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Löw abat la carte jeunes

Par Simon Butel
4 minutes
Löw abat la carte jeunes

C'est une Mannschaft considérablement rajeunie, et amputée pour la première fois de Thomas Müller, Mats Hummels et Jérôme Boateng qu'affrontera ce soir la Serbie en amical à Wolfsburg. La conséquence du ravalement de façade opéré dernièrement par Joachim Löw, désireux de donner le pouvoir à sa brillante jeunesse, emmenée par Joshua Kimmich, Leroy Sané ou Timo Werner. Trois noms en forme d'arbres, cachant une immense forêt de talents.

Neuf ans. Il faut remonter presque neuf ans en arrière pour retrouver trace, dans l’histoire, d’un Allemagne-Serbie. C’était le 18 juin 2010, à Port Elizabeth, en Afrique du Sud. Au Nelson Mandela Bay Stadium, la Serbie avait surpris des Allemands (0-1) réduits à dix après l’exclusion de Miroslav Klose. Un exploit que pas mal de monde a oublié, outre-Rhin comme ailleurs. L’Allemagne s’est tout de même qualifiée pour le second tour, atteignant, comme le veut la tradition du football allemand, le dernier carré, portée qu’elle était par quelques-unes de ses plus belles promesses, lancées dans le grand bain cet été-là. Leurs noms ? Manuel Neuer, Sami Khedira, Mesut Özil ou Thomas Müller. Leur héritage ? Oh, trois fois rien : des sélections à la pelle, un football érigé au rang de référence, des demi-finales en veux-tu en voilà, une quatrième couronne mondiale en 2014 et un fiasco, celui de juillet dernier, en Russie. Celui-là est encore trop chaud. Personne ne l’a oublié.

Changement d’ère

La campagne foirée de Ligue des nations, conclue par une relégation en Ligue B en fin d’année, a même plutôt eu tendance à remuer le couteau dans la plaie. Et à fragiliser davantage encore l’homme à la base de tous les succès précédemment évoqués, Joachim Löw. Miraculeusement maintenu à son poste par la Fédération allemande (DFB), « Jochi » le sait : il n’a plus de parachute. Alors, celui qui dirige la Nationalmannschaft a mis de côté les sentiments, et a lâché du lest pour enrayer sa chute. Atterrissage prévu ce mercredi soir à 20h45 à Wolfsburg, à la Volkswagen-Arena, pour un amical face à la Serbie destiné à préparer le déplacement aux Pays-Bas, dimanche en ouverture des qualifications à l’Euro 2020. Et de Port Elizabeth à la Basse-Saxe, c’est peu dire que le paysage a changé.

Quoi de plus normal, neuf ans après ? La sélection serbe elle-même n’a évidemment plus rien à voir avec ce qu’elle était en 2010. Sauf que pour le public allemand, les choses sont différentes : ce match est le premier que le Nationalelf va disputer depuis l’escale, le 5 mars, de son sélectionneur à Munich. Ce pour annoncer en personne à Thomas Müller, Jérôme Boateng (sur le banc au Mondial 2010) et Mats Hummels (appelé pour la première fois en 2010) la fin de leur aventure en équipe nationale, quelques mois après la mise à l’écart de Sami Khedira et le retrait de Mesut Özil. Müller, Hummels, Boateng. Trois types à peine trentenaires (Müller ne l’est même pas encore) et qui, ensemble, pèsent 246 apparitions sous le maillot blanc. Trois noms indissociables de la Mannschaft des années Löw, du sacre de 2014, mais aussi du crash russe de 2018.

La Talentfabrik à plein régime

Trois noms au panthéon du foot allemand, mais remplacés, sur les maillots numéro 5, 13 et 17, par ceux de trois bleus : Jonathan Tah (23 ans, 4 sélections), Lukas Klostermann (22 ans) et Niklas Stark (23 ans). Faut-il s’en offusquer ? Le 16 août 2006, à Sarajevo, soit un peu plus d’un mois après le coup de tête de Zizou et son départ en retraite, c’est bien avec le numéro 10 du double Z que Julien Faubert honorait sa première et dernière cape, face à la Bosnie. Plus que la forme – pourquoi les écarter définitivement et ne pas se contenter de ne pas les appeler ? –, c’est le fond qu’il convient de questionner. Réponse de Joachim Löw, hier en conférence de presse : « Nous sommes dans une nouvelle ère, face à un nouveau challenge.(…)Nous devons leur donner la chance de se développer, de prendre plus de responsabilités et, dans la difficulté, lorsqu’ils font des erreurs, leur offrir des solutions afin qu’ils aient de la confiance pour les prochains mois. »

Ils, ce sont donc Tah, taulier de la défense centrale du Bayer Leverkusen depuis 2015 déjà ; Klostermann, installé dans le couloir droit de la défense du RB Lepizig à la même époque ; Stark, apparu pour la première fois en Bundesliga à 17 ans avec Nuremberg (en 2012), et titulaire à ce niveau depuis 2015 avec le Hertha Berlin. Bref, des talents précoces, qu’il convient de faire grandir. Au même titre, derrière, que Niklas Süle (23 ans), qui n’a pas attendu Löw pour reléguer Hummels et Boateng au second plan au Bayern. Au même titre, aussi, que Leroy Sané, Timo Werner et Serge Gnabry, 45 sélections à eux trois et appelés, à 23 ans, à prendre de l’épaisseur pour composer la nouvelle et emballante ligne d’attaque allemande. Les folles promesses poussent aussi dans l’entrejeu : derrière Kimmich, Goretzka ou Brandt, dont le pied gauche suscite les convoitises des deux clubs de Madrid, elles ont désormais pour nom Maximilian Eggestein (22 ans, Werder), relayeur pisté par le PSG cet hiver, et surtout Kai Havertz, ultime frisson sorti du laboratoire du Bayer Leverkusen. À 19 ans, le garçon n’est autre que le joueur le plus décisif de la génération 1999 à l’échelle des cinq grands européens (16 buts et 15 passes décisives en 76 matchs de championnat). Le passé récent est encore douloureux ? L’avenir ne s’annonce pas moins radieux pour la Mannschaft. Un peu comme en 2010.

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