- Ligue 1
- J6
- PSG-OM (4-0)
L'OM droit dans le mur
Le sursaut d'orgueil affiché à Amsterdam n'était donc qu'une illusion. Venu au Parc des Princes avec la peur au ventre, illustrée par le 5-3-2 d'Abardonado, l'OM a quitté Paris avec le visage marqué par l'énorme gifle reçue face à l'éternel rival. Sans rien montrer.
Depuis 2012, le peuple marseillais a appris à vivre avec la honte lorsque le chemin de l’OM croise celui du PSG en championnat. Pas systématiquement, certes, mais souvent. Ce sentiment d’impuissance avait, jusqu’ici, trouvé son point culminant en 2017, quand le PSG était venu en passer cinq à l’OM au Vélodrome (1-5), entre autres 3-0 et même, déjà, un cinglant 4-0 encaissé au Parc des Princes en 2019. Mais en ce début de saison 2022-2023, après deux exercices conclus sur le podium de Ligue 1, l’OM s’avançait avec un autre statut (et un effectif plus fourni) pour ce Classique qui a pourtant viré à la correction. Surtout, les Phocéens venaient de prouver à Amsterdam qu’ils avaient de l’amour-propre, quand bien même le navire ciel et blanc tanguait de toutes parts depuis lundi. Un constat complètement balayé par la déculottée reçue dimanche au Parc des Princes.
Des Phocéens bien dociles
Fidèle au joueur qu’il était, Pancho Abardonado avait pourtant insisté sur ce point, en amont du match. « Je veux que mon équipe me ressemble, une équipe agressive et surtout qui joue au football », avait lancé l’intérimaire, espérant voir « de la solidarité, de l’envie et de la gnaque » dans les rangs phocéens. Mais ce vœu est resté pieux, et c’est un Pancho Abardonado abattu qui s’est présenté dans la salle de conférence de presse, dans les entrailles du Parc des Princes : « On a manqué totalement de caractère. Face à nous, il y avait une des meilleures équipes d’Europe. […] Je suis très déçu et un peu marqué ce soir. » Interrogé à plusieurs reprises sur le manque de caractère de ses troupes, pas même révoltées par les nombreuses insultes reprises en chœur par le Parc, l’entraîneur par intérim de l’OM est resté évasif, se contentant de réponses lapidaires.
La seule explication avancée est celle du manque de récupération : « On est rentrés vendredi matin à 5 heures du matin d’Amsterdam. Donc une journée et demie de repos, ce n’est pas une excuse, mais c’est un constat. Paris a eu quatre jours de repos. » Un argument qui s’entend, mais qui ne peut justifier à lui seul l’attitude des Olympiens, pas seulement surclassés techniquement, mais battus dans tous les duels, parfois hagards et hébétés, et dont les pieds ont beaucoup trop tremblé pour espérer quoi que ce soit. « On va être clairs. On a perdu dans toutes les phases de jeu. Dans l’attitude d’abord. On n’a rien créé. On n’a rien fait. On a encaissé quatre buts. Parfois, je dis que je suis fier de nous. Là, je ne peux pas le dire. C’est une soirée difficile », a résumé Pau Lopez, au micro de Prime Video.
Un bétonnage fissuré de partout
Prompt à monter au front depuis plusieurs jours, l’Espagnol a haussé le ton quand on lui a demandé si le contexte bouillant d’un Classique avait pu inhiber les siens : « Non, un match, c’est onze contre onze pendant 90 minutes. C’est trop facile de dire qu’on traverse une période compliquée. Là, c’est le moment de repartir de zéro. D’avoir un nouvel entraîneur et de se relancer dans cette saison ! » Moins philosophe, Samuel Gigot a lui aussi été plus véhément au micro de Prime Video que face aux attaquants parisiens, en dehors d’un tout petit accrochage avec Randal Kolo Muani en fin de match : « Quand on joue un Classique avec aussi peu d’envie, ça n’est pas possible. Faut plus leur rentrer dedans. Là, on les a trop respectés. […] Je pense qu’on a manqué un peu de couilles ce soir. »
L’OM a surtout clairement manqué d’ambition dans le jeu. Avec un effectif loin d’être ridicule, les Phocéens auraient pu se montrer plus courageux qu’en alignant une défense à cinq jamais testée en match, ni à l’entraînement. À la place, ils ont préféré attendre sagement le PSG devant leur surface, offrant ainsi aux Parisiens l’économie de leur pressing énergivore habituel. En abandonnant complètement la balle pour tenter de piquer sur de rares contres, l’OM s’est tiré une rafale dans le pied. Cette stratégie aurait certes pu être valorisée si Vitinha avait été plus adroit lors des rares situations en faveur des Olympiens, mais elle restait bancale dans tous les cas. « C’était très compliqué. Le plan qu’on avait mis en place pour ce match-là est vite tombé à l’eau », a reconnu Samuel Gigot, auteur d’une promesse : « On va se relever et on les attendra au retour comme il faut. » D’ici là, le football sera peut-être revenu au premier plan à l’OM.
Par Adrien Hémard-Dohain, au Parc des Princes