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Loïs Openda, we are family

Par Timothé Crépin
17 minutes
Loïs Openda, we are family

Parmi les nouveautés à suivre de la saison de Ligue 1 qui s'ouvre ce vendredi soir, Loïs Openda, 22 ans, figure en très bonne position. Arrivé cet été au RC Lens, l'international belge est prêt à tout casser et à croquer à pleine dents dans une vie qui n'aurait, dans un premier temps, pas dû ressembler à celle-ci. De la banlieue de Liège aux Diables Rouges, récit intime d'un chemin lié à tout jamais à une maman hors pair.

C’est l’histoire d’un jeune homme qui aurait pu ne jamais avoir le droit de faire de sport de toute sa vie. Né en février 2000, Loïs Openda reste hospitalisé pendant un an. Victime d’une bronchiolite, sa situation s’aggrave, notamment au niveau de l’alimentation et de la respiration. « Il était tout le temps malade » , rembobine Mariame, sa mère. Les problèmes respiratoires sont lourds, l’asthme s’en mêle. L’opération est décidée. Objectif : une incision au niveau de la peau afin de transformer le clapet – une valve – du petit Loïs. Une dernière échographie est effectuée la veille. « Et là, le clapet repoussait. C’était son miracle, continue Maman Openda. Quand il est sorti de l’hôpital, on m’avait dit qu’il ne pourrait pas courir de sa vie. Aujourd’hui, c’est une fusée. » Mieux : parmi la quinzaine de personnes interrogées pour raconter Loïs Openda, pas une seule ne citera autre chose que la vitesse à l’heure de dégainer la qualité numéro une de l’attaquant acheté cet été dix millions d’euros par le RC Lens. À croire que son destin a basculé dès ses premiers mois sur Terre.

 À la buvette, il demandait aux gens combien de buts voulaient-ils qu’il marque. Il proposait de scorer tant de buts contre deux paquets de chips et un Fanta. 

Né à Liège d’un père congolais qu’il a rencontré pour la première fois il y a un an et d’ une mère marocaine, le joueur de 22 ans a grandi au nord-ouest de la ville, à Ans. « J’ai toujours tout fait pour le protéger, lui et son frère, et j’ai toujours fait le maximum pour qu’ils ne soient en manque de rien, promet Mariame. Finalement, j’ai eu le rôle de papa et de maman en même temps. »

Le dealer de goals

Très vite, dans le sillage de son grand frère, Jodice, Loïs Openda tombe dans le foot. « Dans les magasins, il dribblait entre mes jambes, j’étais à deux doigts de tomber les trois-quarts du temps » , rigole encore la mère. Un professeur de l’école d’Ans, également éducateur au club local de Patro-Othée, entend parler de Jodice et de Loïs. Mariame n’est pas contre, mais à une condition : « J’ai dit : « Tu te débrouilleras pour venir les chercher. Moi, je travaille ». » Mère de quatre enfants, Mariame Openda bosse à la SNCB, l’équivalent belge de la SNCF. Très occupée, elle comprend petit à petit que son Loïs fait fureur crampons aux pieds. Il a entre six et sept ans, il enchaîne les buts, parfois jusqu’à quinze dans le même match. Autour du terrain, une maman d’un coéquipier s’émerveille. Joëlle, ou Tata Jojo, en est sûre : ce garçon va devenir grand. « J’ai tout de suite vu, raconte-elle. J’ai dit à sa mère qu’il avait des pieds en or et qu’il fallait les protéger. » Loïs s’entraîne alors à 16 heures avec sa catégorie, puis double la séance à 18 heures avec celle de son frère et des joueurs quatre ans plus vieux que lui. Même chose le week-end. Le petit « Lolo », qu’on dit acharné de travail dès ses premières années, est capable de claquer des triplés face à des 1996 médusés, qui n’hésitent pas à lui faire savoir leur frustration. « C’était devenu la petite mascotte, résume Mariame. Il marquait tellement de goals qu’il finissait par les dealer. À la buvette, il demandait aux gens combien de buts voulaient-ils qu’il marque. Il proposait de scorer tant de buts contre deux paquets de chips et un Fanta. » Une fois, invitée à venir se rendre compte des exploits de son fils, elle pose un jour de congé. Résultat : « J’y vais, et là, il joue vraiment comme un tordu. En fait, il avait la pression quand je venais le voir. Du coup, je n’y allais plus. »

Forrest Gump et le coup du burger

Éducateur au RFC Liège, Fabrice Geraerts est, lui, subjugué lors d’un tournoi. Il fait venir le jeune Loïs à 11 ans, bluffé, notamment par « sa capacité à aller chercher des ballons qu’on pensait perdus » . Couvé et encadré par Jodice, son frère, qui a préféré arrêter le foot afin que Loïs puisse continuer, le jeune prodige poursuit sa progression. Sa collection de buts grossit. Axel Tamburrini, qui appelle son ex-partenaire « Forrest Gump » , se souvient d’une mi-temps un peu spéciale.

