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L’Olympique lyonnais et Juninho en plein chantier

Par Mathieu Rollinger
4 minutes
L’Olympique lyonnais et Juninho en plein chantier

Après ses joies européennes, l'Olympique lyonnais est confronté à une vague de départs qui fait tanguer Juninho. Pourtant, le directeur sportif sait aussi qu'il possède encore dans sa manche quelques cartes pour pouvoir poursuivre le bon travail réalisé ces dernières semaines et voir l'avenir avec un minimum de sérénité.

le 11/09/2020 à 21:00
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Arrêté au stop, Juninho se cramponne à son volant de directeur sportif et se gratte la barbe face aux panneaux d’indication. À gauche : « Toutes directions ». À droite : « Autres directions ». Difficile face à des possibilités aussi vastes, un itinéraire aussi flou, de mener à bien ce voyage estival qu’est le mercato. Car si Rudi Garcia dit qu’il pourrait conduire lui-même beaucoup de ses joueurs qui auraient la possibilité de signer « dans une équipe qui a été construite pour gagner la Ligue des champions », et notamment Memphis Depay à Barcelone, pour le manager brésilien, les choses ne sont pas aussi simples. Lui a un cap à tenir, une ligne à suivre, imposée par le président Aulas et dictée par des logiques autant sportives qu’économiques. Par la peur de l’échec aussi. « Honnêtement, je suis un être humain, donc oui j’ai peur, confiait Juni cette semaine à RMC. On a des sentiments, des désirs, des rêves et des faiblesses. J’ai peur par certains moments. Mais ce n’est pas la peur qui va me faire arrêter. » Et aujourd’hui, la peur — ou du moins les doutes — se situe particulièrement sur un onze à reconfigurer. De l’équipe type qui s’était dégagée pendant l’exaltant Final 8, la moitié pourrait continuer son aventure loin de Lyon.

C’est en tout cas déjà acté pour Fernando Marçal, qui a rejoint Wolverhampton contre 2 millions d’euros, mais aussi pour Rafael, parti libre à l’Istanbul Başakşehir et Kenny Tete à Fulham. Jason Denayer est, lui, dragué par le Napoli. Mais c’est à l’avant qu’on rame le plus fort. Car les Gones ne sont assurés de conserver aucun membre du trio Aouar-Depay-Dembélé. Malgré l’intérêt d’Arsenal pour le premier, du Barça pour le second ou d’ailleurs pour le dernier, aucune offre formelle n’a été transmise pour le moment. Pour le Néerlandais, convoité par son ancien sélectionneur Ronald Koeman, mais en fin de contrat à l’OL en 2021, le dilemme est posé. Juninho : « Est-ce que l’on garde Memphis jusqu’à la fin de la saison et il nous aide comme le capitaine et le joueur de talent qu’il est ? Ou est-ce que l’on accepte un transfert et on prend de l’argent pour faire d’autres investissements ? Voilà les questions que l’on se pose, mais nous n’avons pas la réponse à 100%. » Dans l’esprit de la direction rhodanienne, une chose est sûre : « On ne va pas perdre les trois en même temps. »

« On a besoin d’état d’esprit »

La seule question que doit aujourd’hui se poser l’Olympique lyonnais, finalement terriblement dépendant du marché, est : avec qui construire une base suffisamment solide pour une saison sans Coupe d’Europe, mais censée transformer les bonnes choses aperçues en fin d’exercice et gratter une place en Ligue des champions en juin prochain ? Rudi Garcia pourra évidemment s’appuyer sur des leaders comme Anthony Lopes, Léo Dubois et Marcelo, ainsi que des joueurs « pratiques » comme Joachim Andersen, Maxwel Cornet, Thiago Mendes ou Karl Toko Ekambi. Il pourra surtout continuer de faire grandir les jeunes pousses comme Rayan Cherki, Maxence Caqueret et Melvin Bard, ainsi que les prometteurs Guimarães et Kadewere. Il faudra aussi gérer le cas Jeff Reine-Adélaïde, après sa sortie maladroite. Mais il y a largement de quoi tenir le rythme moyen d’un match par semaine, bien travailler et progresser. « À partir du moment où tu joues un match par week-end pendant 38 journées, tu auras une équipe type, prévoit le DS. On a besoin d’autres joueurs pour faire la différence, on a cinq changements, mais on a besoin d’état d’esprit, des joueurs qui sont là pour ça. Mais 28 joueurs, c’est trop. »

La priorité est là avant de parler d’arrivées. Car au-delà du coup de cœur pour Facundo Pellistri, l’attaquant uruguayen de 18 ans de Peñarol, les cibles sont pour le moment tenues secrètes. « Quand tu dis que tu veux acheter un joueur, d’autres clubs arrivent derrière et le prix monte, se méfie Juninho, avant de laisser planer quelques mystères. Bien sûr qu’on a déjà des dossiers, je ne dirais pas avancés, mais… » De ce que l’on sait, Matteo Guendouzi (« pas le profil voulu »), Alexandre Lacazette (à qui il a proposé de venir en prêt l’hiver passé), Samuel Umtiti (mais dont le salaire est intenable pour l’OL) ont été sondés. Pour l’avenir, Karim Benzema serait « un rêve » pour Juninho : « On attend le bon moment pour lui mettre un projet sur la table. » Mais pour le moment, il n’est question ni de se voiler la face, ni de pleurer les futurs départs. Car tout ce qui arrive aujourd’hui à l’OL est autant la rançon de la gloire connue au mois d’août que des déboires traversés les mois précédents.

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