Lorient, le mystère de l’Ouest
Un effectif complètement bouleversé, un changement de président, une victoire à Lille... Mine de rien, Merlus sont les vrais agitateurs de l'été en France. Décryptage d'un club dont on parle peu et qui fait sa mue, dans son coin.
Fi des folies marseillaises ou lyonnaises ! La place chaude du mercato français, c’est Lorient. Oui, Lorient ! C’est que le club morbihannais a été dévalisé. Lisez plutôt :
Ciani à Bordeaux, Abriel à Marseille et Jallet à Paris, il y en a eu pour lestrois coins de la France. Et pas seulement, Saïfi est parti au Qatar, Namouchi
en Turquie et Marin en Suisse. Un vrai pillage en règle. Rajoutez à cela lesdéparts de Morel et Mansouri, la fin des prêts d’Obertan et
Calvé, et la non-prolongation de Le Pen et Bertrand Robert… SeulGameiro reste au port.
Un recrutement discret mais réfléchi
Pour autant, Christian Gourcuff n’est pas plus inquiet que ça. La plupart des
départs étaient programmés. Un mal pour un bien, presque. Comme il dit : « Des
joueurs qui n’ont plus la tête à Lorient, je n’en veux pas. Un gars commeFabrice [Abriel], depuis 1 an, il est dans une logique de départ. Au niveau
sportif, ça ne donne pas le même rendement. Et ça, ça nous a plombé la saisondernière » . Puis, les Merlus ont su compenser progressivement cette saignée
estivale. Rayon arrivées, on trouve de tout : des valeurs sûres de L2 (avec Fanchone et Baca), l’espoir qui a tout à prouver(Mvuemba), la véritable étoile montante
(Koscielny), la touche salsa(Penalba) et l’expérience (Monterrubio).
Un groupe comme l’aime le Père Gourcuff, finalement. Sérieux et appliqué. Pas
forcément glamour, mais motivé et audacieux. D’ailleurs ça paye d’emblée.Tranquillement les Lorientais ont croqué du Lillois, dimanche, 1-2. Un peu
malmenés au début, les bretons ont pu compter sur le taulier du Moustoir,l’indécrottable Audard au but. Après, c’est l’ami Monterrubio qui fait
le match : 2 passes décisives et…une belle tête plongeante dans ses filets.Certes. Quand même, ça attend pas la Saint-Sylvestre pour s’adapter ces
bêtes-là. Malin encore une fois le Gourcuff sur ce coup.
Un nouveau président
Le mec a quand même formé Gignac, lancé Baky Koné et
engendré Yoann. A Lorient, il est de toutefaçon le doyen vénéré. Et depuis lundi soir, il fait encore un peu plus figure
de dernier des mohicans puisqu’Alain Le Roch, président du club pendant 8 ans,est parti. Son remplaçant ? Loïc Féry, 35 ans, trader qui a fait son blé sur
le dos de la bourse. Gentleman lisse et poli, chemise-costard décontracté,discours serein et maîtrisé, souriant. Le gendre parfait. Reluisant, quoi. Un
peu trop peut-être.
Peu importe, le bonhomme a cerné l’enjeu de Lorient : « Convaincre Gourcuff, à
qui il reste un an de contrat, de rester avec nous » . Et le nouvel actionnairemajoritaire sait y faire. Son premier grand projet – « faire une Piverdière à
Lorient » – a tout pour séduire l’entraîneur breton, qui demande depuis longtempsdes infrastructures dignes d’un club de Ligue 1. « Le centre d’entraînement, c’est la manifestation d’une identité. Ce doit être un lieu de vie, qui permet de fédérer les ambitions » insiste le coach.
Bref, le nouveau président apporte un nouveau souffle pour redynamiser Lorient.
Ce qui ne devrait pas déplaire à Gourcuff, pas totalement en confiance avecl’ancien boss. Alors, profonde révolution ou simple
évolution ? Encore une fois, c’est Christian qui a le dernier mot : « L’avenir
le dira. Il est nécessaire de faire évoluer Lorient, sans pour autant tourner ledos à son histoire. La richesse de ce club, c’est l’attachement à certaines
valeurs. Le risque d’une révolution serait de les détruire. Il n’y a qu’à voirNantes… » .
Par
