- C1
- 8es
- Barça-PSG (6-1)
Lose Bigger
Un million de fois plus riche, un million de fois plus puissant, un million de fois plus bling bling que quand il était marié à la défaite, le PSG perd aussi un million de fois plus fort. En s'offrant un crash complètement hors norme mercredi, Paris a prouvé que cette culture de la lose qui a toujours été l'un des attributs du club ne l'avait pas encore quitté.
Comment finit cette expression qui débute par « Chassez le naturel… » ? L’espace de trois semaines, toute la planète a cru que la mue du PSG était enfin terminée. En entaillant quatre fois le cuir de Barcelone, comme ces serpents qui se débarrassent de leur peau, Paris a fait croire qu’il avait définitivement laissé ses anciens habits de loser sur le bord de la route. Les défaites dégueulasses, les matchs gâchés contre plus petit que soi, les éliminations prématurées, tous ces oripeaux de perdant chronique qui collaient aux basques du PSG, c’en était fini. Il y a quinze ans, le PSG version Ronaldinho se faisait sortir en seizièmes de Coupe de l’UEFA par le Boavista Porto, après avoir gagné à l’aller. Il y a dix ans, les Parisiens version Pauleta étaient raccompagnés à la porte en huitièmes de cette même Coupe de l’UEFA, là aussi après l’avoir emporté au Parc à l’aller. Les dernières années du PSG pré-QSI avaient fait perdurer la blague, illustrée par les poings en savon de Landreau contre Kiev en 2010. Son antidote aux craquages, le PSG pensait l’avoir trouvé dans un petit émirat de deux millions et demi d’habitants, et le projet qatari avait posé ses valises, ses ambitions et ses slogans pour tout changer. Des « J’espère gagner la Ligue des champions en cinq ans » par ci, des « Dream Bigger » scotchés un peu partout par là, bref, l’artillerie lourde. Mais en mettant dix fois plus de moyens qu’auparavant, le PSG s’est surtout aperçu que ses défaites étaient dix fois plus retentissantes, surtout quand elles ont la gueule du 6-1 de mercredi soir. Et au soir du 8 mars 2017, plus que jamais, la lose semblait faire partie de l’ADN de ce club.
Le vernis
Mais grâce aux Qataris, cette lose s’était drapée de nouveaux habits, un peu plus colorés que ceux d’antan. Avant, les supporters furieux allaient chercher des noises aux joueurs au Camp des Loges. Aujourd’hui, ils les attendent au Bourget pour se faire rouler dessus par la berline de luxe de Motta. Il y a dix ans, la Porsche de Sylvain Armand finissait désossée sur le parking du centre d’entraînement comme si les gitans de Snatch étaient passés par là. Mercredi soir, la Ferrari de Marquinhos se faisait simplement rayer. Avant, à la fin d’une saison nulle, le président Francis Graille était remplacé par Pierre Blayau, ancien chef de la SNCF. En 2017, si Nasser devait emprunter la sortie des artistes, il serait peut-être remplacé par Nicolas Sarkozy, ancien chef de l’État. Le PSG s’est donc offert un nouveau standing, mais même en le couvrant d’un joli vernis rouge bien brillant, un ongle crasseux reste crasseux. Paris gagne 3-1 à l’aller contre Chelsea, et se fait sortir par Demba Ba au retour. Paris a une occasion en or de passer contre City, et sort le 3-5-2 au retour. Depuis qu’il se veut surpuissant, le PSG est plus haï, surtout en France où il réveille à fond les rivalités Paris/province en incarnant l’arrogance censée être propre à la capitale. Paris est moqué à chaque défaite, alors, forcément, après une chute du trentième étage comme celle du Camp Nou, il y a du monde en bas de l’immeuble pour profiter du spectacle. Eux, ce sont tous ceux qui savent que, riche ou pauvre, Paris sera toujours Paris, et que seul ce club peut offrir des moments de gêne aussi puissants. Chassez le PSG, il revient au galop.
Par Alexandre Doskov