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L’OM dans la 36e chambre du football
Des baffes en rafales. C’est ce que prennent actuellement dans la face les supporters de l’Olympique de Marseille. Giflés à domicile par Naples, les amoureux du club vivent un mois d’octobre extrêmement compliqué. Au fond du trou en Ligue des champions, les Phocéens abattent une dernière carte ce week-end au Vélodrome face à Reims. Une ultime occasion de se remettre dans le droit chemin et de quitter cette foutue 36e chambre.
C.R.E.A.M. La punchline lactée du Wu-Tang Clan fête ses vingt ans cette année et, à Marseille, on aime à croire que dans le football comme dans le Staten Island des années 90, l’argent règne en maître. Sauf que, comme le disent Raekwon, Inspectah Deck ou Method Man dans un single passé à la postérité, l’oseille est une chose, mais la créativité et le travail sont des valeurs fondamentales. Certes, l’Olympique de Marseille accuse un déficit de moyens face à Paris ou à Monaco, mais l’OM n’est pas un petit poucet et, surtout, le problème ne l’OM n’est pas là. Si le club de la cité phocéenne a passé un mois d’octobre digne de la 36e chambre du football, c’est justement car ces maîtres mots que sont la créativité et le travail ne semblent plus faire partie du vocabulaire des hommes de la Canebière. Au vrai, ces termes ont été oubliés par fatigue et lassitude, quand ce n’est pas du laxisme. De l’argent, l’OM en a dépensé cet été. Cela étant, encore une fois, ce mardi, Naples était trop fort. Mais encore une fois, aucun sentiment de révolte. Seul André Ayew, roi lion esseulé dans une jungle en péril, semble encore avoir envie d’épargner à ses supporters une saison compliquée et un trop plein de tristesse. Tearz.
Shame on a nigga
Dortmund, Naples, Arsenal. C’est sûr, cette poule n’était pas une autoroute vers les huitièmes de finale. Au final, trois matchs auront suffi à offrir à l’OM son calvaire annoncé. Un calvaire qui a le mérite de faire office de révélateur. À Marseille, certains joueurs n’ont pas le niveau de la Ligue des champions. Dans l’œil du cyclone depuis le début de la saison, Rod Fanni a été catastrophique pendant les cinquante minutes qu’il a disputées face aux Italiens. Plus généralement, le latéral droit n’a rien dans les chaussettes. Constamment pris dans son dos défensivement, rarement dangereux lors de ses montées, Rod peut s’estimer heureux que ni Réveillère ni Corchia ne se soient engagé à l’OM cet été. Les supporters, eux, font la gueule. Les problèmes de leur club au poste de latéral droit et gauche, ils les connaissaient, mais l’OM, c’est un peu vous quand vous faites une liste avant de descendre faire les courses, sans la prendre. Sur cette liste, il y avait marqué « PQ » , puis « prendre un 9 » , mais en attendant, c’est toujours Gignac qui déambule péniblement sur le front de l’attaque, prouvant une nouvelle fois, si cela était nécessaire, que dès que le niveau de jeu s’élève, son influence sur le jeu – pas sur le hors-jeu, en revanche – est limité. Et que dire du milieu de terrain ? Cheyrou ressorti du placard pour un match aussi important, Romao invisible ou encore Mathieu Valbuena qui semble accuser le coup physiquement depuis quelques rencontres, faute d’un turnover suffisant. Et qui dit turnover dit Élie Baup, le Method Man de l’OM sans solution dans son bateau qui navigue à vue, faute de mieux.
Protect your neck
Pas amateurs de cabotage, les Phocéens ne voient rien à part un horizon brumeux. Dans un groupe F ultra-serré où les trois favoris comptent six points, l’OM ne peut espérer une rencontre « facile » où un adversaire va balancer une rencontre de C1 au profil d’un choc en championnat. C’est donc le spectre du Dinamo Zagreb qui plane actuellement au-dessus de la Bonne-Mère. Oui, l’OM pourrait bien finir sa campagne européenne avec zéro point et ça, c’est moche. De toute façon, dans l’état actuel des choses, les Phocéens ne peuvent guère espérer mieux. En octobre, les Marseillais se sont inclinés à quatre reprises en quatre rencontres, encaissant huit buts pour seulement deux petites banderilles plantées. Mais plus que cette mauvaise passe, c’est la manière et la tournure des événements qui inquiètent. Certes, à Nice, David Ospina a empêché l’OM de prendre au moins un point sur la pelouse de l’Allianz Riviera. Mais les hommes de Baup n’avaient pas pratiqué un football exceptionnel non plus. Quand on évoquait le fait que Marseille avait des ressources financières, il suffit d’un coup d’œil à son effectif pour comprendre que cela est vrai. Mais ni Thauvin, ni Lémina, ni Khalifa ne semblent trouver véritablement grâce aux yeux d’un Baup qui n’a jamais vraiment fait la part belle aux remplaçants. Alors c’est ça, le souci de l’OM, un problème de gestion ? Can it be all so simple ? Non. Mais cela en fait partie. Entrés dans une spirale négative où ils ont souvent frôlé le ridicule, les Phocéens ne s’en sortiront que par ce qui compte dans le foot : le résultat et les couilles. Parce que sortir en ayant perdu est une chose, mais sortir, comme Mathieu Valbuena, et dire « c’est la honte » en est une autre. Leur salut passe par la réception de Reims ce week-end, et le déplacement à Rennes, la semaine suivante. Après tout, l’OM n’est pas si loin du podium, son objectif principal, et la saison est encore longue. A better tomorrow, chantaient RZA et Method Man, dans Wu-Tang Forever.
Par Swann Borsellino