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Lopetegui, la chute libre

Par Antoine Donnarieix
4 minutes
Lopetegui, la chute libre

Un temps à la tête de l’une des sélections favorites pour remporter la Coupe du monde, Julen Lopetegui est désormais dans une spirale infernale au Real Madrid. Déjà raillé par toute l’Espagne, l’entraîneur des Blancos s’est mis à dos le dernier public acquis à sa cause. La porte de sortie apparaît grande ouverte...

Il y a des jours plus difficiles que d’autres dans la vie des footballeurs. En ce 1er juillet 2018, la tête de Koke Resurección ne constitue clairement pas la plus belle que le natif de Vallecas ait montrée depuis ses premières foulées sur une pelouse. Fautif durant une séance de tirs au but haletante contre la Russie à Moscou, le milieu de terrain madrilène voit l’Espagne tomber dans le guet-apens d’une grosse ambiance locale pour sortir du Mondial dès les huitièmes de finale (1-1, 4-3 tab). En zone mixte, la pilule est forcément dure à avaler. «   C’est un jour difficile, pas seulement pour moi, mais pour tous les Espagnols, avoue Koke. Nous n’espérions pas cela. Avec Lopetegui, notre leader est parti. Hierro a fait du mieux qu’il a pu, nous avons tous cherché à répondre à cela de la meilleure manière possible. » La meilleure manière de faire sans Lopetegui était donc de figurer parmi le top 16 mondial et d’offrir une toute petite révérence aux anciens champions du monde Gerard Piqué, David Silva et Andrés Iniesta. Un fiasco grandeur nature dans lequel l’ancien commandant de la Selección possède sa part de responsabilité.

Profil bas, pleurs et réalité

Si les mots du métronome de l’Atlético de Madrid sont aussi crus dès l’officialisation de la sortie de route espagnole, cela relève avant tout de la logique : trois jours avant le début du Mondial, le compte Twitter du Real Madrid annonçait une prise de fonctions effective de Julen Lopetegui au poste d’entraîneur dès la fin du tournoi international. Le déclenchement d’une énorme colère pour Luis Rubiales, président de la Fédération espagnole, qui aura besoin de moins de vingt-quatre heures pour remettre l’église au milieu du village : Lopetegui se retrouve d’abord mis à pied, puis prié de faire ses bagages. Trois semaines plus tard, Sergio Ramos, défenseur de son futur coach au Real, reste catégorique. « Aujourd’hui, nous sommes encore plus fiers d’être espagnols, car nous avons donné notre âme sur le terrain, expliquait le capitaine après la déconvenue russe. Sortir d’un Mondial est toujours douloureux, mais nous sortons la tête haute, nous reviendrons. »

La tête dans le guidon, Ramos ne prend pas la réelle mesure de l’état psychologique de son ancien sélectionneur devenu entraîneur. Lopetegui est perçu comme un traître à l’échelle nationale, et les acerbes critiques touchent l’homme dans son propre honneur. Un jour seulement après son éviction de l’équipe nationale, Lopetegui se confesse en sanglots lors de sa présentation au club, à Valdebebas : « Hier, j’ai vécu le jour le plus triste de ma vie depuis le décès de ma mère… Mais aujourd’hui, c’est le plus beau jour de ma vie. » Débarqué à Madrid avec le cœur lourd, Lopetegui gardait dans un coin de sa tête ce rêve d’entraîner un jour le club où cet ancien gardien de but avait joué un seul match professionnel au cours de sa carrière sportive. Mais du rêve, Lopetegui est très vite passé au cauchemar.

Les ombres de Zidane et CR7

Depuis ce week-end et sa nouvelle défaite à domicile contre Levante (1-2), le Real de Lopetegui fait parler pour son inefficacité offensive record : 481 minutes consécutives sans marquer le moindre but, soit l’équivalent de cinq matchs. Du jamais-vu en 116 ans d’histoire. Devant un tel scénario, s’interroger sur la risée Lopetegui dans un club triple champion d’Europe en titre revient à trouver la réponse dans cette même question. Au Real, l’intéressé devait succéder à Zinédine Zidane, vainqueur de neuf trophées en deux ans et demi de carrière. Autant le dire à l’avance : égaler ce palmarès était une mission impossible, même avec tout le savoir-faire merengue à sa disposition. Pour ne rien arranger du tout après quatre semaines au sein de la Maison-Blanche, Lopetegui voit Cristiano Ronaldo, principal artilleur du club avec 450 buts en 438 matchs sous le maillot du Real Madrid, rejoindre la Juve et mettre fin à ses heures dorées en Espagne. Face à de telles équations, Lopetegui ne connaît toujours pas de réponses exactes. Même si la rencontre de demain contre Plzeň en C1 peut lui servir d’échappatoire à court terme, chaque seconde passée au Real penche actuellement en sa défaveur. Prévu dimanche, le Clásico au Camp Nou devrait annoncer un nouveau visage sur le banc des Blancos. Reste à savoir si cette affiche sera la guillotine de Lopetegui ou son passe-temps de l’après-midi, bien calé dans son canapé.

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