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Los Angeles galactique !
La saison 2012 de Major League Soccer s’est achevée le week-end dernier sur le deuxième sacre consécutif de Los Angeles Galaxy. L’occasion de faire le point sur les faits marquants qui ont jalonné l’année : les perfs inutiles de Thierry Henry avec des Red Bulls maudits, la belle entrée en matière de l’Impact, le record de Wondolowski…
Vu d’Europe, on ne peut s’empêcher de penser que le système à l’américaine de play-offs est quand même bien injuste. Parce que voir le Galaxy de Los Angeles conserver son titre ce week-end en finale face au Dynamo de Houston (3-1), c’est bien sympa mais quand même à peine mérité… Souvent moyens lors de la saison régulière, parfois médiocres, Beckham et les siens ont gagné à l’expérience, en réussissant à hausser leur niveau de jeu lors des derniers matchs à élimination directe. À l’image de Robbie Keane, décisif en play-offs avec 6 buts à son actif. Tant pis si l’équipe est apparue moins équilibrée que la saison dernière, avec une défense trop friable compensée par un impressionnant potentiel offensif, seule la victoire est belle. Et elle a le mérite d’offrir à David Beckham un joli happy-end. Après ce nouveau titre, Landon Donovan aurait aussi évoqué une certaine usure mentale, alors qu’il est seulement âgé de 30 ans… Bref, ça pue la fin de cycle au Galaxy, qui va devoir bâtir un nouveau groupe autour d’une autre star que Beckham. Kaká et Lampard sont des pistes évoquées.
Wondolowski, la tardive éclosion
Sur l’ensemble de cette saison 2012 de MLS, deux équipes auraient plus mérité les honneurs que Los Angeles. Les voisins californiens des Earthquakes de San Jose tout d’abord, qui ont eu la mauvaise idée de perdre le match décisif face au Galaxy en demi-finale de conférence. Avant ce cruel dénouement, ce fut quasi parfait pour le petit outsider, auteur d’une année remarquable et récompensé du Supporters’ Shield, le trophée qui revient à la meilleure franchise de saison régulière. « L’équipe était déjà bonne dans les airs l’an dernier et a été bâtie pour exploiter cette force en insistant sur le jeu par les flancs, les phases arrêtées et la présence dans le petit rectangle » , constate Matthias Van Halst, journaliste local. Les Earthquakes doivent aussi beaucoup aux performances de leur attaquant Chris Wondolowski, élu logiquement MVP, et qui a égalisé le record du nombre de buts inscrits sur une seule saison qui était jusqu’à présent détenu par le seul Roy Lassiter en 1996, avec 27 buts. A 29 ans, Chris Wondolowski est une révélation tardive, qui n’a déjà plus de temps à perdre s’il veut faire fructifier sa belle saison avec un départ pour l’Europe. Hanovre s’était déjà montré intéressé il y a quelques semaines par son profil. Le mercato sera le juge de paix…
Henry, la gloire personnelle, la peine collective
L’autre franchise à avoir bien cartonné cette saison est le Sporting Kansas City. En tête de la Conférence Est, elle a manqué sa demi-finale de play-offs face au Dynamo de Houston, se faisant prématurément éliminer. Il faut néanmoins retenir que c’est une équipe en progression constante depuis quelque temps, avec la défense la plus hermétique de la Ligue. Le Français Aurélien Collin figure d’ailleurs en compagnie de ses coéquipiers, le stoppeur Matt Besler et le portier Jimmy Nielsen, dans l’équipe type de la saison. Thierry Henry aussi figure dans ce 11 majeur, en récompense de ses 15 buts et 12 passes réussies dans la saison, incontestablement sa plus belle depuis qu’il est arrivé en MLS. Malheureusement pour lui, ça coince toujours sur le plan collectif, avec des Red Bulls de New York décevants, qui se sont fait sortir d’entrée lors des play-offs face à DC United. Les éternels favoris qui ne gagnent jamais rien ont été fidèles à leur légende, avec des performances plombées notamment par de récurrents problèmes défensifs que Rafael Márquez n’est pas parvenu à résoudre. À New York comme à Los Angeles, il devrait y avoir pas mal de changements à l’intersaison, avec l’arrivée d’un nouvel entraîneur et la prise en main de la franchise par le duo français constitué de Jérôme de Bontin et de Gérard Houllier. L’ancien Lyonnais Juninho est annoncé avec insistance.
Mais aussi…
– Pour leur première saison en MLS, les Québécois de l’Impact de Montréal ne sont certes pas parvenus à se hisser jusqu’en play-offs, mais ils ont affiché de belles promesses, avec un des meilleurs milieux de terrain de la Ligue, constitué notamment du local Patrice Bernier et de la révélation Felipe Martins. Le Français Hassoun Camara a aussi su tirer son épingle du jeu en défense, malgré une forte concurrence. L’Impact est également parvenu à créer le buzz avec un séduisant recrutement d’ex-internationaux italiens, dont certains prestigieux : Ferrari, Nesta, Corradi et Di Vaio. L’italianisation de la franchise pourrait se poursuivre la saison prochaine, avec l’arrivée possible au poste d’entraîneur d’Enzo Concina, actuel adjoint de Walter Mazzari à Naples.
– Du côté des joueurs français, outre ceux déjà cités, il faut signaler la très belle surprise Saër Sène, auteur d’une première saison convaincante avec le New England Revolution, avant de se blesser sérieusement en septembre. C’est pas mal aussi pour le jeune Antoine Hoppenot de Philadelphie, pur produit de la formation universitaire américaine. Déception en revanche pour Sébastien Le Toux, brinqueballé de Philadelphie à New York en passant par Vancouver, et pour Éric Hassli, transféré en cours de saison à Toronto, l’une des pires équipes de la Ligue.
– Concernant les stars ayant le statut de joueur désigné, mention bien pour l’ex-international allemand Arne Friedrich, qui a bien stabilisé la défense de Chicago. C’est nettement plus décevant en revanche pour les Écossais Kris Boyd et Kenny Miller, qui n’ont pas franchement convaincu, respectivement à Portland et Vancouver. – D’un point de vue global, notons enfin des affluences en hausse de 15 % sur les trois dernières années et pas mal de motifs d’espoir quant au développement du soccer outre-Atlantique dans les années à venir. « La MLS évolue dans le bon sens et à pas de géants, confirme Matthias Van Halst. Le règlement du joueur désigné, les nouveaux stades faits pour le foot, l’accent mis sur la formation des jeunes, la professionnalisation des arbitres ou encore la très bonne politique de communication expliquent un gain croissant de popularité chez les amateurs de football en Amérique du Nord. »
Par Régis Delanoë