- C1
- Gr.C
- FC Porto-Olympique de Marseille (3-0)
L’OM à la mer
12 à la suite. Même Julien Lepers n'avait pas osé. Battus logiquement sur la pelouse de Porto (0-3), les joueurs de l'Olympique de Marseille concèdent une douzième défaite de suite en Ligue des champions. Une statistique presque anecdotique au vu du contenu proche du néant proposé par les Phocéens ce mardi soir. Plus qu'inquiétant.
FC Porto 3-0 Olympique de Marseille
Buts : Marega (4e), Oliveira (28e) et Diaz (69e)
Ça tient à quoi, un match de Ligue des champions ? À un penalty ? Celui botté par Dimitri Payet à la dixième minute de jeu, à 0-1, par exemple ? Admettons. Envoyé face à ses responsabilités grâce à un bon travail de Florian Thauvin devant Malang Sarr, le Réunionnais s’avance devant Marchesín avec comme seule certitude le fait qu’il a troqué son chignon contre ses petites bouclettes. Une coupe qui ne le rapproche ni du bol ni des grandes oreilles, puisque son ballon s’envole dans le ciel portugais comme s’il avait une envie pressante de taper un plongeon dans le Douro. Certes, l’OM vient de manquer l’occasion de marquer son premier but en Ligue des champions depuis Souleymane Diawara, un soir de décembre 2012. Certes, l’OM vient de manquer l’occasion d’égaliser et de recoller immédiatement dans un match qui a semblé bien trop tôt lui glisser entre les doigts. Mais pour les Phocéens, un match de Coupe d’Europe ne tient pas à un penalty. Ni même à une défense à 3 comme il y a une semaine ou une défense à 4 comme ce mardi soir. La vérité, c’est qu’une soirée de C1 tient à bien plus que ça, et les hommes d’AVB, comme trop souvent depuis le début de la campagne 2020-2021, n’ont jamais semblé proches d’avoir les épaules pour remplir le costard européen. Récit d’un naufrage rapide en deux actes.
Quatre minutes et puis s’en vont
Rapide car l’OM s’est noyé dès le pédiluve. Les supporters de l’OM ont à peine l’occasion d’apprécier la projection vers l’avant de la doublette Payet-Thauvin que leurs rêves explosent en plein vol comme une mouche sur un pare-brise. Sur la lancée de ses récentes performances, Ćaleta-Car se dit que la quatrième minute est le bon moment pour tenter une relance molle, en cloche, de l’intérieur du pied. Une idée qui sied à Corona qui décapsule Sakai grâce à un contre favorable avant d’offrir un moment de fraîcheur à Marega, qui marque seul devant le but vide (1-0, 4e). Il est 21h04, et l’OM a déjà la gueule de bois. Le penalty loupé par Payet ne sert pas d’aspirine. Pire, la percussion de Thauvin devant Oliveira puis Sarr ayant mené au penalty constitue la seule offensive phocéenne pendant plus d’une demi-heure. En face, comme Manchester City et l’Olympiakos avant eux, les joueurs de Porto semblent jouer tranquillement, sans avoir besoin d’en faire trop. D’eux aussi, on dit qu’ils ne sont pas en forme. D’eux aussi, on voit qu’ils seraient prenables pour beaucoup. Pas pour Marseille, qui multiplie les passes manquées, notamment à destination du pauvre Kamara qu’on envoie au charbon. Mais l’histoire de penalty n’est pas terminée. Peu avant la demi-heure de jeu, Jordan Amavi attrape Corona en retard sur nouvelle vague offensive portugaise. L’arbitre ne s’y trompe pas, pas plus qu’Oliveira, qui montre à Payet qu’en force, à ras de terre, ça marche un peu mieux (2-0, 28e). Porto n’a pas sué qu’il mène 2-0. L’OM en a déjà marre que c’est seulement la mi-temps.
Faites entrer Di Meco !
Remontés les Phocéens à la pause ? Le latéral gauche, seulement. Celui qui commente, en tribunes : Éric Di Meco. Et pendant que le consultant de RMC Sport invite sereinement les coéquipiers de Steve Mandanda à repartir avec des morceaux de Portugais à défaut des trois points, sur le terrain, RAS. Ćaleta-Car continue d’envoyer des ballons en touche, tandis que le seul sentiment de révolte vient de Valère Germain, en plein échauffement depuis le retour des vestiaires et mécontent de voir Cuisance et Luis Henrique remplacer Sanson et Payet à la 65e minute. Électrochoc de qualité puisque quatre minutes plus tard, Corona continue son festival. Presque seul en contre, le Mexicain conserve, percute, se joue de Kamara et d’Álvaro dans l’axe avant de décaler Luis Diaz à droite, à l’entrée de la surface. Le Colombien de Porto ouvre parfaitement son pied et laisse Mandanda pantois (3-0, 69e). Entrés avec un peu plus de bave aux lèvres que les titulaires, Luis Henrique, par le dribble, et Cuisance, d’une belle praline des vingt mètres, offrent un maigre sourire aux supporters de l’OM que personne ne peut réconforter ce soir. Ni eux, ni les entrées tardives de Valère Germain, Marley Aké et de Kevin Strootman. Ce mardi soir, à Porto, Marseille concède sa douzième défaite consécutive en C1, record d’Anderlecht égalé. Et le pire dans tout ça, c’est que cette sombre statistique semble presque anecdotique face à la prestation livrée au Dragão, mélange de néant créatif et de gouffre d’envie.
FC Porto (4-3-3) : Marchesin – Sanusi, Sarr, Mbemba, Manafa – S. Oliveira, Uribe, Otavio (Taremi, 88e) – Diaz (Nakajima, 75e), Marega, Corona (Vieira, 85e). Entraîneur : S. Conceição.
Olympique de Marseille (4-4-2) : Mandanda – Amavi, Ćaleta-Car, Álvaro, Sakai – Kamara (Strootman, 85e), Sanson (Cuisance, 65e), Rongier, Payet (Luis Henrique, 65e) – Benedetto (Germain, 77e), Thauvin (Are, 85e). Entraîneur : A. Villas-Boas.
Par Swann Borsellino