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L’OM en mode caméléon
Six victoires consécutives et aucune qui n’a la même couleur. Depuis six journées, l’OM montre qu’il est capable de gagner de plusieurs manières, en s’adaptant à son adversaire. Une flexibilité tactique qui fait sa force et qui ne demande qu'à être confirmée à l'heure où Marseille rend visite à Metz.
Le caméléon est un petit lézard d’Afrique, de Madagascar et de l’Asie du Sud-Ouest, pourvu de capacités remarquables à la vie dans les arbres et à la chasse aux insectes. Malgré la présence d’une queue préhensile, de pattes formant des pinces, de ses yeux à mouvements indépendants et d’une langue protractile démesurée, c’est bien sa capacité à changer de couleur pour se fondre dans le décor qui est le plus impressionnant. Et en ce moment, le caméléon de la Ligue 1, c’est bien l’OM. Malgré son état d’esprit irréprochable, son coach charismatique, son capitaine gardien infranchissable, son public exceptionnel et la présence de quelques joueurs soyeux comme Dimitri Payet ou Dario Benedetto, la caractéristique la plus impressionnante de l’OM d’André Villas-Boas, c’est bel et bien sa capacité à changer de tactique pour obtenir les trois points.
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Pour la première fois depuis le début de la saison 2014-2015 sous Marcelo Bielsa, Marseille est sur une série de six victoires consécutives en Ligue 1. Ce qui constitue un mini-exploit dans ce championnat où personne n’arrive à enchaîner les résultats positifs, et qui permet à l’OM de faire un très solide deuxième (six points d’avance sur Lille, le troisième). D’ailleurs, même le PSG n’a pas réalisé une telle série de victoires cette saison. Mais le plus bluffant dans cette régularité olympienne, c’est qu’aucune de ces victoires ne se ressemble. En alignant constamment le même 4-3-3 à chaque match et en confirmant régulièrement en conférence de presse son souhait de ne pas y toucher, André Villas-Boas pourrait paraître rigide tactiquement. Sauf que c’est tout le contraire, car son dispositif est capable de s’adapter à chaque match en fonction de l’adversaire.
Lors de cette série de six succès, Marseille a pu étaler sa large palette tactique. Face à des équipes comme Brest et Bordeaux, qui ont pour habitude de constamment repartir proprement de derrière quitte à prendre des risques, l’OM a opté pour un bloc très haut et un pressing agressif. Face à Angers, très à l’aise en contre et beaucoup moins avec la possession, les hommes d’AVB ont sciemment laissé le ballon à l’adversaire. Contre un Toulouse malade et bien en place, Marseille a su être patient et attendre la faille avec un jeu de possession parfois ennuyant, mais bien organisé. Et enfin, dans les gros matchs contre Lille et Lyon, les Phocéens ont insisté sur les duels, le jeu long et la conquête des seconds ballons. À chaque fois, les forces et surtout les faiblesses de l’adversaire ont été identifiées en amont et exploitées sur le terrain. Simple, mais suffisant.
La palette tactique
Encore plus bluffant, Marseille peut s’adapter en cours de match aux éléments extérieurs et aux faits de match. Quand elle est réduite à dix à la 60e contre l’OL, l’équipe passe du pressing haut au bloc bas pour résister assez facilement. Quand elle mène au score sans trop d’effort contre Angers, elle est capable de fermer le match en confisquant le ballon sans prendre de risque. Et au contraire, quand elle est menée contre Bordeaux après une première période d’observation, elle peut revenir des vestiaires et entamer son pressing tout terrain pour renverser la situation. Résultat : tous les coachs adverses ont reconnu la supériorité tactique de l’OM après le match, Stéphane Moulin en tête : « Il faut féliciter Marseille, et leur entraîneur, car je pensais qu’ils allaient s’y prendre autrement. Le résultat leur a donné raison. C’est très fort de convaincre de tels joueurs de ne pas garder le ballon. » Il y a à peine quatre mois, l’OM n’avait aucune formule pour gagner des matchs. Aujourd’hui, il en a même plusieurs.
Par Kevin Charnay