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L’odyssée d’Omer
Ce samedi au Sammy Ofer Stadium de Haifa, Israël reçoit le pays de Galles pour le choc du groupe B. Les deux premiers ont un point de différence, et les locaux comptent bien creuser l'écart face à leur rival du jour. Surtout que les Bleu et Blanc possèdent une arme secrète. Son nom ? Omer Damari.
Quel est le rapport entre le fameux poète grec et le joueur israélien qui crève l’écran en ce moment, Omer Damari ? Les deux parlent de combat. Sauf que, quand le premier raconte ceux des autres, le second essaie de livrer sa propre bataille. Omer Damari est un homme discret. Discret, mais terriblement efficace. Et si Israël est à la première place de son groupe de qualification pour l’Euro français de 2016, c’est forcément grâce à lui. En effet, le natif de Rishon LeZion au sud de Tel Aviv est, avec cinq pions au compteur, le meilleur buteur des éliminatoires de l’Euro, devant des gros calibres comme Lewandowski, Welbeck ou bien même Huntelaar. Le titre est flatteur, mais lorsque l’on regarde le parcours du bonhomme, on comprend mieux comment Damari en est arrivé là. Les coéquipiers de Gareth Bale le savent : samedi, il va falloir museler l’attaquant de 26 ans sous peine de perdre cette bataille-là.
Pépite du Maccabi Petah Tikva
Parce qu’avant d’être au zénith du football européen, Damari a su attendre en silence son heure. Omer a vite trouvé la clé du succès et cela depuis sa formation dans le modeste club du Maccabi Petah Tikva. Alors, quand il effectue ses débuts en 2006 dans l’équipe première de cette petite ville de 22 000 habitants, c’est déjà une bonne chose de faite. Pourtant, l’attaquant est encore loin d’être aussi efficace qu’aujourd’hui. Mais il possède déjà toutes les qualités pour exploser au plus haut niveau de la Premier League israélienne. C’est un autre Omer, Golan cette fois, qui découvre très rapidement l’indéniable talent du jeune joueur qui vient de faire ses premiers pas avec le Maccabi. L’ancien international raconte ses premières rencontres avec le rookie : « Pour notre première rencontre, nous jouions avec mon petit frère. Il avait 12 ans. Il était déjà très rapide et très technique. Tout le monde savait que s’il faisait les bons choix, il allait devenir une star du football. »
Damari dégage cette aura qui fait la différence. Ce petit truc qui transforme un bon joueur en un joueur incroyable. Golan révèle aussi que l’homme est « le même sur le terrain que dans la vie » . « Il est très intelligent et il ne parle pas beaucoup. En revanche, il ne parle que pour dire des choses censées et intelligentes. C’était vraiment quelqu’un de très calme, de très effacé. Il était toujours tranquille, cool. » Pourtant, malgré sa présence, il ne peut empêcher son club de friser avec la relégation. Mais de toute façon, le Maccabi Petah Tikva n’était qu’une étape. Il s’agit désormais d’en franchir une autre. Faire ses preuves dans un gros club israélien. Ce sera l’Hapoël Tel Aviv, l’un des plus grands clubs du pays.
L’explosion à l’Hapoël et découverte de l’Europe
Damari y débarque en 2011. Il y croise une ancienne connaissance de Ligue 1, l’ancien gardien du PSG, Apoula Edel. En trois ans, Omer noue une belle relation avec l’ancien portier parisien. Ce dernier a directement su que son coéquipier avait toutes les cartes en mains pour réussir : « Il ne m’a pas fallu un an pour comprendre qu’il avait du talent. En un mois j’ai compris. Il a énormément de qualités. Sur 10 ballons, il va t’en mettre 8 au fond. Ce mec-là, il a quelque chose en plus. C’est une personne super discrète. Il n’a jamais fait de vagues. En revanche, quand il jouait, il dégageait quelque chose de spécial. » Bingo. Avec l’Hapoël, il empile but sur but : 56 pour une centaine de rencontres sous le maillot des Red Demons. Damari commence à se faire un nom dans le pays, mais reste fidèle à son caractère de personne effacée. Edel raconte même une anecdote durant laquelle Omer a présenté sa Marge à ses coéquipiers : « La première fois qu’il nous a présentés sa copine, il était vraiment mal à l’aise. Les choses intimes, il aime les garder pour lui. »
Une histoire qui colle parfaitement à la personnalité du bonhomme. À la suite de ces prestations, il obtient son ticket pour l’Europe. Direction l’Austria Vienne en 2014, point de chute intermédiaire pour s’acclimater aux attentes du Vieux Continent. Là-bas, il continue d’enfiler les buts. Huit en treize matchs. Costaud. L’Autriche est rapidement trop petite pour lui. Alors, en janvier 2015, il décide de s’engager avec le RB Leipzig, club de D2 allemande. « Je pense que c’est une super décision ! Car vous ne pouvez pas arriver dans les meilleurs clubs en un claquement de doigts. Il a préféré commencer à faire son trou en Autriche, mais aussi en Allemagne et il a bien raison. Si vous pouvez réussir dans ces clubs, vous pouvez réussir partout » révèle Omer Golan grâce à toute son expérience. Edel, quant à lui, est surpris qu’aucun club français ne se soit encore manifesté : « Je ne comprends pas pourquoi les clubs français ne l’ont pas pris. Dans un club comme Lyon, Saint-Étienne, il aurait beaucoup apporté. Tant pis pour eux. » Une chose est sûre, Omer est bien parti pour faire trembler encore quelques défenses. Dont celle du pays de Galles, ce samedi. D’oh !
Par Gad Messika