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L’OM et Longoria face au vide
La saison prochaine, l’OM ne disputera aucune Coupe d'Europe : une première depuis cinq ans. Et la conséquence logique d’une saison complètement ratée, qui laisse un champ de ruines sur lequel Pablo Longoria va devoir reconstruire. Encore.
Fondée en 600 avant notre ère, Marseille est la plus vieille ville de France, et son Olympique, né en 1899, également l’un des doyens du football français. Mais cette ancienneté ne garantit pas la solidité des fondations. Au contraire. Comme souvent à l’approche de l’été, c’est un champ de ruines qui se dresse devant le président Pablo Longoria. Sauf que, cette fois, il n’est pas dû au départ précipité d’un entraîneur – comme ce fut le cas avec André Villas-Boas, Jorge Sampaoli et Igor Tudor –, mais bel et bien à une saison catastrophique conclue par une huitième place en Ligue 1 : la pire depuis le début de l’ère McCourt en 2016.
Reconstruire, encore et encore
Pour la première fois depuis cinq ans, et seulement la cinquième fois en vingt ans, l’Olympique de Marseille ne participera donc pas à une Coupe d’Europe en 2024-2025. Un échec retentissant pour une équipe qui restait sur deux podiums consécutifs en Ligue 1, et ne visait rien d’autre qu’une nouvelle qualification en Ligue des champions. « Finir 8e du championnat, c’est inadmissible. J’ai un fort sentiment de déception, avouait Pablo Longoria, dimanche soir, dans les coursives du stade Océane. On a eu des hauts et des bas, surtout des bas, et on finit à cette place parce qu’on ne mérite pas mieux. Ce n’est pas normal de n’être capable de gagner à l’extérieur que contre les quatre dernières équipes du championnat. Il y a un manque d’ambition, de personnalité dans l’effectif, de prise de conscience de ce que signifie le fait de jouer à l’OM. »
Cette colère froide du président espagnol de l’OM n’a rien de surfait. L’ancien directeur sportif du club sait que l’exercice 2023-2024 marque un véritable coup d’arrêt dans la dynamique qu’il a insufflée depuis qu’il a pris les commandes, en janvier 2021. Sous sa présidence, Marseille restait en effet sur trois saisons qui dégageaient le sentiment d’une progression constante, à l’image des deux derniers exercices conclus sur le podium : une première depuis l’ère Didier Deschamps. Et ce, malgré la propension de Longoria à revoir totalement sa copie chaque été, ce qui était l’un des griefs centraux lors de la fameuse réunion de crise de septembre – que certains racontent aujourd’hui comme une tentative de coup d’État interne raté contre l’Espagnol.
Cette fois, Longoria n’aura de toute façon d’autres choix que de reconstruire, comme il l’a promis depuis Le Havre : « On va analyser les raisons de ce résultat et commencer à reconstruire pour la saison prochaine. Tout le monde doit faire son autocritique. » À commencer par lui-même. Car s’il a subi les départs de Jorge Sampaoli et d’Igor Tudor, Longoria a, dans les deux cas, opté pour un virage tactique radical, le contraignant à remodeler son effectif, ce qui a fini par déboussoler les amoureux du club. À écouter le président marseillais en cette fin de saison, il a semble-t-il entendu le message : « On veut trouver plus de stabilité, de cohérence, des attitudes plus positives que ce qu’on a pu connaître cette année, pour que ce soit beaucoup moins difficile de performer. »
Gasset, le dernier bal du pompier
Le but premier de l’OM et de Pablo Longoria, c’est donc de trouver un nouveau coach pour incarner ce projet, avant même de repenser un effectif qui pourrait perdre plusieurs cadres cet été (Balerdi, Aubameyang, Mbemba, Lopez, etc.). Depuis la nomination pour 100 jours du pompier de service Jean-Louis Gasset, l’OM s’active sur ce dossier, mais l’absence de Coupe d’Europe refroidit de nombreuses pistes à ce niveau, en plus de limiter le mercato qui s’annonce. En attendant de savoir qui relèvera le défi, les supporters marseillais ne peuvent que remercier Gasset, que peu ont pris au sérieux à sa nomination, et qui a rallumé la flamme phocéenne, notamment grâce à la Coupe d’Europe, tout en bricolant avec des bouts de ficelle une équipe souvent enthousiasmante devant son public.
« Je suis triste. À partir du moment où l’OM n’est pas en Coupe d’Europe, c’est une mauvaise saison. Ces gens, ce stade, méritent l’Europe toutes les années », a d’ailleurs soufflé le néoretraité, dont le successeur aura fort à faire pour égaler sa cote de sympathie. Un successeur dont le nom devra vite tomber pour mieux définir les contours d’un effectif exsangue, et dont on ne sait qui sera là à la reprise, à en croire Jordan Veretout au micro de Canal+ : « Les vacances vont faire du bien, pour les organismes, mais aussi pour la tête. Ceux qui reviendront l’année prochaine devront venir avec une autre mentalité. Ça ne suffit pas d’être de bons garçons, il faut aussi montrer des choses sur le terrain. Et ce qu’on a fait cette année ne suffit pas. »
Par Adrien Hémard Dohain