- C3
- J3
- Marseille-Lazio (1-3)
L’OM en plein bad trip
Enivré par son parcours européen la saison dernière, l’OM se tape une sacrée gueule de bois. Allez, un Doliprane, et on repart vite au travail.
Selon le site de Conseils, aide et action contre la toxicomanie, la « descente » est un état dépressif et anxieux qui suit la période d’excitation consécutive à l’absorption d’excitants tels que la cocaïne, les amphétamines et dérivés. En gros, la prise de drogues augmente la présence de sérotonine et de dopamine dans le cerveau, des neurotransmetteurs qui provoquent un effet euphorisant et stimulant. Mais après cette phase vient celle de la terrible « descente » . C’est la phase de la diminution de ce taux de sérotonine et dopamine. Le monde s’écroule. Tout ce qui était beau disparaît et laisse place à la dure réalité. Pas besoin d’être diplômé en biologie pour deviner dans quelle phase se trouve l’Olympique de Marseille.
Grosse teuf
La saison dernière, tout commençait mal pour l’OM. Puis le club s’est stabilisé tranquillement, petit à petit, à force de travail. Pour progresser, les Marseillais se sont tués à la tâche. Les soldats Zambo, Sakai, Ocampos, Gustavo, Rami, Sarr et Thauvin ont enfilé le bleu de chauffe. Jusqu’à ce qu’entre dans leur vie un doux vice : la Coupe d’Europe. Elle est arrivée là presque par hasard, tant la phase de poules était compliquée avec Salzbourg, Konyaspor et Guimarães. Il a fallu quelques coups de pouce du destin, quelques buts à l’arrache en fin de match après des prestations bien ternes, pour se hisser jusqu’en huitièmes de finale. Puis Marseille y a pris goût.
Au fur et à mesure que les tours passent, le club et ses supporters se laissent griser. C’est carrément la folie lors des grandes défonces au Vélodrome contre Leipzig (5-2) et Salzbourg (2-0). Complètement euphoriques, les Marseillais débordent d’énergie et tiennent le rythme élevé de Monaco et Lyon en championnat. Ils mettent même un temps l’OL dans leur rétroviseur. Mais dans ce marathon de drogue européenne, l’OM se disperse et perd en lucidité. Pas grave, la perspective d’un podium couplée à un titre européen non prévu est en ligne de mire. Ce serait l’extase. Sauf que Marseille a laissé filer la qualification en Ligue des champions, et s’est pris une grande claque dans le match face à l’Atlético où il devait « tout casser » .
Gueule de bois
La soirée de tous les excès est terminée. La descente commence. Et elle est à la hauteur de l’euphorie qui précédait. Au bout de trois matchs à peine, l’OM est déjà quasiment éliminé de la Ligue Europa après deux défaites à domicile et un nul à Limassol. Cette fois-ci, c’est Francfort qui a marqué dans les dernières minutes, et Limassol qui est revenu à 2-2. Cette saison, Marseille entre en cure de désintox. La drogue, la Coupe d’Europe, c’est terminé. Mais finalement, est-ce que l’OM ne devrait pas se résoudre à revenir à la réalité ? Il faut lâcher l’affaire, et reprendre son petit quotidien. Métro, boulot, Ligue 1. Pour continuer à grandir, la fougueuse équipe marseillaise de la saison dernière doit mûrir. Il y aura peut-être moins de kif sans parcours européen cette saison, mais plus de raison.
Par Kevin Charnay