis l’adorateur de Zinedine Zidane a eu un électrochoc. À savoir regarder la Coupe du monde au Brésil… sur son canapé en cuir. Et ça, quand vous avez 21 ans, ça fait mal au cul. Dans l’esprit du sélectionneur Scolari, ce n’est pas le potentiel énorme du gamin qui était en cause, mais sa progression. Intrinsèquement, Lucas est le joueur le plus rapide du PSG, et sa gestuelle avec le ballon est phénoménale.
Mais voilà, dans la folie brésilienne de son enfance/adolescence, Lucas a oublié de bosser certaines choses comme la profondeur ou la faculté de se démarquer. Au club, on aimerait que le garçon demande moins le ballon dans les pieds et plus dans les espaces, persuadé qu’une fois la tête à l’endroit, Lucas fera mal. Seulement voilà, c’est dans un autre registre que le garçon a bien réussi son début de saison. On l’a vu plus appliqué, efficace, collectif, solide sur ses appuis et discipliné défensivement. Oui, c’est indéniable, il a changé durant l’été avant d’être fauché en plein vol en début d’année 2015. Terminé le Brésilien Jairzinho le dribbleur, le détonateur du côté droit du Brésil des 70s. Au fond, Lucas est un joueur plus simple et sans doute moins talentueux que l’ancien Marseillais à la coupe afro (1974/1975). Lucas Moura est surtout un joueur de son époque. Un mec qui balance des photos de canards avec sa femme sur son compte Instagram, qui rigole avec son pote Marquinhos et qui adore casser des reins sur des crochets.
Mais à l’heure où le PSG panse ses plaies après Barcelone, le numéro 7 serait bien avisé de faire du bien à son équipe. Dans un effectif sur les rotules, un peu de chair fraîche ne fait jamais de mal. Et un mec qui plante des buts encore moins.
Par Mathieu Faure