 Un jour, on perd 0-2. Loïs n’avait rien mangé le matin. Notre entraîneur lui donne 5€ pour aller s’acheter un hamburger et à la fin du match, on gagne 3-2, triplé de Loïs. Pour son âge, il surpassait tout le monde. 

« On perd 0-2. Loïs n’avait rien mangé le matin. Notre entraîneur lui donne 5€ pour aller s’acheter un hamburger et à la fin du match, on gagne 3-2, triplé de Loïs. Pour son âge, il surpassait tout le monde. » « Techniquement, il devait encore travailler, constate Fabrice Cristallini, qui l’a entraîné en U14. Mais il compensait par une vitesse, une puissance, un sens du but et une mentalité exceptionnels. » Loïs Openda trace son chemin sans faire de bruit, voyant sa mère ne pas s’intéresser autant à ses exploits qu’il l’aurait voulu. « Je peux le regretter aujourd’hui, constate la maman. Mais je me dis que si j’avais été plus présente, peut-être qu’il ne serait pas là où il est. Ça lui a donné une force mentale. Il voulait attirer mon attention. Pour moi, le foot, c’était un sport comme les autres. Je ne me prenais pas la tête. » Fabrice Cristallini enchaîne : « Ce que je trouvais beau dans leur famille, c’est qu’il n’y avait pas les mêmes facilités que d’autres pouvaient avoir. Le manque du père a dû jouer un rôle, et Loïs est allé puiser une force supplémentaire. Il est allé chercher encore plus de choses grâce à ça. » Rapidement, le Standard, grand rival, entend parler du joyau. Loïs passe un premier essai : recalé, trop propre dans son jeu, sans vice, pas assez mature, mais pas que. « Il est arrivé en retard, révèle Mariame. Pour moi qui travaillais, ce n’était pas grave. Mais il avait pris tellement ça à coeur ! Je ne comprenais pas. Le ciel lui est tombé sur la tête. Je lui ai fait comprendre que mon boulot passait avant son foot. » La seconde chance au Standard sera la bonne. Alors parti à Charleroi, Axel Tamburrini comprend que son ancien coéquipier est parti pour faire quelque chose de grand. « Contre nous, il avait marqué un but qui m’avait laissé bouche bée. Il avait dribblé deux fois de suite toute notre défense, avant de marquer. Quand j’ai vu ça, j’ai su qu’il allait faire une carrière. »

SNCB, resto calabrais et Didier Drogba

De plus en plus consciente du phénomène, Mariame Openda se démène pour que son Loïs ne rate aucun entraînement. À la gare de Liège-Guillemins, où elle travaille, on comprend la problématique.

 Son idole, c’était Didier Drogba. Il voulait absolument une vareuse. Ça coûtait cher. Je lui en ai acheté deux. 

« J’ai eu beaucoup de chance. Tous mes collègues voyaient comment j’étais dévouée pour Lois. Il allait à l’école, il fallait qu’il revienne prendre son sac de foot. Il venait à mon travail, son sac était avec moi. Quand je n’étais pas là, mes collègues le savaient. Inconsciemment, toute une petite structure s’est mise en place pour qu’il puisse bénéficier de ce plaisir qu’il avait au foot. » Avec quatre enfants, dont un deuxième qui rêve football matin, midi et soir, elle travaille à la SNCB le jour, et est cheffe de salle dans un restaurant calabrais le soir. C’est grâce à cette combinaison qu’elle peut, par exemple, acheter un maillot qui compte pour son fils : « Son idole, c’était Didier Drogba. Il voulait absolument une vareuse. Ça coûtait cher. Je lui en ai acheté deux. »

