- France
- Ligue 1
- 3e journée
- Guingamp/Marseille (0-1)
L’OM se rassure dans la douleur
15 secondes. C'est ce qu'il a fallu aux Phocéens pour ouvrir le score en seconde période. 1-0, c'est ce dont l'OM devra se contenter en guise de premier succès de la saison. Sur courant alternatif, les joueurs de Marcelo Bielsa ont fait le boulot au Roudourou, où ils ont souffert jusqu'au bout.
A. Gignac (47′) pour Marseille.
Laurent Blanc a la touillette dans la bouche. Plus pragmatique, Marcelo Bielsa la laisse dans son café, qu’il mélange soigneusement pendant que les 22 acteurs s’apprêtent à démarrer la seconde période au Roudourou. Pendant que le Loco garde les yeux rivés dans sa boisson, comme une diseuse de bonne aventure, Dimitri Payet sert un café crème à André-Pierre Gignac. Cela fait 15 secondes que le deuxième acte a débuté et d’une volée puissante et claquée, le meilleur buteur de l’OM donne enfin l’avantage aux siens. Pour la première fois depuis le début de la rencontre, l’action est limpide. Car pendant quarante-cinq minutes, l’OM a fait ce qu’il sait faire de mieux : le sale gosse. Celui dont on connaît les travers, les mêmes que l’on lui reproche depuis une éternité – l’incapacité à gérer un score, par exemple -, et dont on connaît aussi ses qualités, celles qu’il daigne nous montrer, quand cela lui chante. Intéressants offensivement, fébriles sur les ailes et catastrophiques à la relance, les Phocéens ramènent leur premier succès de la saison de Bretagne, où les Guingampais n’auront pas montré grand-chose.
Défense fébrile, possession stérile
À trois, à quatre ou à cinq : on s’amuse quand même. À Marseille, la défense, c’est un peu comme le tarot : du hasard individuel et parfois collectif. Toujours alignés par le croupier Bielsa, le Petit, Benjamin Mendy, et l’Excuse, Brice Dja Djédjé, font de cet OM-là un avion sans aile. Embêtant quand on se pointe à Guingamp pour y avoir la possession et écarter le jeu. Inquiétant également quand on essaye de passer pour un candidat crédible au podium. Dès les premiers instants de la rencontre, les défenseurs phocéens se font un concours de mauvaises relances. Grand vainqueur grâce à une aile de pigeon directement dans les pieds de l’adversaire, Alaixys Romao admire Jérémy Morel dans son entreprise de contres favorables et se délecte d’une passe aveugle inutile tentée par Brice Dja Djédjé une poignée de secondes après avoir conduit le ballon en état d’ivresse directement en touche. Pour faire l’ascenseur entre cette défense qui titube, mais se rattrape systématiquement et un quatuor offensif motivé mais brouillon, Giannelli Imbula fait ce qu’il peut, mais perd beaucoup de ballons. En face, Mathis, Diallo et surtout Kerbrat font de la possession outrageuse des Phocéens un détail. Malgré une très belle frappe de Gignac, sortie par Samassa et un caviar de Payet très mal négocié par Thauvin, les Phocéens bafouillent leur football sur le plan offensif. Chef d’orchestre sans baguette, Thauvin essaye bien de lancer quelques mouvements, en vain. C’est Michy Batshuayi qui jouera le deuxième acte à sa place.
Changements de joueurs, changements tactiques
Sur son premier ballon, le Belge dévie parfaitement le ballon pour Payet avant son centre pour Gignac. Son dernier bon choix de la partie. En 3-5-2 au début de la rencontre, les Marseillais sont rapidement passés en 4-2-3-1, puis en 4-3-3 en début de seconde période. Des dispositifs à digérer pour les joueurs, mais de réelles solutions face à des difficultés offensives. Cela se fait sentir sur le but de Gignac, puis pendant dix bonnes minutes lors desquelles les hommes de Bielsa font bien tourner le ballon et courir les Guingampais. Sans solution face à la maîtrise des visiteurs, Jocelyn Gourvennec fait entrer Yatabaré, peut-être pour faire peur à Mandanda. Côté phocéen, Barrada remplace Payet et fait sa première apparition sous ses nouvelles couleurs. Des débuts tout en passes en profondeur de qualité et en conduite de balle soyeuse. C’est mieux que la fin éventuelle d’André Ayew, fantomatique quand il n’est pas brouillon. Après un bon quart d’heure en deuxième période, l’OM retombe dans ses travers. Incapables de gérer leur avantage, les Phocéens se font peur. D’abord sur une sortie en retard de Mandanda qui voit une nouvelle fois le portier phocéen chuter lourdement après un contact avec Yatabaré. Puis sur une demi-volée splendide de Reynald Lemaître, qui s’écrase sur la barre du même Mandanda. Plus de peur que de mal pour les joueurs de Marcelo Bielsa qui vont pouvoir s’ouvrir une bière pour la première fois de la saison. C’est au moins aussi bien qu’un café.
Par Swann Borsellino