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Luca Ginevrino : « En France, on me disait que j’étais trop petit »
Tout pour le foot. Luca Ginevrino, seize ans, a fait ses débuts avec Cassino Calcio 1924 en Serie D. Le milieu de terrain relayeur originaire de Seine-et-Marne avait rejoint le club italien à l'été 2019, repéré en vacances lors d'un tournoi dans le village de sa grand-mère. Entretien avec un espoir, qui n'aurait sûrement jamais eu sa chance dans son pays natal.
Comment tu t’es senti pour tes débuts avec l’équipe première de Cassino, en Serie D ?Ça m’a fait plaisir d’entrer sur ce match, car c’était une bonne équipe en face (Savoia est troisième de la poule G, Cassino est neuvième, NDLR), et l’issue du match n’était pas encore actée à 1-1. C’était beaucoup d’émotion, de joie et que du positif. J’ai essayé de donner le meilleur de moi-même sur les quelques minutes que j’ai eues, et j’étais très content sans être stressé. J’étais déjà parti m’échauffer pour entrer sur un match il y a trois semaines, mais j’étais resté sur le banc à cause du carton rouge d’un de mes coéquipiers. Il y a beaucoup de jeunes dans mon équipe, le président de Cassine compte sur nous. De toute façon, en Serie D, il doit y avoir au moins quatre titulaires de moins de 21 ans. Mais on a aussi beaucoup de joueurs d’expérience qui ont joué plus haut, comme notre capitaine Imperio Carcione (38 ans) dont j’apprends énormément.
Tu as signé avec Cassino en septembre 2019, mais le foot n’est pas encore ton quotidien à 100% ?La Serie D est semi-professionnelle. J’ai signé un contrat fédéral d’un an, et je vais au lycée en parallèle. Toute la semaine, j’ai cours de 8 à 13 heures. En ce moment, c’est en visio, car c’est fermé. Ensuite, je vais à l’entraînement de 14 à 17 heures.
Quel a été ton parcours dans le foot, jusqu’ici ?Je suis né à Lagny-sur-Marne en Seine-et-Marne, et j’ai commencé le foot dans mon village à Saint-Pathus. Puis, j’ai joué à Saint-Soupplets et à Meaux d’U10 à U15. Le plus haut niveau auquel j’ai joué en France est avec les U15, en R3.
C’est quoi, cette histoire de tournoi de vacances où tu t’es fait repérer ?Tous les étés, je venais en Italie dans le village de ma grand-mère paternelle à Cervaro. C’est un petit village où tout le monde se connaît, et chaque été, il y a un tournoi pour occuper les jeunes avec des équipes de tous les âges. Un jour, je devais avoir six ou sept ans, je faisais des jongles au milieu de la place du village. Le gars qui gère le tournoi est venu me voir, et m’a dit : « Pourquoi tu ne ferais pas le tournoi ? » Il en a discuté avec mon père, et j’ai pu intégrer une équipe, mais ce n’était pas dans un esprit compétitif. L’été de mes treize ans, à ce même tournoi, le directeur sportif de Cassine est venu parler avec mon père et ils ont gardé contact. Deux ans plus tard, en décembre 2018, je suis revenu en vacances, et mon père l’a contacté pour que je puisse m’entraîner avec le club. Je me suis entraîné deux semaines avec les U15 de Cassine, et j’ai signé avec eux en septembre 2019 pour d’abord intégrer les U16 élite.
Pourquoi avoir quitté la France ? Ce n’était pas trop dur de partir si jeune ?J’ai pris cette décision parce qu’en France, j’avais fait plein de tests dans des clubs pros. À Amiens, au Paris Saint-Germain… Mais à chaque fois, on me disait que j’étais trop petit, même si j’étais au-dessus techniquement. J’adore le foot, et j’essaye de suivre mon rêve de devenir professionnel. Au début, c’était forcément un peu difficile parce que je ne parlais pas du tout italien. Mais j’ai appris assez vite. C’était un peu dur de quitter mes amis, mais j’ai le temps pour les potes. Une carrière dans le foot n’est pas éternelle, donc j’ai préféré profiter de cette opportunité.
Tu vas bientôt intégrer l’équipe « Rappresentativa Serie D » , tu peux nous en dire plus?C’est un rassemblement des meilleurs joueurs amateurs, une équipe nationale composée des meilleurs jeunes de la division. On va participer à des matchs et à un tournoi avec des grosses équipes de jeunes, comme le Barça ou Dortmund.
D’ailleurs, on parle déjà de toi en Serie B et Serie A. Tu en as eu écho ?Oui, des équipes s’intéressent déjà à moi depuis l’année dernière. Il y a beaucoup de recruteurs, de Serie A et Serie B, qui viennent à nos matchs.
Quels sont les objectifs de ta carrière ?Aller le plus loin possible. Je sais que ça peut ne pas marcher. Mais si je me donne toutes les possibilités, je peux réussir. Il faut juste que je n’ai pas de regret. En tout cas, je veux atteindre le haut niveau.
Si tu devais déjà faire un choix pour une éventuelle carrière internationale, tu choisirais la France ou l’Italie ?Je jouerais pour l’Italie, ce serait pour moi comme un remerciement. En France, on m’a fermé toutes les portes, alors qu’on m’a laissé percer en Italie. J’ai d’ailleurs déjà pu obtenir la nationalité italienne.
Propos recueillis par Alexandre Delfau