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L’OM en salle d’attente
Avec trois succès à la suite en championnat et 27 points au compteur, l’équipe de Rudi Garcia s’est enfin extirpée du ventre mou de la Ligue 1. Sixièmes, les Marseillais décollent enfin. Les changements de l’automne digérés et la barre sportive redressée, l’OM peut regarder de l’avant. Une perspective aussi excitante que nécessaire.
En fin stratège qu’il est, Rudi Garcia sait qu’après les échecs viennent les maths. « Multiples de 3 ce soir : 3 victoires consécutives. 6e place. 9 points en trois matchs. 27 points au classement. Allez l’OM » , a-t-il gazouillé sur Twitter à la suite du joli succès obtenu au Vélodrome face à Lille ce dimanche (2-0). Et le coach phocéen peut être fier de lui, puisque l’OM n’avait plus gagné trois fois consécutivement en Ligue 1 depuis la fin de saison 2014-2015, terminée en trombe par un quatre à la suite que n’aurait pas renié Julien Lepers face à Metz (0-2), Monaco (2-1), Lille (0-4) et Bastia (3-0). Avec pour seule ombre au tableau une élimination aux tirs au but à Sochaux en Coupe de la Ligue, le mois de décembre phocéen est celui de la vraie mise en place. Garcia a placé ses pions, affiné sa stratégie et terminé « l’audit » de son effectif, pour employer ses propres termes. La digestion du changement de direction, de projet et de coach aura donc pris deux mois. Le temps d’un novembre catastrophique où rien n’a marché après le nul en trompe-l’œil au Parc des Princes (0-0) : défaite à Montpellier (3-1) et Monaco (4-0), nul à domicile face à Bordeaux. Et donc ce décembre réussi. Une récolte hivernale des fruits plantés par Garcia avec des joueurs qui carburent fort comme Thauvin ou Lopez et d’autres qui se montrent intéressants comme Sakai, Pelé ou Vainqueur. Mais si les Marseillais veulent bien finir leur année civile à Bastia ce mercredi, c’est aussi parce qu’ils savent qu’un meilleur classement à la trêve leur permettra d’être plus attractifs lors du mercato d’hiver. Car si le projet de l’OM est enfin lancé et que les résultats, ainsi que le fonds de jeu s’améliorent, cette sixième place et ce soleil qui commence à planer dans le ciel phocéen sont aussi de sacrés trompe-l’œil. En effet, si les bases semblent être posées dans les Bouches-du-Rhône, certaines pièces sont à changer, d’autres à jeter. Et le plus tôt sera le mieux.
De bons résultats, mais un état des lieux compliqué
Car outre la doublette Lopez-Thauvin qui commence à faire plaisir à voir, le projet « OM Champions » est pour le moment planqué sous un bon paquet des toiles d’araignée. Et si un effectif ne se bâtit pas sur un mercato d’hiver, la revue d’effectif opérée par Rudi Garcia a montré toutes les faiblesses de l’OM dans certains secteurs de jeu. Cinquième meilleure défense de l’Hexagone, meilleure défense de L1 à domicile, l’arrière-garde olympienne est paradoxale, en cela qu’elle n’a pas fière allure. Obligé d’aligner quatre défenseurs centraux à Sochaux (Hubočan, Kamara, Dória, Rolando), d’utiliser un droitier en latéral gauche (Hubočan), et de faire avec un Sakai aussi intéressant offensivement que fébrile défensivement, Rudi Garcia entraîne l’équipe qui a réalisé le plus grand nombre de clean sheets mais qui, sur le papier, ainsi que lors de certains temps de jeu, n’est pas l’assurance tout risque. Autre point négatif, le poste de numéro 9, où Bafé Gomis porte sa besogne en bandoulière et plante un but toutes les dix maladresses techniques. Bafé fait du Bafé, en somme, mais n’est pas épaulé, puisque Njie fait du Njie et que Leya Iseka est pour l’heure plus frère de Michy qu’attaquant. Le plus dur reste donc à faire pour l’OM qui peut toutefois se baser sur des fondations mentales solides et des résultats qui offrent un peu de temps pour la construction réelle d’un édifice sexy. Et comme les bâtisses les plus solides sont celles avec les meilleures fondations, l’OM peut compter sur deux murs porteurs qui ont toujours fait sa force et ne vont pas l’un sans l’autre : une solidité retrouvée au Vélodrome (l’OM est avec Nice et Paris la seule équipe encore invaincue à domicile) et des supporters qui ont toujours répondu présent depuis la nomination de Rudi Garcia, même lors des contre-performances à Monaco, puis Sochaux. À Marseille, il n’y a plus qu’à espérer qu’Andoni Zubizarreta soit gâté par le père Noël. Et le père McCourt.
Par Swann Borsellino