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L’OL et le périple d’Istanbul
Les joueurs lyonnais sont de retour à Istanbul, dix mois seulement après leur dernière venue mouvementée dans la ville turque. Alors qu’ils devaient affronter Fenerbahçe en match amical, les Gones s’étaient retrouvés au cœur de la tentative de coup d’État mené par une partie de l’armée contre le régime du président Erdoğan.
Des jets de pétards sur Anthony Lopes à Metz, un envahissement de terrain face au Beşiktaş, des affrontements sur la pelouse avec des supporters bastiais… La saison 2016-2017 de l’Olympique lyonnais n’a rien d’un long fleuve tranquille. Alors que les Gones jouent leur survie sur la scène européenne – leur dernier gros challenge de la saison – ce jeudi soir à Istanbul, en quart de finale retour de la Ligue Europa, il est nécessaire de rappeler que cette triste loi des séries a démarré l’été dernier dans la cité turque, lorsque les hommes de Bruno Génésio se sont retrouvés bien malgré eux au cœur de la tentative de coup d’État visant à renverser le régime du Président Recep Tayyip Erdoğan.
À quelques kilomètres des affrontements
Au sortir du match aller contre le Beşiktaş (2-1) et des nombreux affrontements entre supporters turcs et lyonnais ayant secoué le Parc OL tout au long de la soirée, jeudi dernier, le président lyonnais, Jean-Michel Aulas, semblait plutôt soucieux, en zone mixte, quant au bon déroulement du match retour à la Vodafone Arena : « Nous avons déjà eu un voyage qui s’est mal passé en Turquie au mois d’août. Nous avions été accueillis dans des conditions très particulières. » Pour parfaire la préparation d’avant-saison et appréhender au mieux les premiers rendez-vous européens du Parc OL, le staff lyonnais avait alors décidé de s’offrir une tournée d’été contre le Zénith Saint-Pétersbourg, Fenerbahçe, le Benfica et le Sporting Portugal. Victorieux des Russes (2-1) au début du mois de juillet, les Gones débarquent à Istanbul avec le plein de confiance. Tout est réuni pour mettre les joueurs dans les conditions types d’une rencontre de Ligue des champions. Ainsi, les Lyonnais atterrissent à l’aéroport Sabiha Gökçen, vendredi 15 juillet à 15h, plus de 24 heures avant le coup d’envoi de ce match amical. La délégation prend ensuite ses quartiers dans l’hôtel Mariott Asia, situé sur la rive asiatique de la ville, dans un quartier d’affaires en périphérie du centre historique de la cité turque.
La journée du vendredi se poursuit sur la pelouse du centre d’entraînement de Fenerbahçe en présence notamment d’Emanuel Mammana, la nouvelle recrue olympienne, fraîchement débarqué de River Plate. « On a l’impression de préparer un vrai match de Ligue des champions » , déclare alors Bruno Génésio, impressionné par la qualité des infrastructures du club stambouliote. Mais lors de leur retour à leur hôtel en début de soirée, les Lyonnais vont être les témoins privilégiés d’un événement historique. Une faction des forces armées turques tente de prendre le pouvoir par la force et de renverser le régime du Président Erdoğan pour « rétablir la démocratie » dans le pays. Des heurts éclatent partout dans la capitale, Ankara, et dans plusieurs quartiers d’Istanbul. Une présentatrice de la chaîne publique TRT, prétendant parler au nom de l’armée, annonce en direct que les putschistes militaires viennent de s’emparer du pouvoir et dirigent désormais le pays. Dépassé par les événements, Recep Tayyip Erdoğan, dans une allocation diffusée sur CNN Türk, via l’application FaceTime, appelle son peuple à descendre dans les rues pour résister à la tentative de coup d’État. S’en suit une nuit d’horreur dans les deux principales villes du pays, dont l’issue sera favorable au camp du président Erdoğan. Au lendemain de ces événements, le bilan fait état de 290 morts dont 145 civils.
Gonalons : « On avait tous envie de rentrer en France au plus vite »
Interrogé par RMC Sport pendant cette tentative de coup d’État, Jean-Michel Aulas, qui n’était pas du voyage à Istanbul, tenait alors à se montrer rassurant : « Il n’y a pas de souci particulier à se faire. On a une délégation qui est encadrée par des gens de chez nous sur le plan de la sécurité et puis des personnes qui ont été déléguées par le club de Fenerbahçe et les autorités turques. La situation est plutôt bien maîtrisée et elle ne nous concerne pas directement. Les événements qui se produisent aujourd’hui ont surtout lieu à Ankara. Pour le moment, on est en contact avec les autorités locales et le Quai d’Orsay. L’équipe est au calme. On leur a demandé de ne pas sortir ce soir. Les joueurs ne perçoivent pas la situation de la même façon que nous. Tout est calme de ce côté d’Istanbul. » Des propos confirmés par le capitaine lyonnais, Maxime Gonalons, au micro d’OLTV, le lendemain : « Dans notre quartier, c’était plutôt calme. On était assez loin des événements qu’on pouvait voir à la télévision. Mais on s’est tout de même inquiétés car on a suivi la tournure des événements à la télévision sans trop comprendre ce qui se passait. On avait tous envie de rentrer en France au plus vite. »
Tout va bien les Gones !!! Joueurs et staff attendent dans le calme et la sérénité le retour sur Lyon.
— Olympique lyonnais (@OL) 16 juillet 2016
Le match amical contre Fenerbahçe ayant bien évidemment été annulé, les Lyonnais sont restés confinés dans leurs chambres à l’hôtel tout au long de la matinée du samedi avant de prendre la direction de l’aéroport en début d’après-midi à bord de véhicules blindés. Un premier séjour stambouliote de courte durée, qui reste marqué dans la mémoire de Jordan Ferri, interrogé à ce sujet sur l’antenne d’OLTV mardi soir : « On a tous été choqués de voir les chars vers l’aéroport au moment de rentrer. On a eu un peu peur la veille à l’hôtel. On voyait des hélicoptères, ça klaxonnait. Quand il y a eu le tirage au sort contre Beşiktaş, on a tout de suite repensé à ça. » Si, au sortir d’un référendum visant à renforcer le pouvoir du président Erdoğan, le contexte politique en Turquie semble encore très tendu, on souhaite aux Lyonnais de pouvoir revenir avec de bien meilleurs souvenirs de leur deuxième escapade sur les rives du Bosphore.
Par Maxime Feuillet