- Ligue 1
- J38
- Lorient-Bordeaux (1-1)
Lorient et la bataille de Troyes
Incapable de battre Bordeaux, Lorient devra jouer le barrage contre Troyes, troisième de Ligue 2, pour sauver sa place en Ligue 1. Un double match de la peur en perspective pour une équipe qui, il y a trois ans, sous Christian Gourcuff, vivait des saisons sereines en milieu de tableau.
Chance ou malchance ? De finir 18e l’année où le barrage est réinstauré, après un quart de siècle d’abstinence, c’est sûrement un petit signe. Loïc Ferry devrait tout du moins le voir comme cela pour ne pas sombrer dans la sinistrose. Une frappe surpuissante de Le Goff l’a maintenu dans l’espoir, avant qu’un autre but, au Parc des Princes celui-là, ne lui remette l’épée de Damoclès au-dessus de la tête. Car le président lorientais le sait plus que n’importe qui d’autre : le barrage qui se profile face à Troyes, troisième malheureux de Ligue 2, sera vital pour les Merlus. Sportivement bien sûr, mais économiquement surtout, le projet de Lorient – la valorisation par le jeu de bonnes pioches dans le recrutement – marchant forcément beaucoup moins bien en Ligue 2 que dans l’élite. Et puisqu’il faut un coupable, en se retournant sur cette saison gâtée dans les grandes largeurs, qui faut-il jeter à la mer ? Féry ? Casoni ? Cabot ? Non, pas Jimmy quand même…
L’héritage de Gourcuff consommé
Les hommes de Bernard Casoni pourront en vouloir un peu à la chance – une frappe sur le poteau de Cabot – et surtout beaucoup à eux-mêmes. Ils avaient la possibilité de se mettre à l’abri avec une victoire, ils n’ont arraché qu’un nul poussif. À l’image de leur saison : foirée dans son entame, rattrapée vaille que vaille sur la fin, mais sans souffle dans le money time. Peut-être la fin d’une époque au Moustoir, celle d’une période post Christian Gourcuff qui aura vu l’héritage du plus grand technicien de l’histoire du club s’éroder en trois saisons. Comme la durée d’une histoire d’amour selon Frédéric Beigbeder, à la différence près que Lorient n’était plus en lune de miel, mais bien en tentative de réinvention depuis l’été 2014. Loïc Féry avait beau rassurer son monde depuis ses appartements londoniens, les résultats ont commencé à décliner, et Bernard Casoni a fini d’achever l’idéal « beau jeu » imposé par Gourcuff avant la fin de l’hiver. La déclaration d’intention n’a pas suffi à sauver les Merlus. Qui ne sont pas encore morts, mais vont devoir sauver leurs écailles sur deux matchs contre Troyes. Entre l’équipe qui n’a pas su forcer son destin contre Bordeaux et celle qui a su revenir de l’enfer à Sochaux la veille, difficile d’établir un pronostic, voire un favori. Pendant une semaine, le destin des Merlus ne va donc tenir qu’à un fil. De pêche, bien sûr.
Par Nicolas Jucha