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Lorient : mission Pélissier accomplie
Christophe Pélissier a réussi en une dizaine de mois ce sur quoi Mickaël Landreau s'était cassé les dents pendant deux ans : la mission remontée du FC Lorient. Un fait d'armes de plus à ajouter à la magnifique success story du technicien de 54 ans, qui ne semble vivre que pour les ascensions footballistiques.
Et s’il savait ? Et si ce bambin innocent en train de faire l’avion sur la rive du port de pêche de Keroman après avoir découvert le nouvel entraîneur de son club avait juste compris avant tout le monde que cette année serait la bonne ? Tout ceci avait beau être une magnifique fiction offerte par un service communication inspiré, tout prend sens aujourd’hui. Ce 29 mai 2019, au moment où Christophe Pélissier et sa coupe en brosse prenaient leurs quartiers dans la cité portuaire, les supporters d’Amiens savaient eux aussi très bien, dans l’histoire, qui était gagnant et qui ne l’était pas.
C’est officiel ! ?⚓️ pic.twitter.com/pXmgFp3Hp4
— FC LORIENT ? (@FCLorient) May 29, 2019
Il n’a pas fallu plus de onze mois pour valider les hypothèses de chacun : dans l’ascenseur vers l’élite qu’il empruntera avec sa nouvelle écurie lorientaise championne de deuxième division, le Haut-Garonnais croisera l’équipe qu’il avait quittée un an plus tôt après avoir reçu une « proposition inacceptable » de la part de la direction, équipe qui n’aura pas su se maintenir sans lui.
Sept montées au compteur
À l’arrivée de Pélissier, Loïc Féry avait loué « son sens de l’effort et son savoir-faire pour mener collectivement les hommes au combat ». Le président, dont la patience vis-à-vis de Mickaël Landreau avait atteint ses limites après deux exercices décevants, avait visiblement bien cerné le personnage. Il faut dire que sa réputation n’était plus à faire. Parti d’en bas avec rien à mettre en avant sur le CV, le bonhomme a pris pour habitude de réaliser des petits miracles partout où il passe avec des équipes qui n’ont souvent rien à faire là. Alors quand on lui donne en plus des moyens et des ambitions pour mettre en pratique sa rigueur et sa science du jeu, ça donne quelque chose de costaud. « Ici, le groupe, sur le plan humain, est le meilleur que j’ai pu coacher, lâchait-il à la mi-octobre. Il y a de la réflexion. »
Cette première place de Ligue 2 ne représente sans doute pas le plus beau tour de force de sa carrière. Mais c’était assurément la mission où il était le plus attendu, dans un club qui n’avait pas vraiment l’intention de trop se familiariser avec l’antichambre. Le challenge que représentait cette signature dans une équipe un cran plus bas était audacieux, et gonfle un peu plus le bilan de morfal de Pélissier : voilà une septième montée pour lui après celles réalisées avec Revel (son fief), Luzenac (celle de 2014 étant comptabilisée) et Amiens, la quatrième en six ans et la deuxième de Ligue 2 à Ligue 1. Même si, il est vrai, celle-ci n’aura pas le panache qu’avait dégagé le séisme amiénois provoqué par la patte droite d’Emmanuel Bourgaud.
L’héritier
En attendant, le pied de nez au destin est superbe : en stoppant la machine après 28 journées, le FCL n’a cette fois pas eu l’occasion de s’écrouler dans le money time, comme il en avait pris l’habitude ces deux dernières années. La folle série de quatre défaites mangées sur les cinq dernières parties précédant l’arrêt de la saison est la preuve que rien n’était encore joué. Mais la réussite, qui avait fui Lorient lors du barrage couperet face à l’ESTAC il y a trois ans, a cette fois-ci changé de camp. Sans avoir fait de folie au mercato, le technicien a posé sa patte sur un effectif et la formation bretonne a su prendre le bon wagon.
Grâce notamment à un départ canon jusqu’à fin septembre, les Merlus ont pu traverser deux périodes de creux sans jamais perdre de vue les deux premières places (dedans 27 fois sur 28), pour tout de même s’offrir le titre malgré huit revers. Une saison qui aura notamment vu l’éclosion du talent nouveau Enzo Le Fée (20 ans) dans l’entrejeu et le récital offensif de Yoane Wissa, qui vient de réaliser le meilleur exercice de sa jeune carrière (15 pions) en prenant un peu contre toute attente le leadership de l’attaque. Même s’il a aujourd’hui d’autres chats à fouetter, Christian Gourcuff peut donc être ému : il n’est plus le seul homme à avoir un jour hissé le FC Lorient en Ligue 1.
Par Jérémie Baron
Propos de CP tirés du Télégramme