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Luca Toni le zébré
Ce ne sont pas ses plus belles années. Loin de là. Le temps des vingt buts par saison, des doublés en Coupe du monde est alors révolu. Mais comme partout où il est passé, Luca Toni va tout de même laisser sa trace à Turin.
« Après tant d’années passées à jouer au football, 22 en tant que professionnel, je pense qu’il est temps pour moi de dire au revoir. Nous avons connu une saison horrible. Mentalement, je pense que je suis à bout. Dimanche sera mon dernier match professionnel. Contre la Juve. » À 38 ans, la gorge nouée, Luca Toni ne sourit plus vraiment. Pas de main agitée autour de son oreille non plus. Luca est fatigué, lessivé. Cette dernière saison a eu raison de lui. Et il souhaite donc mettre un terme à sa carrière le soir de la 37e journée. Devant ses derniers supporters. Et face à la Juve. Un club dans lequel il n’a jamais vraiment fait son trou, mais pour lequel il a toujours eu beaucoup d’estime : « J’aurais aimé faire plus parce que je n’ai presque rien fait. J’y serais resté volontiers. »
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Luca Toni est un retardataire. Il l’a toujours été. Qu’importe son âge élevé, le temps qu’il lui faut pour s’adapter, il finit toujours par faire son trou. Et le Bayern, par l’intermédiaire de Karl-Heinz Rummenigge, peut en témoigner. Il lui a fallu quelques semaines, mais il a réussi à démontrer que l’attaquant italien pouvait bien s’exporter à l’étranger. Au moins un certain temps. Ça a duré presque trois ans au Bayern. Mais au cours de sa dernière saison, Luca est prêté à la Roma et est prié d’y rester : « Il n’a plus aucun avenir au Bayern, il faut être clair. Sa relation avec le club est rompue, et cela ne peut plus être réparé. C’est à lui et à son agent de trouver une solution en Italie. » Il trouve alors refuge au Genoa, très peu de temps, et puis à la Juve, qui n’a pas peur de recruter vieux. Encore moins quand c’est gratuit.
Alors Luca pose ses valises à Turin en plein hiver. Passé trente balais, on croit, à tort, que c’est le dernier grand défi de sa carrière. Mais non. Il a encore quelques belles années devant lui. Et il peut déjà commencer par amener son expérience et son respect à la Juve. Car après une longue période de doute, la Vieille Dame essaye de retrouver de la stabilité à moindre coût. Luca Toni semble être l’homme de la situation. Surtout qu’il ne risque pas d’y bousculer l’ordre établi : « Encore aujourd’hui, j’ai une excellente relation avec les sénateurs. » Seul problème : son corps. Et le 9 janvier, quand il entre sur le terrain, un premier avertissement arrive à son cerveau. Une douleur au genou. Il joue quand même le match suivant, en Coppa contre Catane, mais doit sortir blessé dès le quart d’heure de jeu. Les ligaments sont touchés. Il doit sortir, se reposer, se remettre en forme.
Historique
Cette convalescence dure un peu moins d’un mois. Sur les cinq qu’il passera au club, c’est déjà trop. Mais Luca n’est pas du genre à jeter l’éponge. Et le 5 février, contre Cagliari, il offre d’abord le break à Matri, avant d’entériner la victoire de la Juve. Et quel but ! Un coup de tronche en dehors de la surface sur un centre un peu trop mou de Barzagli. Une merveille, tout simplement. Surtout que c’est son 100e but en Serie A. Sourire, petit trot jusqu’aux tifosi, main agitée à côté de son oreille droite, tout y est. Luca Toni peut fêter ça dignement.
Car, sur ses quatorze apparitions, il n’en mettra qu’un seul autre. Une réalisation de renard contre le Genoa deux mois plus tard. Et puis plus rien. Enfin officiellement. Car il fallait bien qu’il laisse sa trace d’une manière ou d’une autre à Turin. Ce sera la manière officieuse pour lui. L’été 2011 coïncide avec l’inauguration du Juventus Stadium. Les dirigeants turinois choisissent alors d’organiser un match amical contre Notts Country FC, l’un des plus vieux clubs d’Angleterre, celui qui inspira le noir et le blanc de la Juve. Et devinez qui marque le premier but de l’histoire du stade ? Luca Toni, forcément. Le destin avait pourtant choisi Quagliarella, mais il a raté son penalty, et c’est finalement l’immense bomber qui viendra pousser ce ballon au fond des cages.
Exil
Le début d’une nouvelle histoire avec la Juve ? Pas du tout. Car l’été 2011 coïncide également avec l’arrivée d’Antonio Conte. Et tout ne se passera pas comme prévu pour Luca : « Il avait d’autres idées et j’ai changé d’air. C’est dommage parce que je n’ai même pas eu la possibilité de montrer ce que je pouvais faire. Mais ça arrive de ne pas plaire à un entraîneur. » À peine un an après être arrivé à Turin, Luca Toni est déjà reparti. Aux Émirats arabes unis, ce qui ressemble à un début de retraite. Mais comme toujours, Luca est partant pour un dernier tour. À la Fiorentina d’abord, puis au Hellas Vérone ensuite, où il a tout de même eu le loisir de devenir le plus vieux capocannoniere de l’histoire. Aujourd’hui, il dit vouloir tout arrêter le soir de la 37e journée, mais on n’est jamais sûr de rien avec Luca. Entre la Serie A et lui, ça a toujours été une histoire aussi tardive que sans fin.
Par Ugo Bocchi