- France
- Ligue 1
- 13e journée
- Saint-Étienne/Lyon (1-2)
L’OL reverdit à Saint-Étienne
Quand on joue pour ne pas perdre, on se fait souvent punir. Saint-Étienne aurait du gagner mais a encore failli dans le derby (1-2), face un OL froid, mais costaud et réaliste. Saint-Étienne attendra donc, peut-être, la deuxième décennie d'abstinence pour tenter de rafler la mise.
De ce 107e derby, une chose est sûre, on ne retiendra assurément pas le premier acte. Durant quarante-cinq minutes d’imprécisions techniques, de castration tactique et de duels bien physiques, les deux tauliers du football rhônalpin n’ont pas franchement fait se lever les travées de Geoffroy-Guichard. Celles-ci croient pourtant à l’emballement dès la première minute, sur ce raid côté gauche, endroit d’où proviennent exclusivement les semblants d’occasions vertes jusqu’à la pause. Son centre repoussé par Gorgelin finit dans les pieds de Clerc aux 18 m, qui dégage plus en sortie de but qu’il ne frappe. Un Clerc pas très catholique quelques minutes plus tard pour s’en aller cisailler Bedimo le long de la ligne de touche. Le début de la longue série de « boîtes » qui fait oublier l’essentiel du jeu, peu ou prou dans la même zone où Kurt Zouma a dézingué le Sochalien Guerbert il y a une semaine.
Saint-Étienne ne réussit pas à trouver Corgnet et Hamouma, les accélérateurs. Dans les rangs gones, Grenier est peu visible, Lacazette et Malbranque guère plus. Enfin, du côté des pivots, Gomis et Brandão galèrent comme des Russes pour se sortir de l’étau des défenses axiales. Le Brésilien a un autre centre de Mollo à se mettre sous la dent au quart d’heure, mais l’effleure. Finalement, au milieu d’une flopée de loupés techniques, entre les relances de Bayal ou les mauvais choix de Gomis, la seule action potable est à l’actif de l’équipe la « plus » entreprenante dans le jeu, à savoir l’OL. Sur un bon travail en triangle entre Fofana, Lacazette et Grenier à la demi-heure, ce dernier ne profite pas de sa liberté de mouvement et écrase son tir. Finalement, lorsque Stéphane Lannoy siffle la mi-temps, les deux plus belles actions ne sont pas du fait des 22 joueurs. Car, avec la tentative d’accrochage d’écharpe au filet du but situé devant le kop sud lors de l’échauffement des gardiens et le coup d’envoi fictif, ce sont respectivement Joël Bats et Pierre-Emerick Aubameyang qui excitent le plus le Chaudron. Voleurs de vedette ? Pas vraiment. Attendre la 45e minute pour voir la première frappe cadrée, avec cette louche de pupilles signée Fofana, ça peut générer des « nervous breakdown » .
Jimmy Briand, la rédemption
Un constat partagé par tous, et même par les principaux concernés au vu des deux premières minutes de la seconde période, où ça bouge plus qu’auparavant. Saint-Étienne vient chercher plus haut son rival, mais se fait coincher illico. Bedimo, libre sur le flanc gauche, délivre une galette à un Gomis esseulé, qui signe un joli coup de casque. Ruffier repousse, mais Lacazette déboule à toute vitesse pour mettre un emplâtre sous la barre. Et voilà comment tout le monde se satisfait, plus ou moins, de voir enfin les débats s’accélérer. Corgnet répond d’ailleurs mollement dans la foulée d’un enroulé à vingt mètres. Gorgelin continue de se friser les moustaches, exception faite de ses sorties aériennes pas très rassurantes. Et deux percées vaines de Corgnet plus tard, le jeune portier remplaçant de l’OL part à la pêche sur un nouveau centre de la gauche de Ghoulam. « J’y vais, j’y vais pas » , Brandão choisit pour lui, remet involontairement pour Hamouma au deuxième. La bicyclette de la mobylette aux 6 m passe dans un trou de souris et fait mouche. Le Chaudron reprend des couleurs, visiblement plus emballé par cette ASSE décidément à réaction. Deux minutes plus tard, encore dans ses pensées ou regrets, Gorgelin manque d’offrir un but tout fait à Brandão sur une nouvelle sortie aux choux sur corner. Avant de se reprendre pour détourner un énorme cachou de Gradel à bout portant, pour le premier ballon de l’Ivoirien.
Le plus fort de la tempête ? Que nenni. Lyon plie sous le poids des assauts verts et il faut que la barre transversale ne remplace Mathieu Gorgelin, après que Loïc Perrin a activé le mode hélicoptère sur un centre de Cohade. Gourcuff entre alors pour que l’OL remette le pied sur le ballon. L’ascendant est quand même assurément vert dans cette fin de match où les écharpes tournent et les cœurs se délient. Mais le soufflé retombe aussi vite que l’élan s’est formé. Le suspense est tué dans l’œuf à mesure que Lyon bouche les espaces pour stopper l’hémorragie. Il y a bien ce coup franc d’Hamouma, que personne ne reprend dans la boîte et qui finit dans les panneaux publicitaires après avoir tutoyé le montant, pour faire croire au mirage. Mais le temps fort est passé. Et comme le craint le public au moment fatidique où l’OL a tant de fois crucifié ses préférés, l’impensable se produit. Après une première alerte d’une demi-volée à l’entrée de la surface, sortie par Ruffier, Briand enfile le costume du chevalier blanc et se rachète une cote de popularité auprès de JMA en envoyant dans le petit filet son coup de casque, après un centre de Gourcuff, auteur d’un bon travail près du point de corner. Ou comment Sainté la petite fille s’est encore pris une belle leçon par Lyon la mature.
par Arnaud Clement