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Lloris : une boulette, et après ?
Sa bourde en finale du Mondial semble appartenir au passé : efficace avec Tottenham depuis qu'il est revenu de Russie, Hugo Lloris fait honneur à son statut de champion du monde. Pour que ce trophée en appelle d'autres. Et ce n'est pas un verre de trop qui devrait changer quoi que ce soit.
« Je ne sais pas si j’ai débranché. Après le quatrième but, tu n’as pas le droit de penser « p… ! on y est », parce que tu sais que tu vas le payer, la preuve. On refuse de se dire qu’on est champions du monde, mais on s’en rapproche tellement.(…)Je ne sais pas comment expliquer : les prises de décision viennent à une vitesse incroyable, en général et, là, sur cette action, il y a deux ou trois moments où je peux prendre une décision et où je ne le fais pas. Finalement, j’ai subi l’action. Mais ça reste anecdotique, heureusement. »
Le constat semble net. Si Hugo Lloris parvient à revenir si facilement sur sa boulette de finale de Coupe du monde dans les colonnes de L’Équipe, c’est signe qu’il l’a digérée. Croquée. Avalée. Bouffée toute crue. Même pas la peine de dire qu’il est guéri puisqu’il semble ne jamais avoir été malade de ce dribble foiré devant Mario Mandžukić. Mais alors, comment le portier des Bleus a-t-il pu tourner la page aussi facilement ? Tout le monde le sait, et lui le premier le sous-entend : le remède, c’est la victoire. Un titre de champion du monde, et la bourde ne devient qu’ « anecdote » .
Rebonds du champion
Des erreurs coûtant directement des buts, Lloris en a commis d’autres. Mais a toujours su s’en relever. En témoignent celles qui ont dégueulassé sa deuxième partie de saison dernière. Régulièrement remis en question avant la Coupe du monde, le gardien français sort une compétition quasi parfaite (en oubliant le pion de Mandžukić, donc). « Mais Hugo, il a toujours été comme ça, rappelle Johan Audel, qui a fréquenté le bonhomme à Nice entre 2000 et 2004 chez les juniors. Non seulement il était impressionnant dans les cages, mais il avait aussi déjà un mental de dingue. Il était destiné à aller très haut et à devenir un champion. » Alors, le dernier rempart de l’EDF est devenu un champion.
Mais à 31 ans, après avoir soulevé seulement une Coupe de France en 2012 avec l’Olympique lyonnais. Et c’est peut-être toute la différence entre le Hugo d’hier et celui d’aujourd’hui : jouissant désormais d’un nouveau statut, l’ancien Aiglon peut enfin clamer sans rougir que seule la victoire compte, et qu’il compte bien le faire comprendre à ses petits potes de Tottenham (un club n’ayant rien gagné depuis 2008 et une Coupe de la Ligue). « On ne retient que le vainqueur et je suis bien placé pour le savoir. J’ai été si souvent vice-champion ou finaliste… La différence est énorme, apprécie-t-il actuellement. Il n’y a pas de bonheur personnel si tu ne gagnes pas à la fin. »
Objectif titres
Mais comme tout champion, Lloris n’a fait que s’ouvrir l’appétit en se goinfrant du Mondial. Autrement dit, le bonhomme veut maintenant triompher avec les Spurs à tout prix. « Ma femme(…)a suggéré que puisque j’étais champion du monde, je serais plus cool, désormais. Mais en fait je ne crois pas :(…)contre Fulham, à 1-1, je bouillais. Alors je vais continuer à essayer d’être meilleur, de me surpasser. À ce niveau, tu n’es pas là pour être bon : tu es là pour être très bon » , claque-t-il, tout en sachant pertinemment que les lumières sont toujours braquées sur lui.
Et pour le moment, le capitaine assume. Lors de la première journée à Newcastle, moins de cinq jours après son retour à l’entraînement, l’homme au brassard s’est montré décisif devant Kennedy en plus d’avoir de la réussite (un poteau, une transversale…). Une semaine plus tard, face à Fulham justement, il a dégoûté Tom Cairney ou Ryan Sessegnon. Résultats : deux victoires, à défaut de clean sheets. La chance du champion, en état d’ébriété ou non, aurait-elle donc définitivement tourné en sa faveur ? À Wembley, on croise les doigts. Même si l’identité du capitaine du lieu pourrait changer.
Par Florian Cadu
Propos de JA recueillis par FC