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Lucas Digne dans le money time
Ce mercredi contre le Real Madrid, Lucas Digne va disputer son deuxième huitième de finale de Ligue des champions, après un PSG-Bayer Leverkusen en 2014. Plus qu'un match, un révélateur en vue de l'Euro et de la suite de sa carrière, quand son prêt à Rome prendra fin.
Samedi sur la pelouse de Carpi, Lucas Digne a marqué le second but de sa carrière italienne. Contre la même équipe à laquelle il avait planté son premier, lors d’un match aller à sens unique fin septembre (5-1). Quatre mois et demi plus tard, la frappe lointaine du latéral gauche français est tout sauf anecdotique : elle arrive alors qu’il n’a jamais eu autant besoin de faire ses preuves. Recruté par Rudi Garcia à la fin du mercato estival, Digne a vu partir son mentor il y a quelques semaines, celui qui l’avait lancé en Ligue 1 en 2012 et l’a relancé après deux saisons de doute au PSG. Luciano Spalletti, nouveau coach des Giallorossi, n’a jamais réclamé le Français, et il se dit déjà qu’il ne le retiendra pas à la fin de son prêt d’un an. Et ne se privera pas de le laisser sur le banc si la recrue hivernale Ervin Zukanović donne satisfaction, comme lors de son premier match le 30 janvier contre Frosinone avec une victoire et une passe décisive. Annoncé blessé pour deux semaines fin janvier, Digne a finalement retrouvé les terrains au bout d’une seule, avec une entrée en jeu à la pause contre la Sampdoria pour finaliser la victoire de la Roma à Gênes (2-1). Un retour salvateur, puisqu’il a permis au Français de participer à la troisième victoire consécutive de son équipe, alors qu’il était absent des deux précédentes et aurait pu rapidement passer pour le porte-poisse maison. Maintenant qu’il a prouvé qu’il pouvait prendre part au renouveau de la Roma, son défi consiste à convaincre un technicien qui ne l’a pas désiré et qui ne partage pas sa culture footballistique. Ce qui passera en grande partie par ses prestations lors des huitièmes de finale de la Ligue des champions contre le Real Madrid.
Quatre minutes de Ligue des champions la saison passée
Lors de son départ pour l’Italie fin août, Lucas Digne ne s’en était pas caché. L’objectif était de retrouver un temps de jeu conséquent, et de participer activement à une campagne en Ligue des champions, ce que le PSG ne pouvait lui offrir à cause du niveau affiché par Maxwell (4 minutes de jeu en 2014-2015, contre 180 en 2013-2014 pour Digne). Dans la Cité éternelle, l’international français a rempli le premier critère haut la main avec 20 titularisations en Serie A et six de plus en C1. Reste à démontrer qu’il a le niveau pour briller lors des plus grandes affiches. Lors de la phase de poules, il a certes distribué deux passes décisives, dont une contre le FC Barcelone, mais il n’a vécu qu’une seule victoire et participé à la déconfiture romaine au Nou Camp, avec une correction 6-1. L’occasion de progresser en se frottant aux meilleurs, pourraient avancer les partisans du Français, car nombreux sont les défenseurs qui ont pris l’eau face à la MSN. Mais aussi le risque de montrer ses limites en comparaison à un Patrice Évra qui a à maintes reprises démontré ce que l’on attendait d’un latéral dans les matchs couperets de C1. À Digne de montrer dès ce mercredi qu’il a tiré les leçons du match de Barcelone, et de sortir une performance de haute volée contre la Maison Blanche.
Se mettre à l’abri pour l’Euro, se faire voir pour la saison prochaine
Cette double confrontation européenne lance le début d’une période charnière de la carrière de l’ex-Lillois pour le court et le moyen termes. En vue de l’Euro 2016, des prestations solides le placerait hors d’atteinte pour ses concurrents Layvin Kurzawa et Benoît Trémoulinas – la doublure d’Évra chez les Bleus en début de saison – qui n’auront pas l’opportunité de s’exprimer dans la plus importante compétition européenne, sauf en cas de blessure du Brésilien Maxwell pour le Parisien. Briller contre le Real Madrid aurait également le mérite de renforcer son crédit aux yeux de Luciano Spalletti et lui assurer de terminer tranquillement la saison sur le flanc gauche romain, son concurrent bosnien Zukanović restant malgré tout un défenseur central de métier et non un latéral. Mais surtout, à défaut de convaincre la Roma de lever son imposante option d’achat – entre 15 et 18 millions d’euros -, il pourrait inciter d’autres écuries de dimension européenne à l’extirper d’un PSG où visiblement son avenir n’est plus assuré, entre l’arrivée de Layvin Kurzawa et la prolongation chaque jour moins impossible de Maxwell. Briller contre le Real Madrid, ce sera donc le plus sûr moyen pour lui de préparer son avenir.
Par Nicolas Jucha