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Loïc Perrin, claque de fin après le Paris Saint-Germain
Tous rêvent de partir en champion... Loïc Perrin, lui, est parti en carton au bout d'une finale de Coupe de France perdue contre le Paris Saint-Germain. Une dernière marquée par son expulsion prématurée, à la suite d'un tacle dangereux sur Kylian Mbappé. La fin d’une carrière XXL, écrite en poivre et sel, mais surtout en vert.
Il arrive, souvent, que deux générations ne se comprennent pas. Il est plus rare qu’elles se télescopent. Parfois, les vieux pensent que les jeunes sont cons. Souvent, les jeunes pensent que les vieux sont vieux. Puis ce vendredi soir, les téléspectateurs de France Télévisions ont eu le droit de savoir. De savoir ce qu’il se passait quand ces deux mondes, qui cohabitent plus qu’ils ne vivent ensemble, se retrouvent face-à-face.
Plombé par le poids des années et des blessures, Loïc Perrin s’est lancé dans un tacle tel un sexagénaire sur Snapchat. Déjà connecté à la 5G, Kylian Mbappé a pris dans la cheville le poids des années qui séparent un néo-retraité du prochain coverboyde FIFA 2021. Résultat des courses : tout le monde est perdant. Et pendant que tout le monde s’enquiert logiquement de l’état de santé du prodige de Bondy, à quelques jours du retour de la Ligue des champions, le Stéphanois prend lui une claque de fin. Une sortie marquante à des années-lumière d’un homme qui aurait sans doute préféré partir comme il a vécu : sans faire trop de bruit.
Cheveux gris et jambes lourdes
Loïc Perrin le sait mieux que quiconque : comme ses cheveux, rien n’est soit blanc soit noir. C’est même souvent gris. Méritait-il de prendre un carton rouge à la demi-heure de jeu ? Évidemment. Est-il le nouveau Vinnie Jones du foot français ? Absolument pas. D’ailleurs, comme beaucoup de ses anciens partenaires, Jonathan Brison rappelait au Figaroque Loïc était « très gentil. Peut-être trop des fois ». Son principal défaut, notamment pour un capitaine, avec celui d’aimer le football plus que tout. Car c’est là la principale erreur de l’enfant du 42 : si rien dans sa personnalité n’indiquait que son 488e match professionnel pouvait être le Vert de trop, le corps ne mentait pas.
Usé par les années, mais aussi par des blessures à répétition, l’outil de travail du défenseur central ne lui avait laissé que 21 matchs de Ligue 1 cette saison (son plus faible total depuis la saison 2011-2012). Et chacune des 1715 minutes qu’il aura passé sur les pelouses de l’élite cette saison aura essentiellement servi de rappel. Du temps qui passe. De la légende qu’il est. De l’arrivée de la fameuse nouvelle génération. De la difficulté de dire au revoir dignement. Encore plus quand on a basé sa carrière, mais aussi sa vie, sur la fidélité, la discrétion et le professionnalisme.
Savoir s’arrêter, savoir se rappeler
Loïc Perrin aurait-il dû partir sur une défaite sans histoire à Montpellier (1-0), un soir de février ? Pas selon l’avenant qui a été signé le 30 juin, afin que le capitaine puisse disputer la finale de la Coupe de France quelques semaines après la fin de son contrat. Trop malin pour ne pas y penser, Loïc Perrin avait déjà parlé de la fin au Figaro: « Il faudra savoir s’arrêter, oui. Je n’y pense pas, je ne sais pas comment cela se passera. Une chose est sûre, c’est qu’il y aura de l’émotion. » Il y en avait déjà eu, à l’été 1997.
Cette année-là, il avait pleuré au moment de quitter ses amis du FC Saint-Charles-Vigilante, regrettant les tournois, les sandwichs merguez et une notion assez insouciante du bonheur. 23 ans plus tard, il a quitté les siens par une petite porte où l’insouciance n’est qu’un lointain souvenir. Une porte qui mène chez lui, à Saint-Étienne, où il pourra toujours arpenter les larges trottoirs du boulevard Jules Janin avec fierté. Là-bas, s’il y a bien un sujet autour duquel toutes les générations tombent d’accord, c’est sur sa carrière.
Par Swann Borsellino