Ce combat de tous les instants va prendre un tournant crucial en 2015. À 15 ans, Loïs Openda signe au Club Bruges, une référence dans le pays. Liège est à 200 kilomètres. Pour Loïs, c’est un véritable choc. Privé de Mariame, sa boussole, Openda vit ses premières grandes difficultés. Ça ne matche pas à l’internat, ni en famille d’accueil. Voilà donc Loïs à l’hôtel, seul. Tous les vendredis soirs, il doit déguerpir et revenir le lundi. Dur à vivre pour la maman : « Je le voyais avec ses affaires et ses chaussures dans des sacs poubelles… La seule chose qu’il protégeait, c’était sa PlayStation. » Cette séparation dure un an. La distance est si difficile pour l’adolescent qu’il saute dans un train une fois l’entraînement du jour terminé, direction Liège, histoire d’aller voir sa maman pour quinze minutes avant de prendre le train suivant. Deux heures aller, deux heures retour. « Qu’est-ce que j’avais mal au coeur, poursuit Mariame. Il me disait : « Tu viens quand ? Tu viens voir mon match ? » Je ne comprenais pas trop le monde du foot et l’importance que ça avait pour lui. »

« Le choix de partir à Bruges a sauvé sa carrière »

En difficulté au niveau de la langue face au complexe apprentissage du néerlandais, Loïs Openda est proche d’abandonner. Il demande alors à sa mère de déménager à Bruges. « Il ne se rendait pas compte du grand boom que ça allait faire. Ça a été un choix capital. Ce n’était pas nécessairement l’envie de mes autres enfants. Mais c’était ça ou il arrêtait. » Mariame quitte amis, travail, repères et emmène toute la famille pour suivre le rêve de Loïs, dans l’inconnu de la cité brugeoise. Le cauchemar se termine pour le jeune Openda. Mariame résume : « Il a dû quitter Liège, où il y avait tous ses potes, mais il ne sait pas que ce choix, de partir et de le laisser dans un environnement structuré à Bruges, ça lui a sauvé sa carrière. » Avec une stabilité personnelle retrouvée, Loïs Openda connaît ses premières capes avec les sélections de jeunes belges, lui qui n’a d’ailleurs jamais hésité entre les Diables Rouges, le Maroc, qui a fait beaucoup pour tenter de l’attirer, et la RD Congo.

Si facile et si précoce depuis ses débuts, Openda se fait pour la première fois bousculer lorsqu’il évolue avec les U21.

 Il était content d’être là. Il me faisait penser au meilleur attaquant qui jouait sur un côté, David Villa. Il était moins fin que Villa, mais capable de faire beaucoup de courses, de prendre la profondeur et avec la finition qu’il faut. 

Ses encadrants voient un potentiel pour aller loin, mais encore faut-il mettre les ingrédients nécessaires. « Ça a été un gros clash, se souvient Stijn Francis, l’agent de l’attaquant. Il disait qu’il ne s’amusait plus, qu’il ne pouvait plus rester. » « Il a vraiment eu du mal à l’accepter, enchaîne la maman. Il n’avait pas le mental nécessaire, il en a eu marre, il était dégoûté. On lui demandait des choses qu’il était persuadé de bien faire, mais, en fait, non. Il était frustré, il se renfermait. » Openda est même rétrogradé avec les U18. Dans sa tête, c’est le foot plaisir qui disparaît, pour laisser place à une autre mentalité. Là encore, il pense tout plaquer et retourner dans son confort liégeois. Deux à trois mois sont nécessaires pour accepter ce changement. « Au début, il pensait que marquer était suffisant, raconte Sven Vermant, son entraîneur en U21. Il fallait le pousser vers un autre niveau et lui faire comprendre que le talent ne suffisait plus. Quand il a compris, il a fait un véritable pas vers l’avant. » Un mal pour un bien déterminant. « Il ne voulait plus parler à personne. Ça a été la période la plus difficile de sa carrière, promet Stijn Francis. Depuis ce moment là, c’est un monstre, il travaille dur. Il a commencé à me dire : « J’ai fait tant de kilomètres, tant de sprints à haute intensité. » Il s’est concentré sur toutes les statistiques, chose qu’il n’avait pas compris jusque-là. Ça l’a changé. » Même ses coéquipiers notent le changement à l’image de Brandon Baiye, aujourd’hui au Clermont Foot : « Quand il a compris, il s’est investi et a beaucoup, beaucoup bossé. »

