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L’Opération Cornet-Beef
La saison passée, il a délogé Mathieu Valbuena. Désormais, il doit compenser l'absence d'Alexandre Lacazette. À seulement vingt ans, Maxwel Cornet franchit les étapes à toute vitesse. À l'image du parcours d'un talent insatiable, précoce et pressé.
Une récupération dans le camp adverse, un une-deux avec Corentin Tolisso et un extérieur du pied subtil pour finir. À l’heure de jeu contre le Dinamo Zagreb mercredi, Maxwel Cornet n’a pas seulement validé la victoire de Lyon. Il a envoyé un message. Celui qu’Alexandre Lacazette était certes irremplaçable pour l’OL, mais qu’il pouvait, lui le gosse de vingt ans, assurer un intérim plus qu’honnête. Et tant pis si c’est au poste d’attaquant de soutien gauche qu’il a déboulonné Mathieu Valbuena la saison passée.
Selon son ancien sélectionneur en U19 français Patrick Gonfalone, Cornet peut jouer partout sur le front de l’attaque. « Je le mettais souvent à gauche, mais je n’avais pas de soucis à l’aligner aussi dans l’axe. Percussion, finition, il avait déjà toutes ces qualités. C’est un attaquant moderne, capable d’occuper toutes les zones offensives, de partir de derrière, d’aller vite, comme de jouer fin. » À l’image de ce but en finesse en Ligue des champions. « Il m’en a mis pas mal des comme ça, le Maxwell. Pichenette, tirs au ras du poteau… Il marquait dans toutes les configurations. »
Lyon le connaît depuis les U12
Si le technicien de la DTN pense du bien du jeune homme, il n’est pas le seul. À Lyon, on a rapidement compris qui était le Franco-Ivoirien. « On ne suit pas les jeunes qui sont déjà dans un club pro » , précise Gérard Bonneau, responsable du recrutement pour le centre de formation de l’OL. Malgré tout, Cornet est un cas spécial : « On le connaissait depuis les U12. Quand Metz venait pour un tournoi quelque part, cela sautait aux yeux qu’il était au-dessus du lot dans sa catégorie. Et puis ensuite, il est allé en équipe de France de jeunes, donc pour nous, il y avait comme un suivi automatique. »
Si bien que lorsque le directeur de la cellule de recrutement lyonnaise, Florian Maurice, s’intéresse à lui, il est rapidement conforté dans son opinion.
« Son arrivée, c’est le choix de Florian, qui l’avait repéré depuis un certain temps. Mais il nous a demandé si on le connaissait, et forcément, les éducateurs lui ont tous fait un retour positif sur son niveau. » Si bien qu’en janvier 2015, alors que Maxwel Cornet est en conflit avec le FC Metz où il refuse de prolonger un contrat qui se termine six mois plus tard, les Rhodaniens rachètent son engagement contre 200 000 euros. Une misère qui laisse des regrets aux Grenats, mais qui suscite l’admiration de Gonfalone. « Lyon a vraiment un œil pertinent, ils font les bons choix, ils savent qui recruter. Le petit Tousart aussi, vous allez voir, c’est costaud. »
« Il sait ce qu’il veut »
Si Cornet est aujourd’hui en train de prendre son envol, c’est donc en partie grâce à son employeur, « qui sait créer un contexte favorable pour les jeunes, et qui a le courage de les lancer. C’est vraiment motivant pour les éducateurs comme moi, cela nous facilite le travail. Un club comme Lyon rend service au football français, car les très bons jeunes ne sont pas obligés de partir à l’étranger trop tôt. »
Mais le succès de Cornet est surtout lié à ses propres qualités, notamment une personnalité forte : « Il a eu une période compliquée à Metz (lors de la saison 2014-2015, il est mis à l’écart du groupe pro suite à son refus de prolonger son contrat, ndlr) pendant laquelle je lui donnais du temps de jeu en sélection. On aurait pu penser qu’il manquerait de rythme, mais il était très bon, au top physiquement même pendant cette période. Cela nous surprenait. Il a plein de qualités techniques, mais sa plus grande force, c’est son mental » , assure Gonfalone, qui voit en Cornet « un jeune homme attachant qui sait ce qu’il veut » .
En l’occurrence, un garçon qui vise déjà très haut. « Je l’ai eu en sélection dès les U16, se souvient Gonfalone. Il affichait déjà une maturité physique et mentale importante, il était en avance. » Et lui qui a intégré le FC Metz à sept ans et disputé son premier match pro à seize affiche déjà un CV bien rempli pour sa jeune carrière. « Il a joué très tôt à Metz, même en National. Jouer régulièrement à dix-sept ans, cela vous situe ses qualités. Ensuite à Lyon, il a grandi encore plus vite, et mine de rien, il en est déjà à sa troisième ou quatrième saison pro avec des matchs de sélection en parallèle, il a donc une certaine bouteille. » À l’intéressé de la remplir encore plus.
Par Nicolas Jucha
Tous propos recueillis par NJ