- Ligue 1
- J34
- Lorient-Clermont (5-0)
Lorient : chaos debout
Au terme d’une soirée aussi chaotique que sa saison, le FC Lorient a touché le miracle du bout des doigts, en revenant à égalité parfaite avec le FC Metz au classement. Mais n’a pu éviter la chute en Ligue 2, quatre ans après s’en être extirpé.
S’il y a une ville en France où la virée à Cannes de Kylian Mbappé ne fait pas polémique ce lundi matin, c’est bien à Metz, où l’on est bien heureux d’avoir vu le capitaine du PSG préférer le rouge du tapis du festival au grenat de Saint-Symphorien. Car battus 2 à 0 seulement par le PSG sur leur pelouse, les Messins auraient été relégués avec un but encaissé de plus dans leur besace. Or, le FC Metz a rapidement stoppé l’hémorragie pour s’accrocher à sa place de barragiste, pendant que Lorient touchait du doigt le miracle de s’y inviter, sur le gong, en éparpillant dans une soirée chaotique Clermont (5-0). Il en manque donc un pour effacer la différence de buts défavorable (+7 pour Metz) et pour éviter d’être partagée au nombre de buts marqués à l’extérieur dans les confrontations directes (Metz a gagné 3-2 en Bretagne, Lorient 2-1 en Lorraine).
Des Merlus chassés
Pour cette mission périlleuse, les Merlus ont en plus dû composer avec un contexte hostile, avec les ultras locaux qui attendaient de pied ferme l’arrivée des joueurs sur le tapis orange pour leur faire part de leur colère, à l’issue de cette saison catastrophique. Cette situation a poussé le club à ruser, en laissant en place le tapis habituel, pendant que les joueurs entraient au Moustoir par une porte plus discrète, histoire d’éviter la foule.
Remontés contre leurs joueurs, leur staff et leurs dirigeants, les supporters lorientais avaient de toute façon décrété une grève de quinze minutes, en début de rencontre. En bas de leur bloc déserté, on pouvait lire : « Tribune vide, à l’image de la saison. » La première banderole d’une longue série, ponctuée de fumigènes, avec des messages plus ou moins ciblés : « L’heure des comptes a sonné », « Le Bris, tu as voulu les pleins pouvoirs, tu as échoué, assume et démissionne ». Le tout au milieu d’une déclaration d’amour pour Laurent Abergel qui, d’ailleurs, a ouvert le score une fois les ultras revenus à leur place. Le début de l’euphorie lorientaise, alors que l’impossible devenait peu à peu envisageable.
Manita, CRS et exfiltration
Clermont avait la possibilité de quitter la Ligue 1 la tête haute, puisqu’en croquant les Merlus, les Auvergnats leur auraient par la même occasion offert leur dernière place de Ligue 1. Mais, heureusement pour Lorient, les Clermontois se sont révélés bien moins véhéments que les supporters locaux. Tant et si bien que le miracle lorientais a bien failli se produire : 3-0 à l’heure de jeu, puis 5-0 au coup de sifflet final. Une manita conjuguée à la défaite 2-0 de Metz sur sa pelouse, « le miracle n’est pas passé loin », pour reprendre les mots de Loïc Féry. « C’est très dur et cruel que ça se termine comme ça, mais ce n’est pas ce soir qu’on aura les plus grands regrets, que le maintien s’est joué », a tempéré le président lorientais, abattu par cet « échec monumental ».
Pendant ce temps, les supporters lorientais les plus véhéments, empêchés d’entrer sur la pelouse par un cordon de CRS au coup de sifflet final, tentaient de se frayer un chemin jusqu’au vestiaire par la tribune VIP, avant de se résigner à attendre les joueurs à la sortie du stade pour en siffler beaucoup, et en applaudir quelques-uns. Exfiltré dans la nuit par la pelouse et une porte dérobée, Régis Le Bris n’a pas eu cet honneur. Pas sûr qu’il ait une séance de rattrapage, ceci dit, car même s’il refuse « de déserter », son président n’a pas confirmé sa présence la saison prochaine en Ligue 2 pour la reconstruction du champ de ruines lorientais.
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