ACTU MERCATO
L’OM, un club à l’image de son mercato
Le mercato s'est fermé il y a un peu plus de 24h et l'OM n'a enregistré qu'une arrivée : celle de Brice Dja Djédjé, en provenance d'Evian. Alors que l'équipe ne tourne pas vraiment rond, on aurait pu s'attendre à plus de mouvements. Mais entre un portefeuilles qui crie famine et une aura atrophiée, l'exercice fut compliqué. A l'image de sa première moitié de championnat.
Renouveler sa garde-robe est un exercice périlleux. Entre respect fondamental des basiques et envie viscérale d’originalité, le choix de nouveaux attributs relève souvent du casse-tête. À l’OM, les soldes d’été avaient pourtant témoigné d’un certain équilibre : les « old school » Mandanda, Nkoulou, Valbuena ou encore Gignac ont été rejoints dans le vestiaire par des joueurs « motifs » d’espoir (Thauvin, Imbula, Lemina, Mendy) ou semi-confirmés (Payet, Khalifa). Fort de ces apports hauts en couleur, le président Labrune avait affirmé ses objectifs en début de saison : un podium, synonyme de Ligue des champions et d’une manne financière supplémentaire. Mais alors que le club se débat actuellement dans le ventre mou du championnat, force est de constater que la mue n’a pas eu lieu. À vouloir concurrencer les rois de la sape que sont le PSG et Monaco, Marseille est finalement devenu une fashion victime de mauvais goût. Un club où l’on ose même désormais échanger ce vieux jogging signé Abdallah contre un bob Dja Djédjé. Un club où Khalifa change d’avis au dernier moment et rend caduc tout le travail effectué pour faire venir Aliadière. Un club qui fait encore moins rêver que Lille, si l’on en croit Corchia.
Frime estivale contre déprime hivernale
Paré de sa 2e place acquise au terme d’un exercice 2012/2013 sans génie mais efficace, l’OM s’est fait plaisir au cours de l’été. Pas de folles dépenses, mais une politique prometteuse et tournée vers la jeunesse. Malheureusement, ces nouveaux éléments peinent à s’intégrer au collectif, Thauvin mis à part, et ne cessent de décevoir. De l’extinction progressive d’Imbula au fantomatique Payet en passant par les boulevards laissés dans son couloir par Benjamin Mendy, les motifs de satisfaction sont rares sur la Canebière. Face à cette intégration ratée, rendue un peu plus ardue par le contexte actuel, les dirigeants olympiens avaient visiblement pris la décision de ne pas révolutionner totalement l’effectif lors du mercato hivernal. Tandis que le club se meurt dans le jeu et essuie la vindicte populaire, Vincent Labrune est resté assez discret lorsqu’il s’est agi d’évoquer d’éventuelles arrivées. Si l’OM a choisi de soigner ses maux par petites touches, il semblerait qu’une bonne dose d’antibiotiques aurait été nécessaire à un prompt rétablissement. Car la maladie est profonde et installée et les symptômes alarmants : une défense à l’agonie, une animation offensive en berne et un collectif au point mort, surtout au Vélodrome où l’OM n’a pris que 16 points depuis le début de la saison. Mais alors que le marché vient de se clôturer, seul Brice Dja Djédjé (Évian) a posé ses valises en Provence. Un nom loin d’être ronflant qui porte à lui seul le désespoir ambiant.
Une attractivité limitée
Il faut dire que quand ça va mal, les joueurs de qualité ne se bousculent plus au portillon pour sauver le club de sa fièvre. Délesté d’une partie de son aura par les ogres parisiens et, dans une moindre mesure, monégasques, l’OM n’attire plus. Bien loin de la signature d’un Yohan Cabaye, Marseille perd même désormais ses batailles hexagonales, à l’instar du dossier Corchia. Pisté par le club depuis plusieurs mois, l’ancien latéral sochalien a préféré rejoindre le LOSC « pour le projet sportif et l’ambition de l’équipe » . Un taquet derrière les têtes olympiennes qui appelle à un triste constat : l’OM ne fait plus bander. Au-delà de ce déficit d’image, les dirigeants se doivent également de rester mesurés dans les dépenses. Car si, ces dernières saisons, la présence régulière du club en C1, ajoutée à une petite rallonge de Margarita, avait permis de garder les caisses à flot, les résultats de cette première partie de saison n’autorisent pas à l’optimisme. Sans cet apport (25 à 30 millions d’euros), l’OM risque bien vite de se retrouver dans le rouge. Difficile dans ces conditions de s’acheter quelque chose de clinquant. Impossible d’acheter sans vendre. Les supporters abonnés à un fil RSS « Olympique de Marseille » l’ont appris avec le feuilleton Saber Khalifa ou l’échange Abdallah-Dja Djédjé à leurs dépens. Du coup, c’est Sergio Tacchini qui a de beaux jours devant lui sur la Canebière.
Par Raphaël Gaftarnik