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L’OM doit-il se contenter de cela ?
À l’Olympique de Marseille, cette année, tout s'est finalement joué sur un match ou plutôt deux, en comptant celui de Monaco à Lens, pour tirer un bilan plus ou moins positif de la première saison complète de Jorge Sampaoli sur le banc de l'OM. Bien que la deuxième place plaide en sa faveur, doit-on pour autant s’en contenter ?
Samedi 21 mai 2022, 22h48. Alors que l’Olympique de Marseille mène 4-0 face à Strasbourg sur la pelouse de l’Orange Vélodrome et qu’il ne manque qu’un petit but pour que les Marseillais soient deuxièmes à la différence de buts particulière, un murmure qui se transforme en une fraction de seconde en clameur s’empare des travées du stade pour annoncer la bonne nouvelle : le Lensois Ignatius Ganago a égalisé à la 96e minute face à Monaco, ce qui envoie directement les Phocéens au septième ciel, ou du moins en Ligue des champions sans passer par la case barrage.
Au coup de sifflet final, un président ému aux larmes sur la pelouse, une communion des joueurs avec les supporters dans un stade en fusion et une scène qui symbolise toute cette folie douce : Matteo Guendouzi, sourire aux lèvres, porte vigoureusement Jorge Sampaoli. Quelque part entre la gratitude et la joie compulsive, ce geste de l’ancien milieu de terrain d’Arsenal n’est pas anecdotique. Car au terme de ce scénario épique, c’est toute la philosophie du tacticien argentin qui triomphe, les principes de jeu introduits par l’ancien sélectionneur de l’Argentine que ses petits protégés se sont appropriés et ont appliqués avec rigueur. L’objectif du début de saison est rempli. Sportivement, c’est une réussite, et au regard des bonds du propriétaire Frank McCourt sur son siège, c’est également une bonne nouvelle au niveau financier. Six ans après avoir acheté le club, l’Américain vient d’obtenir une deuxième qualification en Ligue des champions en trois ans. Vu d’ici, le tableau est parfait.
La gagne qui cache la forêt
En regardant dans le rétroviseur, les supporters marseillais se rappelleront aussi que cette saison a été un long fleuve pénible, rempli de doutes, d’incompréhension et de scepticisme à l’égard de Jorge Sampaoli, dont les choix et la philosophie ont été loin de faire l’unanimité. Même si le résultat final lui donne raison, la place de dauphin ne peut pas tout masquer. Certes l’homme qui ne connaît pas de limite à sa zone technique a réussi à fédérer autour de lui un effectif finement concocté par le talentueux Pablo Longoria. Les échecs successifs en Coupe de France (Nice) et en Ligue Europa Conférence (Feyenoord) ainsi qu’une faiblesse dans les confrontations face aux rivaux que sont Lyon et Paris apparaissent comme des grosses taches sur le bilan de la saison. Autre point sensible, l’Argentin a parfois semblé prisonnier de sa propre philosophie en voulant imposer un poste à des joueurs pas adaptés : Lirola dans un rôle hybride de milieu de terrain latéral, Gerson ailier gauche ou encore Saliba latéral droit.
La quête de patience et de possession à outrance est-elle vraiment compatible avec une devise ( « droit au but » ) qui prône tout le contraire ? Force est de constater que le projet du natif de Casilda a été un petit fiasco au Vélodrome (l’OM a terminé 10e de Ligue 1 à domicile). Un petit gâchis quand on sait à quel point le public olympien ne demande qu’à s’embraser. L’objectif du divin chauve sera d’appuyer sur les bons boutons la saison prochaine, sachant qu’il a réussi à trouver la formule à l’extérieur, personne n’ayant fait mieux que l’OM et ses 12 victoires à l’extérieur (contre seulement 9 à domicile).
Et maintenant, on fait quoi ?
Maintenant que la qualification en Ligue des champions est actée, les dirigeants marseillais auraient pu se demander s’il était judicieux de poursuivre l’aventure avec un entraîneur de 62 ans suffisamment instable pour ne jamais avoir tenu deux ans sur le banc d’une équipe ? Arrivé à Marseille en mars 2021 comme le pompier de service qui a su éteindre un incendie de grande ampleur, le sosie de feu Ticky Holgado a su se muer en un conducteur de travaux en posant les fondations de l’ère Longoria. Ses expériences tactiques incessantes et sa fébrilité dans les grands rendez-vous ont beau avoir laissé deviner que l’état de grâce ne s’éterniserait pas forcément, Sampaoli devrait bien être entraîneur de l’OM la saison prochaine. Selon les informations de L’Équipe, le coach, sous contrat jusqu’en 2023, pourrait même prolonger. Dès lors, il ne faudra pas s’étonner de voir Mattéo Guendouzi expérimenter le poste d’avant-centre dans les prochains mois.
Par Harrel Mbadinga Obame