- Ligue 1
- J34
- Lyon-Monaco
Lopes du 69
Détesté un peu partout en France, adulé du côté de Lyon, Anthony Lopes est, à lui seul, une belle allégorie de l’Olympique lyonnais. Mais s’il y a bien un truc sur lequel tout le monde devrait s’accorder, c’est son talent. Et sa faculté à toujours porter ses cojones.
Sur la pelouse de la Vodafone Arena, les joueurs lyonnais ont la banane. Les accolades se multiplient, les visages sont radieux. La joie est éclatante. Il faut dire qu’ils viennent de se qualifier pour les demi-finales de la Ligue Europa. Un niveau que l’OL n’atteint là que pour la troisième fois de son histoire sur la scène européenne. Pourtant, il y en a un dont le bonheur ne saute pas aux yeux. Dans les bras de Joël Bats, Anthony Lopes a les yeux embués et les joues humides. Le contrecoup émotionnel, sûrement. Car quelques minutes auparavant, c’est bien lui qui a permis à l’OL de continuer l’aventure européenne.
Durant la séance fatidique des tirs au but, il a repoussé deux tentatives adverses. Suffisant pour laisser l’opportunité à Maxime Gonalons d’officialiser la qualification. Mais dans les rangs lyonnais, personne n’est dupe. Tout le monde sait qui est le vrai bonhomme de la soirée. Comme le rappelle d’ailleurs Jérémy Morel, au sortir de la rencontre : « On sait qu’on a un très grand gardien, et quand c’est le cas, c’est plus facile. » Car bien avant le cruel moment des tirs au but, le natif de Givors avait déjà fait parler de lui dans la rencontre en réalisant un grand nombre d’arrêts décisifs. Une surprise ? Pas vraiment, non.
Peur de rien
Il faut dire que celui qui est désormais international portugais n’a pratiquement jamais déçu depuis qu’il s’est installé définitivement dans les cages lyonnaises, à l’hiver 2014. Car après quelques mois à se passer le relais avec Rémy Vercoutre, Rémi Garde l’avait bien senti, son jeune gardien avait déjà la trempe d’un numéro un. À vingt-trois ans, à peine. Mais peu importe l’âge. Comme la taille, d’ailleurs. Pas très grand, le Gone est loin de faire office de monstre physique. Pourtant, il rassemble toutes les qualités que l’on attend chez un gardien : vif sur sa ligne, pas maladroit avec ses pieds, agile dans les airs et courageux quand il faut sortir dans les pieds des attaquants. Bref, un profil complet.
Et le courage, justement, voilà sans doute l’une de ses plus grandes qualités. Car le champion d’Europe 2016 n’a pas pour habitude de faire dans son froc quand la situation devient bouillante. Mieux, il a l’air d’aimer ça. Comme le week-end dernier, face à Bastia, où le portier lyonnais ne tremblait pas vraiment au moment des lamentables échauffourées qui ont entraîné la fin prématurée de la rencontre. L’adversité, l’animosité, l’hostilité, voilà autant de choses dans lesquelles Lopes semble puiser sa force.
Chambreur
Alors, certes, son comportement en agace plus d’un. Comme lorsqu’il décide de barrer le nom de Saint-Étienne sur son maillot de Coupe de France. Mais il est comme ça, Lopes, un brin provocateur, un tantinet chambreur. Le regard froid qu’il adresse souvent aux supporters adverses, par exemple, n’est pas qu’un moyen de faire bouillonner ces derniers. Non, c’est surtout une façon de montrer de quoi il est capable. Montrer qu’il n’a pas peur. Qu’il ne tremble pas. Que rien ne pourra le déstabiliser. Et c’est souvent le cas. Ses erreurs, car il en fait forcément, à l’image de tous ses homologues, ne sont pas fréquentes.
Mieux, il est souvent celui qui limite les dégâts. Le dernier rempart, plutôt solide, d’une défense lyonnaise qui a trop souvent failli cette saison. Sans lui, nul doute que certains scores auraient pu être plus lourds et certaines victoires relayées au rang de simples matchs nuls. Et son importance va s’avérer encore plus cruciale dans la dernière ligne droite qui s’annonce. Celle où il faudra conserver cette précieuse quatrième place et essayer d’aller chercher une finale européenne. Voire de la gagner pour à nouveau goûter à la Ligue des champions. En tout cas, une chose est sûre, Anthony Lopes sera là. Sûr de lui. Bien déterminé à garder le temple lyonnais. Peu importe la gueule des adversaires.
Par Gaspard Manet