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L’OL, entre les lignes

Par Serge Rezza
L’OL, entre les lignes

Depuis l’arrivée de Rémi Garde à sa tête, l’OL s’est fait une spécialité des coupes sombres. Celles qui l’empêchent pour le moment de recruter. Celles qui viennent garnir tant bien que mal un palmarès resté en rade depuis qu’il ne domine plus. Soit deux bonnes raisons de mater ce samedi soir (21 heures) le grand retour des Lyonnais à l’affiche du Trophée des Champions.

De Lyon, on ne conservera jamais que l’invention du cinéma par les frères Lumière et la cuisine des mères révélée par Bocuse en guise de contributions majeures. Il y a cinq ans, on croyait encore dur comme fer qu’un autre monument trouverait sa place aux côtés de ces deux institutions : l’OIympique Lyonnais. Une époque pas si lointaine où l’on n’imaginait pas encore le PSG version QSI capable de changer les règles du jeu et où la place de grand commandeur du foot français était occupée par le club de Jean-Michel Aulas. Il suffit aujourd’hui de retrouver les Lyonnais à l’affiche du Trophée des Champions pour mesurer à quel point les choses ont changé et promettent de ne plus jamais être comme avant. Du moins, comme au cours de ces années 00, ce paradis perdu du supporter lyonnais. La faute à ce déclassement progressif qui a vu l’OL passer du sommet de la L1 à la place du con (4ème), de la Ligue des Champions à l’Europa League, d’une mécanique à même de vampiriser son championnat en vague équipe de coup(e)s.

Ligne de départs

Une autre façon de mesurer l’écart entre ces deux mondes consiste à jeter un œil à l’effectif, seule chose à faire entre les quelques matchs de préparation aux enseignements tout relatifs. Pour l’instant, on reprend les mêmes et on recommence. A l’exception d’Ederson donné partant par ses agents dès l’hiver dernier, aucun des départs annoncés ne s’est encore concrétisé : Tottenham tortille toujours à l’idée de balancer 20 millions d’euros pour Lloris, Cissokho n’a pas encore trouvé de club pour partir au clash, quand les « pharaons » et autres « dinosaures » (Källström, Cris ou Gomis) préfèrent s’en remettre à leurs contrats en béton armé plutôt qu’à une aventure exotique. Ces dernières heures, seul Bastos semblait en mesure de s’envoler pour les Émirats (Al-Aïn) contre une dizaine de millions. Soit pile ce qu’il aurait fallu au club pour présenter des comptes à l’équilibre pour l’exercice 2011-2012 (9 millions d’euros de déficit).

Autrement dit, comme l’a annoncé JMA ces dernières semaines, les quelques arrivées ciblées, en défense et au milieu, dépendront des départs. Reste que l’absence de mouvement n’a jamais empêché de faire bouger les lignes. Et si l’on devait retenir une seule leçon de cette période de préparation, c’est que Rémi Garde s’est employé à les remanier par petites touches, bien plus profondément qu’il n’y paraît. En fin de saison dernière, on avait quitté le coach lyonnais en plein bilan. Duquel il ressortait deux choses : la première, qu’avant de réconcilier l’OL avec son jeu, le 4-3-3 arabesque, Serpent à Sonnettes et autres souvenirs consignés dans le Livre des Merveilles maison, il avait d’abord fallu réconcilier l’OL avec lui-même ; la seconde et son corolaire, que le coach rookie avait dû apprendre à remiser certaines de ses idées face à son groupe, réalité qui, de l’aveu du premier intéressé, faisait partie de son apprentissage. En cause, l’absence de cadres dans le vestiaire sur lesquels compter pour relayer son message et guider une meute largement rajeunie.

Bouger les lignes

Forcément, en le voyant prolonger son bail pour deux années supplémentaires à la tête de l’équipe, on a eu la confirmation qu’on demanderait autre chose qu’une simple mission de réconciliation à Rémi Garde. En d’autres termes, ressortir ses idées des cartons et réaliser la prophétie de Bernard Lacombe et incarner le « Pep Guardiola à nous » . Histoire de bien mettre les choses au clair, Jean-Michel Aulas y est allé de sa sortie façon Grand Master Clash, débusquant « dinosaures » et « pharaons » au sein de l’effectif, cohorte de poids lourds à la tête de laquelle il fallait trouver Cris. Le grand ménage révélé en creux avait sans doute vocation à délester le club de quelques-uns de ses plus gros salaires. Il visait aussi à dégager la voie pour Garde. Rien de plus logique après tout : maintenant que l’OL n’est plus en mesure de proposer signatures et affiches de Ligue des Champions prestigieuses, ne lui reste plus qu’à envoyer du spectacle pour continuer à voir rappliquer le public au stade – au-delà des 11 000 et quelques premiers abonnés du moment.

Pour ce qu’on en a compris, une bonne partie de la préparation de ces dernières semaines s’est jouée là-dessus. Au terme de la série matchs de préparation (Athletic Bilbao, Real Sociedad, Impact Montréal), les joueurs n’ont eu de cesse d’invoquer les mises en place pratiquées à l’entraînement, le mouvement, les premières intentions. En bref, tout ce qui sous-tend un retour au jeu. Et pour promouvoir l’affaire, Yoann Gourcuff en tête de gondole. Celui qui avait terminé sa saison comme il l’avait traversée, renvoyé des 23 et donc un peu plus à lui-même, a mené sa préparation sur le mode de la renaissance au football. Tests physiques à bloc, disponibilité dans le jeu, parfois même face au public, complicité avec ses partenaires : la fable est trop belle pour ne pas ressortir la rengaine servie l’an passé à la même période, celle de la « grande recrue de l’été » .

Ligne au palmarès

Difficile cependant de cerner davantage que quelques jolis séquences de circulation de balle. D’autant que l’efficacité n’est pas encore au rendez-vous (une défaite et deux nuls). En cause, une défense qui coince toujours et craque parfois. En attendant le retour de Lovren (blessé au pied droit), c’est l’attelage Cris-Koné qui est appelé à lancer la saison. Une forme de mise à l’épreuve pour le Policier qui, en plus d’une place de titulaire, a laissé son brassard à d’autres : Lisandro pour son supplément d’âme, qui devrait laisser sa place cette fois (blessure au mollet) à Gonalons. Pas très loin pour les suppléer, Fofana en chef de meute des jeunes cabots. Un renouvellement de plus en interne à mettre à l’actif du changement entre les lignes qui certes est bien à l’œuvre, mais qui a encore besoin d’être acté et consolidé par les résultats. Ou, mieux, par un titre. Façon de dire que New York peut bien se foutre de ce Trophée des Champions, l’air de rien, une première part de la saison lyonnaise pourrait bien s’y jouer.

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