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- 31e journée
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L’OM ne mérite-t-il vraiment pas sa deuxième place ?
À la mi-saison, c'était écrit : l'OM, qui trônait sur le podium grâce à son perfect en début de saison, allait s'écrouler petit à petit, la faute à un effectif réduit et un jeu peu plaisant. Ce vendredi, à huit journées de la fin du championnat, les Phocéens reçoivent Bordeaux en qualité de dauphin du PSG, avec une différence de but de +3 et un parcours en dents de scie. De quoi faire jaser la France du foot.
À en croire les observateurs, le scandale de l’OM n’a rien à envier à l’affaire Cahuzac. Et si, pour une fois, le nerf de la guerre n’est pas une question de fonds, mais de fonds de jeu, la France du football a décidé de tirer cet enseignement : Marseille, comme Cahuzac, a été pris dans une spirale du mensonge. Trop besogneux, trop léger, trop inconstant ou tout simplement trop mauvais, l’Olympique de Marseille, dauphin du Paris Saint-Germain à huit journées de la fin, ne serait pas à sa place. Alors, l’OM second, faux problème ou vraie arnaque ?
Quelle place pour le mérite dans le football ?
« Dominer n’est pas gagner » ou encore « c’est à la fin du bal que l’on paye les musiciens » . Le genre d’expressions bateau qui prennent tout leur sens quand on porte un coup d’œil attentif à la saison marseillaise et aux prestations de leurs adversaires. Car au fond, soulever le problème marseillais revient plus ou moins à se questionner sur la place du mérite dans le football. Le mérite de celui qui a dominé, le mérite de celui qui produit du beau jeu, parfois opposé au cynisme de celui qui gagne sans convaincre. Mais qui gagne quand même. Cette saison, l’Olympique de Marseille est champion d’Europe de la victoire 1-0, avec neuf succès sur cette marge. Symptomatique de ce genre de triomphe « modeste » , l’excellent résultat obtenu par les hommes d’Élie Baup sur la pelouse de l’OGC Nice dimanche dernier. L’OM n’a jamais vraiment été souverain, a concédé un poteau sur une tête de Rod Fanni contre son camp, n’a pas été capable de se donner d’air en faisant le break et a, par conséquent, tremblé jusque dans les derniers instants. Mais aux analyses d’après-match, au début de Valbuena-dépendance et aux sceptiques, il faut aussi savoir répondre par le pragmatisme. Longtemps, la victoire 1 à 0 a été mère de sérénité et de maîtrise. C’était celle de ceux qui savaient marquer et boucler un match. « Si nous gagnons nos huit derniers matchs sur le score de 1-0, je signe tout de suite » , balance d’ailleurs à raison Benoît Cheyrou, dans les colonnes de L’Équipe. Car aujourd’hui, à coups de victoires « sur la plus petite des marges » , de hauts et de bas, l’OM compte 1 point d’avance sur Lyon et 4 sur Saint-Étienne. Des équipes intrinsèquement meilleures.
Et l’esthétisme dans tout ça ?
Si le fait que l’OM pointe sa sale tête à la deuxième place de la Ligue 1 en dérange certains, c’est aussi et surtout pour des critères esthétiques et logiques. Quand on aime quelque chose, on aime le comprendre et aujourd’hui, les connaisseurs se trouvent complètement perturbés face au problème mathématique posé par le goal average de l’Olympique de Marseille. Seconds, les Phocéens sont la treizième attaque de Ligue 1 – même derrière Troyes, la lanterne rouge -, ont la cinquième défense (32 buts encaissés, 12 de plus que Paris, 7 de plus que Bordeaux et autant que Lyon) et compte une différence de buts ridicule de +3. Le second est à +29 en Angleterre, à +44 en Espagne, à +26 en Italie et à +30 en Allemagne. Oui, l’OM fait tâche. C’est même une anomalie du football européen. Et ça, c’est d’autant plus frustrant que certaines équipes semblent beaucoup plus maîtresses de leur sujet que celle de Steve Mandanda. À quatre points des Phocéens, l’AS Saint-Étienne affiche un profil beaucoup plus complet et certainement plus rafraîchissant. Avant son coup de pompe, on voyait mal comment l’Olympique lyonnais pourrait pointer derrière l’OM. Et des équipes comme Nice, Lille – qui termine la saison en boulet de canon – et même Montpellier sont plus dans le football plaisir et moins dans la besogne. Mais la chose qu’il faut comprendre, c’est que contrairement à ce que l’on dit, l’OM n’est pas en surrégime. L’OM a son propre régime. L’OM ne mérite certainement pas sa deuxième place, mais au soir de la 38e journée, combien de néo-dauphins méritaient plus que le champion ? Pourtant, c’est bel et bien le nom du champion que l’on retient, non ?
Par Swann Borsellino