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L’Olympique de Marseille et Zubizzareta en restent là
L'Olympique de Marseille et Andoni Zubizarreta ont mis un terme à leur collaboration. Et le départ du directeur sportif, s'il était fortement pressenti ces dernières semaines, met notamment en péril la pérennité d'un projet dans lequel l'Espagnol a impliqué André Villas-Boas... Les prochains jours risquent d'être rock'n'roll sur la Canebière.
Que ce soit en tant que gardien ou dirigeant, Andoni Zubizarreta ne le sait que trop bien : les critiques font partie du métier. « J’essaie de faire la part des choses et de différencier les critiques qui sont constructives ou pas, expliquait-il au Phocéen en octobre dernier, après les réserves dont il faisait l’objet. C’est quelque chose que j’ai appris dans le foot. Quand je jouais au football, après le match, c’était moi qui connaissais mieux ce que j’avais fait de bien et de moins bien. Si quelqu’un dit quelque chose de faux, ça te fait mal, mais pas trop. En revanche, quand quelqu’un te dit quelque chose que tu penses vraiment, ça te fait plus mal. » Ce jeudi, il n’était plus tant question de critiques que de choix. Et celui qu’ont fait conjointement l’Olympique de Marseille et son directeur sportif a été de séparer leurs chemins, un an avant la fin de son contrat. « D’un commun accord » et « à la suite d’entrevues qui se sont déroulées cette semaine », renseigne le communiqué du club. Et puisque les constats étaient visiblement les mêmes des deux côtés, cette décision devrait donc picoter pour le Basque.
L’Olympique de Marseille remercie Andoni Zubizarreta pour ses 4 années de collaboration ?
— Olympique de Marseille (@OM_Officiel) May 14, 2020
Arrivé en 2016 dans le sillage de Jacques-Henri Eyraud, l’ancien international espagnol quitte pourtant la cité phocéenne la tête haute : « On a partagé un projet dans lequel nous avons vécu des grosses joies et des jours noirs, mais dans lequel je me suis battu chaque jour pour faire le mieux possible pour le club minute par minute, heure par heure, jour par jour, en coulisses ou en pleine lumière, toujours en essayant de donner le meilleur. » Après avoir vécu une finale de la Ligue Europa en 2018, la dernière sensation – puisque c’est en général celle qui reste – a été de replacer l’OM en Ligue des champions. À ce titre, la mission peut être considérée comme réussie. D’ailleurs, le président Eyraud a souligné l’importance de Zubi dans ce « renouveau », par « son expertise afin de rebâtir des fondations solides ». Sous son égide, un groupe olympien a réussi tant bien que mal à se former, malgré le temps d’adaptation de certaines recrues (Ćaleta-Car, Radonjić, voire Benedetto), ou les départs de certains cadres (Luiz Gustavo) ou les couacs avec les jeunes issus du centre de formation (Lihadji). Pourtant, avec un budget serré, une ossature s’est dégagée en attendant un avenir plus radieux. Un avenir qui se fera donc sans Zubizarreta.
Le premier domino à tomber ?
À l’automne dernier, les relations se sont tendues entre le directeur sportif et sa hiérarchie. Parce qu’après avoir dégoté André Villas-Boas comme entraîneur, il aurait entendu ses supérieurs lui faire comprendre qu’ils seraient en quête d’un successeur. Aujourd’hui, ce départ fait tomber un épais brouillard sur le projet marseillais. D’autant plus qu’AVB avait préalablement calqué son futur sur celui de l’ancien manager du Barça, ainsi que celui d’Albert Valentin, chargé du scouting, également partant. « Le plus important pour moi est de comprendre ce qu’il va se passer sur le plan structurel, posait le coach mardi dernier au micro de RMC. Je dois comprendre plus ou moins qui seront les personnes à mes côtés, si Andoni et Albert seront toujours des personnes avec du pouvoir ou non. C’est le plus important, parce que moi en tant qu’entraîneur et eux comme directeur sportif et directeur du scouting ne voulons pas faire de la figuration. On doit et on veut avoir le pouvoir pour exécuter les décisions. » Les craintes du Portugais ne sont pas à aller chercher plus loin : « ne pas faire de la figuration ». Et ce revirement de bord du boardmarseillais risque de laisser à quai un bon paquet de joueurs qui avaient adhéré à cette mission commando, en attendant de voir qui reprendra les commandes du bateau. Mais puisqu’on apprend chaque jour à découvrir « le monde d’après » , qu’il est rassurant de voir que certaines choses ne changent pas !
Par Mathieu Rollinger