- Euro 2012
- Groupe B
- Allemagne/Pays Bas
L’option Dirk Kuyt
Joueur le plus sous-estimé parmi les attaquants hollandais présents à l’Euro, Dirk Kuyt est aussi le moins élégant. Un homme de l’ombre, vrai besogneux, qui pourrait toutefois faire un bien fou à une équipe gangrénée par les problèmes d’ego. Si Bert van Marwijk se décide enfin à l’aligner dans son onze de départ…
Dirk Kuyt, Klaas-Jan Huntelaar, Rafael van der Vaart. Un trident offensif qui a de la gueule et qui ferait les beaux jours d’une bonne majorité des équipes engagées à l’Euro. Manque de bol pour eux, les trois hommes sont hollandais et devraient donc passer le plus clair de leur temps sur les bancs de touche ukraino-polonais. « Je suis très déçu, mais les remplaçants comme moi, Klaas-Jan Huntelaar ou Rafael van der Vaart, nous devons mettre notre orgueil de côté, glisse Kuyt. L’important, c’est l’équipe. Et même les remplaçants devront tout faire pour atteindre notre but : remporter le tournoi. » Le prix à payer lorsqu’on est né au pays des attaquants racés. Ou presque.
Car le nouveau joueur de Fenerbahçe fait figure d’intrus au milieu de l’escouade offensive Oranje. Tout droit sorti d’une rediffusion d’ESPN avec ses bouclettes collées au visage, le crochet comme seule technique de dribble et surtout sa corpulence loin des 3000 abdos journaliers de Cristiano Ronaldo, Dirk Kuyt dénote. Mais n’en reste pas moins une arme dont Bert van Marwijk pourrait bien ne plus se passer, à l’heure où son équipe est déjà dos au mur après la défaite contre le Danemark (1-0).
« Mes concurrents en attaque ? Le top mondial absolu »
Humble et toujours au service du collectif, Dirk Kuyt est en effet l’antithèse de ses coéquipiers individualistes style Robben ou Van Persie. Un mec capable d’évoluer quasiment à tous les postes offensifs sans jamais rechigner, voire même de remplacer un arrière-droit, comme face aux Danois ! Et surtout avec un rendement toujours satisfaisant. Mais c’est aussi un mec besogneux qui ne fait pas rêver les foules. Pourtant, sur ces dernières années, Kuyt est sans doute l’un des joueurs les plus réguliers sur le Vieux Continent.
Depuis son arrivée à Liverpool en 2006, il a claqué régulièrement une douzaine de buts par saison. Façonné par Rafael Benítez, qui l’a « transformé » en milieu droit malgré son passé d’avant-centre sérial-buteur au Feyenoord (3 saisons d’affilée à au moins 20 buts), le joueur de 31 ans ferait sans doute beaucoup de bien à des Oranje en manque de travailleurs. « J’accepte toutefois ce rôle de remplaçant, avoue-t-il.Je suis conscient que mes concurrents en attaque, c’est le top mondial absolu. »
Amy Winehouse plutôt que Phil Collins
En plus d’être bon sur le terrain, le finaliste de la dernière Coupe du monde était aussi très apprécié du vestiaire des Reds. Surtout depuis qu’il en était devenu le DJ attitré. Et comme un vrai Scouser, pas de traces de David Guetta ou de Kid Cudi dans son iPod ! Plutôt du Amy Winehouse, The Killers ou Kings of Leon, avant de laisser sa place pour le chant mythique d’Anfield. « Dès qu’on rentre de l’échauffement, je laisse le soin au kiné de nous mettre une seule chanson : You’ll never walk alone. On se sent tellement unis quand on entend ça » , confiait-il avant son départ pour la Turquie. Et même s’il ne passait pas de Phil Collins, Steven Gerrard le jugeait trop important pour lui fracturer la mâchoire. Sans doute le signe ultime de reconnaissance.
Par Alexandre Alain