On t’avait quitté en 2013 quelques mois après ta retraite, tu étais alors « consultant-agent » pour un groupe de sport management en Angleterre. Tu faisais quoi exactement ?
J’étais un genre de conseiller pour les joueurs afin d’apporter mon expérience, car c’est un métier qui a beaucoup évolué ces dernières années. C’est de là que tout est parti d’ailleurs.
Tu n’avais pas pensé à prendre du repos et couper un peu avec le monde du foot ?
C’est vrai que l’idéal aurait été de prendre deux, trois mois de vacances avec ma famille, mais j’étais motivé dès le départ par ce nouveau projet. Et puis j’étais encore dans le bain, je connaissais du monde, cela aurait pu être plus compliqué de revenir après une coupure.
Comment a débuté l’aventure Axis Stars ?
Avec mon expérience de footballeur, puis de conseiller, je me suis rendu compte de certains problèmes récurrents. Au départ, il y a eu Axis Ten qui était un prestataire de services pour la gestion, les assurances, etc, mais on avait besoin d’un véhicule. D’où la création d’une plateforme qui permet de confiner joueurs, sponsors, clubs et fournisseurs.
Vous êtes deux actionnaires, Patrice Arnera et toi, mais combien de salariés ?
On bosse avec beaucoup de gens en freelance, des auto-entrepreneurs. On va ouvrir un bureau à Santa Monica, avec trois, quatre personnes. Idem pour l’Inde où on a des partenaires technologiques qui nous délivrent de la maintenance informatique.
Tu viens donc de créer ta start-up, à toi de faire de la promo. Nous t’écoutons.
Axis Stars est une plate-forme qui réunit deux outils. Il y a d’abord un réseau social qui permet de communiquer, mais aussi de filtrer les meilleures compagnies qui ont le rôle d’offrir des produits exclusifs ou de donner des conseils à l’élite du monde sportif. Cela peuvent être des banques, des assurances, des marques, des sponsors. On l’a combiné avec un outil pré-existant qui permet de gérer facilement les contrats et non de les négocier. Cela facilite la prise de décision avec notamment un système d’alertes aux membres pour leur rappeler les obligations à tenir selon les termes du contrat signé. C’est un réel assistant pour gérer une carrière, les sportifs peuvent aussi partager leurs impressions. Et puis tout se retrouve dans un téléphone, car c’est une application.
C’est payant ?
Les entreprises payent un abonnement d’à peu près 3000 pounds à l’année, mais elles ont aussi l’opportunité d’être mises en valeur à l’intérieur de cette plateforme moyennant une rémunération. C’est en revanche complètement gratuit pour les sportifs professionnels qui s’inscrivent avec un système de parrainage. Le seul moment où ils vont plus ou moins payer, c’est quand ils utiliseront la plateforme pour signer un contrat, mais c’est une option.
C’est aussi un bon moyen de faire le tri parmi les agents.
Cela devrait permettre de filtrer les agents opportunistes qui essayent de profiter de la fragilité de joueurs sous pression et qui sont moins « éduqués » qu’un PDG sur ces choses-là. Quand ces jeunes sportifs commettent des erreurs, c’est souvent par manque de temps et d’information. Des erreurs qui peuvent coûter cher à l’âge de 18 ans. Il ne s’agit pas de remplacer les agents, on n’a rien contre. D’ailleurs, Axis Stars leur est également destiné avec un tas d’informations à disposition pour les aider à mieux travailler.
En matière de stratégie, je me suis cassé le crane, car je ne veux pas que cet outil ternisse un métier en particulier.
Toi, quelles erreurs de management cela t’aurait permis d’éviter de faire ?
Il y en a eu beaucoup, car on est toujours sous pression quand on effectue ces choix. Avoir une panoplie de spécialistes à l’intérieur d’une plateforme aurait permis aux personnes qui m’ont conseillé d’avoir plus d’informations. Moi, j’avais investi dans un système de taxes qui m’a fait perdre beaucoup d’argent. Il a beau y avoir les grosses banques derrière, ainsi que la machine de la fiscalité anglaise ou française, il faut vérifier ce qu’on signe et faire attention à qui on parle. La présence de ces entreprises dans un réseau exclusif les oblige à travailler plus prudemment et faire attention à leur réputation.
Sur le site d’Axis Stars figure une statistique étonnante, 50% des sportifs de haut niveau font faillite au bout de 5 ans.
Cela veut dire qu’il y a un schéma récurrent et que pas grand-chose n’est fait pour faire baisser cette stat’. Il y a énormément de prévention à faire, et ça passe par la communication. On peut avoir la meilleure méthode, mais si on n’arrive pas à la transmettre, c’est inutile. Il fallait quelque chose de moderne, que les membres utilisent quotidiennement, donc les téléphones portables. On a trouvé un bon équilibre, il y a le côté ludique avec des offres exclusives, cela peut concerner les hôtels, les voitures, les montres, etc. Puis l’interactivité pour des organismes sportifs comme la FIFA qui ont besoin d’informer. Si on met une plateforme où il n’y a que le côté informatif, en général, les sportifs n’y vont pas.
Ce petit « écosystème » risque toutefois de renforcer l’image des sportifs qui vivent dans leur bulle.
Je suis d’accord, mais dans une deuxième phase, il y aura une passerelle avec un réseau social classique qui permettra d’interagir avec les fans. Toutefois, la priorité reste le côté éducatif, les échanges entre agents, sportifs, clubs, sponsors, fournisseurs et aussi la philanthropie.
Philanthropie ?
Oui, on reversera 10 % de nos revenus aux œuvres caritatives. Cela me tient vraiment à cœur, j’ai ce rêve de réunir tous ces sportifs de haut niveau. Imaginez-en 100 000 avec cette possibilité de générer de l’argent facilement, par exemple de 100 à 1000 € par membre. On pourrait reverser des sommes énormes ! Aujourd’hui, il n’y a pas de réseaux capables de faire ça. C’est pour cela que je compte aussi sur le soutien des fédérations sportives.
Tu t’es appuyé sur tes potes comme Tony Parker ou Didier Drogba pour faire de la promo, mais disons qu’Axis Stars s’adressent plus aux sportifs en rampe de lancement.
Tout à fait, ces personnages, ces légendes sont importantes, car elles permettent aux jeunes sportifs d’avoir des repères, et donc par répercussion de connaître les entreprises qui travaillent le mieux.
Quelle est ta stratégie pour le développer ?
Il y a un démarchage qui est opéré, et ce n’est pas simple. Le produit est complexe puisqu’il apporte des avantages différents selon que vous êtes un sportif, un club, un agent, une entreprise. La communication est donc ciblée, mais en même temps globale. Je voyage beaucoup, je m’implique énormément, les gens ont besoin de comprendre notre philosophie. Actuellement, il y a 100 sportifs et 100 entreprises, ça c’était pour la phase pilote, ceux qui arrivent en premier auront un spot particulier, car plus vite on nous fait confiance, meilleure relation on aura.
Du coup, tu es un manager formé sur le tas ?
Oui, je suis un peu autodidacte, mais c’est quelque chose qui me prend aux tripes. En matière de stratégie, je me suis cassé le crane, car je ne veux pas que cet outil ternisse un métier en particulier. Je veux être « pour » quelque chose et non « contre » . L’idée est vraiment de fournir les bons outils à cette industrie du sport afin de travailler dans un cadre éthique et idéal.
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