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Lucas Chevalier, les gants du Nord

Par Florent Caffery
7 minutes
Lucas Chevalier, les gants du Nord

Enrico Macias interprétait Les gens du Nord, les supporters lillois ont cette saison trouvé leurs gants du Nord. Débarqué au LOSC à 12 ans pour en devenir huit ans plus tard le portier indiscutable, Lucas Chevalier est un pur produit nordiste.

Des pétitions singulières, Internet en compte une myriade. Mais des pétitions qui font bouger les lignes, c’est plus rare. À 21 piges (il fête son anniversaire ce dimanche) et sept titularisations en Ligue 1, Lucas Chevalier ne s’attendait probablement pas à être au centre des revendications pour obtenir la mise en vente de son maillot dans les boutiques du LOSC. Courant octobre, après 1600 signatures électroniques et un battage médiatique, le marketing du club nordiste n’a d’autre choix que de commercialiser la tunique du portier. L’instant dit beaucoup de l’impact d’un gardien au printemps de sa carrière. « Le dernier gardien formé au LOSC, ça remonte à Bernard Lama, croit savoir Karim Boukrouh, entraîneur des gardiens lorsque Chevalier évoluait à Marck, près de Calais, et qui l’a ensuite amené avec lui à Luchin. Et encore, Lama était arrivé plus tardivement à Lille que Lucas.(Il y est arrivé à 12 ans, NDLR.) On comprend mieux ce que Lucas peut représenter. »

En foot à 8, il sautait dans tous les coins du but. C’était un acharné.

À trente minutes en voiture du domaine de Luchin, Georges Tournay fait la même analyse. Le responsable du pôle espoir de Liévin a eu le gardien entre les mains de 12 à 14 ans et a contribué à faire éclore au plus haut niveau « le premier gardien du centre depuis que j’y suis. Sortir un gardien, c’est très difficile. Il faut un véritable état d’esprit. Lucas a su être patient, travailler sa technique, sa coordination. Lors de sa deuxième année, son explosivité m’impressionnait. Il était monté sur ressorts. » Des ressorts qu’a bien connus le premier dirigeant à lui avoir fait signer une licence, à Coquelles, ville limitrophe de Calais. Michel Hardies n’a pas oublié l’époque où le môme était surnommé le « chimpanzé » par son coach d’alors. « En foot à 8, il sautait dans tous les coins du but. C’était un acharné. Avec son frère Rémi et un autre copain, ils venaient toujours s’entraîner sur le terrain sans me le demander. C’est le seul reproche que j’ai à lui faire. Il passait au-dessus des grillages et se faisait mitrailler dans les buts jusqu’à ce qu’il soit épuisé. Sauf qu’une fois, son frère s’est arraché le bras. » Une anecdote contée dans le détail par le papa des frangins casse-cou, Freddy Chevalier : « Il a fallu opérer Rémi qui était resté accroché au grillage. Avec Lucas, ils étaient intenables, sans arrêt sur le terrain, peu importe le temps. » Une volonté de fer mêlée à une ambition : réussir sur son territoire.

Un vadrouilleur du Nord

Si l’on zoome sur le CV de Chevalier, les quatre clubs qu’il a fréquentés (Coquelles, Marck, Lille, Valenciennes) se concentrent dans un rayon de 160 kilomètres. « La région, c’est fort pour lui, insiste son père. Le foot, ce n’est pas que du foot. Il aime Lille, il aime y vivre, il adore découvrir les bonnes bières de sa région. Tout comme il revient à Calais dès qu’il le peut. Tous les 15 jours, il passe une journée, pour aller flâner dans le centre-ville ou se balader sur la côte. Son attachement au coin est réel. C’est quelqu’un qui se donne toujours à 200%, et pouvoir le faire chez soi, c’est encore meilleur. »

Il revient à Calais dès qu’il le peut. Tous les 15 jours, il passe une journée, pour aller flâner dans le centre-ville ou se balader sur la côte. Son attachement au coin est réel.

