ACTU MERCATO
Pierre-Emile Højbjerg, en français dans le texte
Moins médiatique que l’arrivée de Mason Greenwood, celle de Pierre-Emile Højbjerg à l’OM est intéressante à bien des égards. Sportivement, déjà, mais aussi parce que le futur ex-milieu de terrain de Tottenham et international danois a un rapport de longue date avec l’Hexagone.
Heureusement, en 2024, on est encore en droit de dire que tous les coups lors d’un mercato estival ne se valent pas. Et donc de pouvoir affirmer que l’arrivée de Pierre-Emile Højbjerg à l’OM apparaît, en surface, comme le vrai bon coup depuis le début du mercato du tandem Longoria-Benatia. Pour un budget compris entre 13 et 15M d’euros, les Olympiens se sont offert les services d’un homme qui compte déjà 81 sélections avec le Danemark à 28 ans et une expérience du haut niveau dont le milieu de terrain marseillais avait grandement besoin. Nul doute que sur les bords de la Canebière, on pardonnera rapidement celui qui, un soir de novembre 2022, avait éliminé l’OM de toutes compétitions européennes au bout du temps additionnel d’un tir puissant du droit qui avait glacé Pau Lopez. Car l’arrivée d’Højbjerg est un signal, une première validation, aussi, de l’importance d’avoir su attirer un coach comme Roberto De Zerbi dont les faits d’armes outre-Manche ont indéniablement pesé dans la balance. Même s’il faut dire qu’entre le Danois et la France, l’histoire a commencé il y a bien longtemps.
Appelez-le Pilou
Petit-fils d’une grand-mère française née à Drancy, fils d’une maman qui a pour prénom Anne-Sophie et qui a fait ses études supérieures pour devenir illustratrice à Paris, Pierre-Émile a passé l’essentiel de ses étés à Tournus, un patelin non loin de Mâcon où la famille a encore des attaches. C’est ce qu’expliquait le joueur dans un long entretien sur le sujet à L’Équipe, il y a deux ans, lui qui confiait au passage qu’il n’y avait pas mieux qu’un bon poulet de Bresse cuit au four avec des frites. « C’est à cette époque que ma grand-mère m’a donné un surnom qui sonne un peu français, “Pilou”, que mes parents ont repris ensuite, racontait Højbjerg. Chaque été, on allait à Tournus avec papa, maman, mon grand frère et ma petite sœur. Il y avait aussi mon oncle, qui habitait à Paris, et mes cousins et cousines à Rouen. Je me rappelle le baptême de ma cousine là-bas, on avait passé quelques jours sur place. On avait adoré parce qu’il y avait des vrais croissants, ils étaient énormes, c’était incroyable pour nous. L’été, j’ai des souvenirs de chez mes grands-parents, je prenais une boisson dans le frigo, mon ballon, la bicyclette de mon oncle, et je partais sur les routes de campagne jusqu’au city stade du village. Mes grands-parents n’aimaient pas trop me voir partir en plein après-midi parce qu’il faisait très chaud. Alors, je me mettais à l’abri sous un arbre et j’attendais les enfants du village qui étaient devenus mes copains et on jouait au foot pendant des heures. »
Au-delà de parler français couramment, celui qui a passé l’été 2006 en France avec le maillot de Zizou sur le dos a également vécu des tranches de vie, durant ces semaines-là, que pas mal de gamins de l’Hexagone ont également expérimentées avant lui. « Pendant les vacances d’été, j’allais parfois faire des stages de foot en France. Mon plus beau souvenir, c’était celui à Dijon. C’est peut-être les deux meilleures semaines que j’ai passées en France, j’avais 13 ans, mais je jouais avec le groupe des 14-16 ans. Les entraîneurs étaient plus durs que ceux que j’avais connus au Danemark, plus difficiles à convaincre que tu étais bon. Mais j’aimais bien l’ambiance, ils avaient le sourire, ils nous chambraient un petit peu. Je me rappelle un jour où un entraîneur qui m’aimait bien m’avait demandé de venir avec lui pour montrer un exercice. C’était un un-contre-un où tu devais passer entre deux poteaux une fois le joueur éliminé. Je m’étais approché et il m’avait mis un tacle terrible. Je me dis : OK, pas de problème. Je m’étais relevé et je lui avais demandé de le refaire. J’étais arrivé et je l’avais éliminé “tac-tac”, “l’elastico” de Ronaldo. Tous les autres enfants avaient hurlé, rigolé. »
Des émotions que les fadas de l’OM trépignent de revivre, eux qui espèrent pouvoir cette année se rapprocher d’un PSG qui ne compte plus de « grosse star » pour la première fois depuis plus de douze ans à l’image de Zlatan, de Neymar ou de Mbappé. Que l’on s’entende bien : Højbjerg ne sera pas cet homme qui mettra 15 buts dans la saison et qui fera basculer Marseille dans une autre dimension. Mais lorsque l’on compte dans un effectif un joueur qui a joué en permanence plus de 30 matchs par saison en Premier League ces six dernières années, pas avare en efforts et techniquement capable d’apporter un vrai « plus » à l’entrejeu olympien, on prend. À Pierre-Émile de jouer, désormais.
Par Andrea Chazy