La désillusion avec Philippe Clément

Lorsqu’il prend sa place dans le groupe professionnel, Loïs Openda plaît à beaucoup de monde, y compris à Benoît Poulain. « Il était content d’être là, raconte le défenseur de Nîmes. Ce n’est pas une comparaison, mais il me faisait penser au meilleur attaquant qui jouait sur un côté, David Villa. Il était moins fin que Villa, mais capable de faire beaucoup de courses, de prendre la profondeur et avec la finition qu’il faut. » Openda a aussi un objectif très clair : « Il était respectueux, mais très ambitieux, ça va avec son rôle de buteur. Une vraie mentalité d’attaquant… sauf que ceux qui sont comme ça sont souvent un peu casse-couilles. Lui, non, il était toujours là en train de rigoler, de faire l’imbécile. » Si son fils est encadré et formé dans un grand club, n’allez pas croire que Maman Openda a lâché, loin de là. « Elle était toujours là pour suivre ce qu’il faisait et le pousser à travailler, apprécie Rik Demil, coach en U18 à Bruges. Elle pouvait parler avec les coachs, mais c’était toujours constructif. » Un entourage, vous l’aurez compris, plus que bénéfique pour lancer la carrière de Loïs. Benoît Poulain : « Il a un cocon familial vraiment bon. J’aimais beaucoup voir sa mère regarder et vivre ses matchs. Ce n’était vraiment pas la maman toxique. »

Lancé dans le grand bain à 18 ans, la gâchette fait face aux attentes dans un club qui joue le titre national et la Ligue des champions tous les ans. L’erreur n’est (quasiment) pas permise et l’impatience se fait vite sentir. Une occasion manquée face à Dortmund (qui marque juste derrière), pour son tout premier match de C1, lui est reprochée. Rebelote face à Monaco un mois plus tard avec cette tête à bout portant qui passe à côté. On lui colle déjà une étiquette de mauvais finisseur. Si Ivan Leko, son entraîneur, ne le lâche pas et lui offre des minutes pour son premier exercice (quatre buts en D1), l’arrivée de Philippe Clément ne se passe pas comme imaginée. « Il ne donnait pas autant de confiance, regrette Stijn Francis. Des promesses de temps de jeu n’ont pas été tenues. Il n’y a pas eu l’évolution voulue. » L’actuel entraîneur de l’AS Monaco tente de lancer Loïs Openda sur les ailes contre son gré. Le Vitesse Arnhem promet des minutes même en cas de contre-performances qui se répètent. Le prêt est enclenché. « Des bons joueurs qui ne jouaient pas à Bruges, j’en ai vu, remarque Benoît Poulain. Beaucoup sont déçus de leur temps de jeu. Loïs a fait la chose parfaite : ne pas partir trop tôt, vivre deux saisons avec le groupe pro, faire ses entrées, voir l’impact physique et ensuite partir pour poursuivre sa progression. »

« Il ressemble à un Jamie Vardy »

Six titularisations en Pro League avec Bruges en deux ans, 64 avec le Vitesse Arnhem en Eredivisie en autant de temps. Pour 29 buts, et une confiance maintenue malgré quelques périodes de disette. Avec également des réalisations en C4, dont une face au Stade Rennais.

Dans le football moderne, on a tendance à créer des joueurs qui vont vers le ballon, toute l’attention est porté à l’espace où est le ballon. Loïs est l’opposé. 

Meilleur buteur de l’histoire de la sélection Espoirs belge, il est récompensé d’une première convocation par Roberto Martinez. Pas du tout stressé par ce qui lui arrive, il n’attend que neuf minutes avant de marquer son premier but face à la Pologne (6-1) en juin dernier. Juste avant son entrée, il reçoit les conseils de Thierry Henry, adjoint de Martinez. « Quand ça vient de lui, c’est quelque chose, sourit Stijn Francis. Ils se sont parlés plusieurs fois, mais Loïs m’a surtout dit que Thierry Henry était encore un phénomène à l’entraînement. » Un Thierry Henry avec qui Loïs Openda échange au sujet d’un possible transfert à Lens. Attentif à son développement aux Pays-Bas et avec les U21, Roberto Martinez apprécie un joueur « clinique » et qui « se place toujours dans une position très dangereuse. Dans le football moderne, on a tendance à créer des joueurs qui vont vers le ballon, toute l’attention est porté à l’espace où est le ballon. Loïs est l’opposé. Il ressemble à un Jamie Vardy. » Une personnalité qui a conquis l’ancien entraîneur d’Everton, impressionné par sa progression : « Il sait être calme, relax dans un environnement de haute performance, tout en étant prêt à agir et prendre ses responsabilités. »