Il a beau ne pas savoir où il évoluera dans quelques années, le Calaisien de naissance est en train de faire bâtir une maison près de chez ses parents, dans le Calaisis. « Nous avons acheté une propriété et fait une division parcellaire, déroule son père. Il a souhaité construire une maison qui devrait être finie d’ici deux à trois mois et que son frère va occuper. » À Coquelles, on l’a vu débouler au lendemain de sa première titularisation en Ligue 1, au Vélodrome, pour assister à un troisième tour de Coupe de France à Mons-en-Barœul. « Lucas est comme ça, il ne triche pas, apprécie Michel Hardies. En juin dernier, lors d’un tournoi, il est passé une heure au stade, il nous a offert son maillot de champion de France qui est désormais accroché dans le club house. C’est un gamin qui traversera toujours la route pour vous dire bonjour. Un bon gars du Nord, comme on dit. »

Le derby déclencheur

Mais ne lui parlez pas trop du Racing Club de Lens. Le principal intéressé jurait en début d’année qu’il n’y évoluerait jamais. Biberonné au LOSC de l’ère Bastos, puis au doublé coupe-championnat 2011, le Nordiste est un Dogue, un vrai.

Mieux, il a choisi le derby face aux Sang et Or début octobre pour être définitivement adoubé. « Le symbole était fort, abonde Karim Boukrouh.Les supporters se sentent proches de lui, comme ça a été le cas avec des mecs comme Cabaye ou Debuchy. »Un penalty arrêté, une parade pour sortir un ballon de la lucarne en seconde période, et l’affaire était pliée. Mike Maignan l’avait prévenu d’assurer ce soir-là, Chevalier a répondu en patron. Et amené un moment très fort à son père : « Je ne suis pas quelqu’un de très expressif, mais intérieurement, c’était quelque chose. J’accorde moins d’importance à l’extérieur, car tout est un peu artificiel, il faut prendre de la hauteur sur ça. Le principal pour ma femme et moi est de voir notre gamin heureux, qu’il soit bien dans ses baskets. À Lille, il l’est totalement. Il a une franchise et il parle avec le cœur, sur ses doutes, ses envies, ça fait tilt chez les supporters. Il est sincère. Il ne fait pas du foot pour faire du foot, il a besoin de partager ça, de donner du plaisir. » « Il faut quand même se rendre compte que les supporters mettaient la pression la saison dernière (quand Lucas était en prêt à Valenciennes, NDLR)pour qu’il soit titulaire, rappelle Georges Tournay. C’est rare. »

À Lens, on avait pas mal de jeunes issus du Calaisis comme Benjamin Bourigeaud. Il y avait Rémi son frère, je pensais que ça le ferait.

Et dire que si son père n’avait pas refusé la proposition des Sang et Or quand Chevalier avait 10 ans, l’histoire aurait pu être tout autre. Georges Tournay, alors au Racing, en parle encore comme une « grande frustration de ne pas l’avoir signé » sachant qu’à l’époque, « on avait pas mal de jeunes issus du Calaisis comme Benjamin Bourigeaud. Il y avait Rémi son frère qui était déjà à Lens, je pensais que ça le ferait ». Mais les parents de Lucas disent stop : « Il ne me semblait pas assez mature, avec ma femme on a refusé, rembobine Freddy Chevalier. Il l’a mal vécu, il n’a pas trop compris. Mais ce n’était pas encore le moment. » Lens et Sochaux continuent le pressing durant deux années, jusqu’à ce que le LOSC, « visionnaire », dixit Georges Tournay, rafle la mise. « C’était l’opportunité inespérée pour lui qui aimait tant ce club, jure le paternel.Karim Boukrouh l’y a amené et ensuite il a progressé de manière continue. » Et opté, au bon moment, par un dernier moyen de « se faire les dents », dixit Karim Boukrouh en filant dans le Hainaut à Valenciennes la saison dernière. « C’était un moyen de se jauger. J’avais croisé le préparateur physique de VA qui m’avait dit :« Heureusement qu’on l’a. »C’est un joueur hermétique à l’enjeu, il s’amuse sur le terrain, il est relâché. Il a conscience de la pression, mais ça le stimule. Ça lui arrivera de faire des erreurs comme à Monaco il y a quelques semaines parce qu’il continue à apprendre, mais à Valenciennes, il a contribué au maintien du club. » L’été dernier, tout est écrit pour son retour au LOSC, mais son père a une dernière appréhension : « Je voulais qu’il soit à nouveau prêté. Je voyais que Jardim ne partait pas et qu’il resterait numéro 1. C’était un risque pour Lucas de rester, je voulais un truc plus sûr pour lui. Mais sa volonté était d’aller chercher sa place de titulaire dans ce club, dans ce qu’il considère comme sa famille. Et le vent a fini par tourner en sa faveur. » Un vent de fraîcheur venu du Nord, tout simplement.

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