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Loin du Bouna Starr
Malgré le faible effectif marseillais et un temps de jeu conséquent cette année, Bouna Sarr ne parvient pas à convaincre. Footballeur irrégulier ? Joueur encore marqué par sa saison 2015-2016 ratée ? Trop de pression à l’OM ? Tentative d’explications.
C’était la situation idéale. Le moment opportun. Dans un Olympique de Marseille en reconstruction totale, qui traversait un mercato plus que difficile, la place s’était libérée pour Bouna Sarr. Lui qui n’attendait que ça allait enfin pouvoir montrer de quoi il était capable. Libéré de Michel, qui ne lui faisait pas franchement confiance, et apprécié par Franck Passi, qui allait lui donner une véritable chance, le milieu de vingt-quatre ans allait tout exploser. Bah non. Que dalle, hélas. Malheureusement pour lui et pour son club, l’ancien Grenat n’a, pour le moment, pas su saisir l’occasion. Et à l’heure où il s’apprête à retrouver ses ex-coéquipiers, il devra patienter sur le banc avant d’éventuellement montrer ses progrès depuis son départ du FC Metz.
Le banc, très peu pour lui
L’histoire entre Bouna Sarr et Marseille a déjà plus d’un an. Recruté – un peu à la surprise générale – deux millions d’euros par l’OM de Marcelo Bielsa, le Guinéen reste sur une saison de Ligue 1 durant laquelle il n’était déjà pas un titulaire indiscutable (23 titularisations pour 30 matchs disputés). Auteur d’une bonne préparation avec le technicien argentin, Sarr a le malheur de voir El Loco quitter la Canebière sans prévenir. Le joueur vit plutôt mal la chose puisque son remplaçant, Michel, ne compte pas franchement sur lui malgré les résultats immondes : neuf titularisations seulement en championnat pour celui qui ronge son frein. Et qui ne supporte pas trop cette situation.
La raison de ce mal-être ? « Il adore le terrain, répond le président du FC Gerland, Giovannone Joseph, qui a côtoyé le garçon jusqu’à ses treize ans. C’est un gamin qui passait son temps sur la pelouse. Sa vie, c’était ça : école et ballon. Donc le priver de match le week-end, ça l’emmerde sûrement plus que d’autres. » Le dirigeant continue : « C’est un gars qui aime être le patron, et qui assume parfaitement ce rôle. Il en a dans le slip. Alors, quand il a signé à l’OM, ce n’était pas pour jouer les figurants. Il veut démontrer sa valeur et ce qu’il vaut. Il pensait qu’il allait avoir du temps de jeu. Pas de bol, il n’en a pas eu suffisamment. Comment vous voulez montrer quoi que ce soit quand vous ne jouez pas ? »
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Problème : le bonhomme n’a rien prouvé alors qu’il a beaucoup joué en ce début de saison 2016-2017, suite au licenciement de Michel combiné à la prise de pouvoir de Passi et aux nombreux départs de joueurs. Quatre fois dans le onze type lors des cinq premières journées, il n’a pas marqué une seule fois ni réalisé une passe décisive durant ses 474 minutes en Ligue 1 (soit environ la moitié de son temps de jeu de toute l’année dernière). Comment expliquer ces performances en demi-teinte, déjà entrevues la saison passée ?
Dès janvier dernier, Olivier Perrin, l’un de ses formateurs à Metz, donnait un élément de réponse dans 20 Minutes : il s’agit là de quelqu’un qui a « du talent » , mais qui est « très irrégulier, sur la pelouse et à l’extérieur » . En Lorraine, « il avait des hauts et des bas. Il faisait un super entraînement, puis plus rien pendant deux jours.(…)Il peut s’endormir sur ses lauriers. Il a besoin d’avoir une pression, c’est ce que je lui ai dit quand il est parti à l’OM :« Maintenant, c’est bien, tu vas avoir la pression tous les jours. » »
Temps d’adaptation achevé ?
Sauf qu’en terre phocéenne, la pression ne semble plus avoir d’impact sur la motivation de celui qui a pourtant refusé la sélection pour se consacrer à son club. Est-ce alors un problème d’adaptation ? « C’était un gosse assez timide chez nous. Il ne parlait pas tellement, note Giovannone Joseph. Mais à l’époque, son père le suivait de près, il était bien entouré. Et puis, on est un petit club de quartier sans problème. C’est une des raisons pour lesquelles il a percé. » Le milieu offensif serait-il donc un peu perdu dans cet énorme Marseille, comme il a pu l’être à Lyon ? Lui faut-il encore du temps ?
Le principal intéressé penche pour la seconde option, selon ses propos relayés par le site officiel du FC Metz : « Mon intégration s’est bien passée. J’ai pu découvrir ici un nouvel environnement, de nouvelles méthodes de travail. L’OM est un grand club, que tout le monde connaît. Il est certain que cela a été un véritable challenge pour moi de venir à Marseille, mais le défi ne me fait pas peur. Je suis un joueur ambitieux qui a toujours aspiré à jouer au haut niveau.(…)Lorsque je suis arrivé à Marseille, Passi était l’adjoint de Bielsa qui me désirait et qui a fait beaucoup pour ma venue. Je sens que cette saison, il compte sur moi, il veille à ma progression. C’est quelque chose d’important pour un joueur de football, j’ai envie de lui rendre la confiance qu’il m’accorde. » Ok, mais sans trop tarder, alors.
Par Florian Cadu