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Londres, la clé de Sol

Par Maxime Brigand
Londres, la clé de Sol

Trois ans après avoir rangé son short, Sol Campbell repasse ses chemises et brosse ses costumes. Loin du pré, l'ancien international anglais s'est fixé un nouvel objectif : braquer l'électorat londonien et glaner les clés de la capitale anglaise.

L’enfant est seul. Autour de lui, le bordel est devenu un concubin de son quotidien. Lorsqu’il passe la tête par la fenêtre de son appartement, Sulzeer Jeremiah Campbell voit ce qu’il appellera plus tard « la représentation de la galère » . En bas, au loin, il voit sa mère revenir, tête basse, de l’usine Ford où elle trime pour cumuler son salaire avec celui de son mari qui travaille sur les voies de chemin de fer. Cette scène, le quartier de Plaistow, Newham, situé à l’est de Londres, il la regarde se répéter tous les jours. C’est aussi dans ce coin de la capitale anglaise, tous les quinze jours, que 30 000 écorchés de la vie viennent chanter leur colère, mais aussi leur passion pour le West Ham Football Club. C’est donc dans ce décor que le Roc est né, seul, dans « un endroit où il n’y avait même pas une chambre pour s’évader » . Quarante ans plus tard, celui qui s’est renommé « Sol » Campbell a fermé le premier tome de sa vie, celui du foot, après 19 ans au plus haut niveau. Mais il n’a pas fini. Campbell a d’autres combats à mener, d’autres problématiques à explorer et une ambition qui l’habite : « J’ai besoin d’emmener de nouvelles choses sur la table. Une nouvelle façon de penser, de voir le monde. J’ai le sentiment de pouvoir apporter des choses et je me dois de le faire. » Le grand Sol a donc enfilé son costume foncé et l’a affirmé : les élections municipales 2016 se feront avec lui, une écharpe conservatrice en travers du buste.

Le pistolet d’Highbury

Lorsqu’il annonça son retrait du football en juin 2012, Sol Campbell était parti avec un lot de questions derrière lui. Qu’est-ce que le foot retiendra de son passage ? Qui était vraiment le grand Sol ? À force d’essayer de le comprendre, l’Angleterre l’a découvert sous un visage différent. Campbell est en homme en colère. Il l’a reconnu en mars dernier dans son autobiographie. Pour lui, « le football procure des émotions, mais reste un milieu assez creux » où l’ennui vient rapidement. L’ancien défenseur d’Arsenal y décrit alors un système gangrené par des problèmes de société profond : le racisme – « j’aurais pu être capitaine de la sélection (73 sélections, un but) si j’avais été blanc » -, ou encore la bêtise humaine qui aura eu raison de son aventure londonienne.

Londres, là où tout avait commencé. Où il débuta sa carrière en 1992 sous le maillot des Spurs de Tottenham avant de devenir « Judas » en signant chez l’ennemi juré, Arsenal, à l’été 2001. Le patron de la sélection anglaise devient alors rapidement un homme pointé du doigt pour ce manque de fidélité. Le terrain calmera les critiques. Campbell deviendra, sous la coupe d’Arsène Wenger, un cadre des Invincibles de 2004 où il remportera un second titre de champion d’Angleterre, après 2002, avec Arsenal sans perdre le moindre match. Sol Campbell est alors incontesté, et incontestable.

Le football est alors un métier « plaisir » où même si « les discussions tournent rapidement en rond, le quotidien change de son passé » . La politique débarquera à un moment où le rugueux défenseur est à l’apogée de sa carrière, en mars 2006, lors de la réception de West Ham. Depuis quelques semaines, le père de Sol est mourant. Le joueur avoue alors « se murer dans la solitude » le soir chez lui, où il alterne entre « larmes et prières » . Dans le même temps, les tabloïds britanniques s’amusent d’une polémique qui aura des conséquences terribles. Dans les colonnes, Sol Campbell devient « un homosexuel de longue date » . Son frère, John, frappera même un soir un type qui lui criait que « Sol n’est qu’un négro gay » . Direction la case détention. La faute de trop. Contre West Ham, le Roc commet alors deux erreurs fatales en première période. En rentrant au vestiaire à la pause, un supporter le visera en mimant un pistolet pointé sur lui avec ses mains. Sol Campbell ne ressortira pas. La fin d’une histoire d’amour avec Londres, qu’il retrouvera brièvement en 2010, mais qu’il quittera en 2006 sur un but en finale de Ligue des champions contre le FC Barcelone (1-2). Comme un symbole.

« Je sais que je ne suis pas favori »

S’il foulera les pelouses jusqu’en 2012 à travers l’Angleterre (Portsmouth, Notts County, Newcastle…), Sol Campbell se fabrique alors une carapace. C’est décidé, son avenir se fera loin des terrains. Dès la fin de sa carrière sportive, l’enfant de Londres retrouvera la capitale pour construire et fabriquer son engagement. Ses thèmes de combat sont connus : l’égalité des droits, la lutte contre le racisme et les taxes foncières. C’est par ces dernières qu’il se fera d’ailleurs remarquer en s’élevant contre la figure travailliste, Ed Miliband, et sa Mansion tax, une taxe immobilière jugée « discriminatoire » pour les familles les plus modestes.

C’est aussi une volonté de changer l’image du politique qui l’anime. « Quand je vois tous les politiques en poste qui sortent d’Oxbridge(contracté d’Oxford et Cambridge, les deux universités britanniques les plus prestigieuses, ndlr), qui ont payé une fortune pour leur éducation, j’ai l’impression qu’ils se moquent de gens » , détaillait Sol lors de l’annonce de sa candidature il y a quelques jours. « Je regarde ceux qui sont là depuis 5, 10, 15 ans et j’ai envie de leur dire : « Eh les mecs, vous devez être des pros normalement ! » » Il a donc appris auprès des historiques du camp conservateur. Et maintenant, il se sent prêt. Londres 2016 sera sa première bataille. Boris Johnson, le maire en poste, ne pourra briguer un troisième mandat, et des primaires seront organisées. Face à lui, l’ancien footballeur trouvera trois adversaires peu expérimentés (Ivan Massow, Stephen Greenhalgh et Andrew Boff). D’ici là, la campagne de terrain va se mettre en place, et Sol Campbell retrouvera son passé, Tottenham et Arsenal. Dans ces clubs, il y a des supporters électeurs. L’autre combat de la raison. « Je n’ai pas peur, je vais y aller pour gagner. C’est ma nature. Je sais que je ne suis pas favori, mais je vais y aller avec les yeux grands ouverts. »

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