Désormais, l’objectif, c’est bien sûr le Qatar. « Il sait très bien qu’on a vite un pied dedans, mais aussi vite un pied dehors, explique sa mère. Ce sont les prochains matchs qui seront capitaux. » Sa capacité d’adaptation à un championnat supérieur à l’Eredivisie sera scrutée. Mais les conditions sont réunies. « À la base, à Arnhem, il ne voulait pas y aller, révèle son agent. C’est au moment de la discussion avec les dirigeants qu’il m’a dit : « Eux, ils me veulent ! » À Lens, il a eu le même sentiment avec Florent Ghisolfi, Franck Haise et Arnaud Pouille. Ça a été plus facile de faire ce choix, plutôt que d’aller en Premier League en tant que quatrième attaquant. » Rik Demil voit son ancien poulain prêt à se confronter à la Ligue 1 : « Aujourd’hui, c’est un attaquant difficile à affronter pour les défenseurs. Il a la vitesse, il peut marquer, il a un pied droit, il a un pied gauche, avec un bon jeu de tête. Tu sens qu’il est en train de prendre le bon chemin. À lui aussi de montrer en France qu’il est fort. » Pour ça, celui qui est surnommé « Bouzou » (l’histoire d’une musique où un artiste prononce le mot « Boozoo », changé en Bouzou par Openda, qui n’hésite pas à se nommer ainsi sur les réseaux sociaux) peut compter sur Bollaert pour voir très grand. Buteur face à l’Inter en amical, il a déjà pu se rendre compte de la ferveur Sang & Or. « Il a besoin des supporters, confirme Joëlle, sa tante de coeur, qui l’emmenait vivre ses premiers matchs au Standard de Liège. Il va être conquis. Après l’Inter, il m’a dit qu’il y avait une ambiance de fou. » Les planètes semblent alignées. « Quand je vois comment Lens a fait les choses pour l’avoir et l’amour qu’il a eu, je suis sûr qu’il va exploser » , termine Paul-José Mpoku, grand frère rencontré au Standard de Liège, qui a servi de guide. Ancien partenaire à Bruges, Krépin Diatta, actuellement à Monaco, salue le travail de son ex-coéquipier : « Il a toujours cet instinct, cette vitesse. C’est un grand joueur. En plus, c’est un mec bien, toujours dans le bon mood. Il le mérite, vraiment. »

« À travers ce don, il pouvait mettre bien la famille »

Un bien-être personnel et sportif pour ce taiseux pas toujours facile à dompter. Mais qui « veut toujours être positif » , apprécie Shana, son unique soeur, qui rigole encore en se souvenant de cette fois où Loïs avait tenté, laborieusement, de se couper les cheveux tout seul un jour de match.

Des buts, il va toujours en marquer, c’est en lui. Les Kane ou Lukaku, quand ils marquent 15 buts, ils en veulent encore plus. S’il attrape ça, ce truc de grand attaquant, c’est fini. 

« Il ne sera peut-être pas toujours doux dans ses paroles, prévient sa mère. C’est un garçon qui a l’air peut-être très dur, mais il a un grand coeur. » Un garçon que ses proches ne définissent pas en mission, mais qui veut rendre fier les siens. « Il savait qu’il avait des responsabilités, prédit Paul-José Mpoku. À travers ce don, il pouvait mettre bien la famille. Il savait qu’il avait des choses à faire pour tout ce que sa maman a fait. » Une maman pour qui tout est loin d’être terminé dans la gestion de son fils : « Le côté fusionnel, je l’ai depuis qu’il a été hospitalisé étant petit. Il a un regard très sensible vis-à- vis de moi. Ce lien, je l’ai avec mes quatre enfants, mais Loïs, c’est différent. Quand il veut acheter quelque chose ou a besoin d’un avis, il m’appelle tout le temps. Je lui dis : « Prends des décisions toi-même. » Il me répond : « Non, c’est important, tu as de l’expérience dans la vie, tu me diras si je fais bien les choses ou pas ». » Encore aujourd’hui, Mariame n’en revient toujours pas de la trajectoire de son deuxième enfant. Elle qui, depuis toutes ses années, a dû apprendre à traiter avec le monde du foot, se souvenant notamment de ce premier agent, qui faisait afficher à son Loïs une frise au-dessus de son lit avec les dix commandements du joueur de foot. L’un d’eux était d’obéir à son agent… Désormais dans son élément, le petit Loïs qui ne devait pas faire de sport fonce à toute vitesse. Le train est en marche, il faut monter dedans avant qu’il ne soit trop tard. « S’il est encore plus tueur, il pourra faire partie des tops attaquants, promet Paul-José Mpoku. Des buts, il va toujours en marquer, c’est en lui. Les Kane ou Lukaku, quand ils marquent 15 buts, ils en veulent encore plus. S’il attrape ça, ce truc de grand attaquant, c’est fini. » Que la fête continue.

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Par Timothé Crépin

Tous propos recueillis par TC.

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