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Llorente, la chance du vieux briscard ?
Entre une Juventus en pleine bourre et un FC Séville déjà éliminé de la C1, la rencontre au Sánchez-Pizjuán s'annonce pauvre en suspense. Dans cette confrontation pourtant, Fernando Llorente aura une vraie carte à jouer sur son avenir sportif.
Les prémices de l’été font leur apparition en Italie que déjà, l’heure est à la fête. Déjà championne de Serie A depuis trois journées grâce à une victoire obtenue contre la Sampdoria de Gênes, la Juventus parachève une saison 2014-2015 avec un 31e Scudetto dans la poche. Pour clore ce bel exercice, Massimiliano Allegri fait le choix d’aligner sa paire d’expérience en attaque contre le Hellas Vérone : Carlos Tévez et Fernando Llorente. En mode gala, la Vieille Dame est accrochée par son adversaire à la pause. Histoire de montrer sa supériorité, les Bianconeri reprennent l’avantage grâce à leur grand aux yeux bleus. Tel un renard, Fernando Llorente se décale parfaitement en retrait pour faire trembler les filets, numéro 14 dans le dos. Ce but, ce sera le dernier inscrit par l’ancienne idole de l’Athletic Bilbao sous les couleurs turinoises. Parce qu’aujourd’hui, Llorente est une nouvelle arme offensive disponible pour Unai Emery au FC Séville. Et ce soir, le Basque va pouvoir se rappeler au bon souvenir de son ancienne team, à qui il aura laissé de bons souvenirs. Or, amour ou non, le désormais Sévillan sera bien décidé, ce mardi soir, à prendre le zèbre par les oreilles.
Chat noir pour commencer…
Débarqué en Andalousie avec l’étiquette de star à la toute fin de l’été, les titularisations de Fernando Llorente ont d’abord mis un certain temps à se révéler déterminantes. Pour être franc, cela commençait même à tourner à la malédiction. Dans les faits, lorsque Llorente se retrouve sur le terrain de jeu au démarrage d’une rencontre, Séville ne gagne pas. Placé en pur numéro 9 lors de la réception de l’Atlético Madrid, Séville se fait fesser à domicile (0-3). Placé en compagnie de Gameiro contre Levante, Séville ne peut faire mieux qu’un match nul (1-1). Entré en cours de jeu et buteur contre le Celta Vigo, il ne peut toutefois éviter la défaite des siens contre des Galiciens déjà devant au tableau d’affichage (1-2). Associé à Ciro Immobile lors du déplacement à Las Palmas, Séville tombe à nouveau contre un promu sans aucune victoire en championnat avant le début de la rencontre (2-0).
Malgré un démarrage que François Pignon n’aurait pas renié, Llorente va pourtant prendre son mal en patience. Il observe les premières victoires de la saison pour Séville depuis le banc de touche, contre Mönchengladbach en C1, puis face au Rayo Vallecano en Liga. Puis vient le déclic psychologique. Pour la réception du Barça le 3 octobre dernier, il joue vingt minutes en remplacement de Gameiro et participe à la première grande victoire des Palanganas (2-1). Llorente n’est pas encore buteur, mais il ne porte plus la poisse. La réadaptation au jeu espagnol terminée, Emery voit dès lors en Llorente un joker de luxe pour peser sur les fins de rencontre. Et ça fonctionne : buteur en 20 minutes contre Villarreal, il récidive la semaine suivante avec le même temps de jeu, pour donner un avantage définitif à Séville contre le Real Madrid (3-2). Lors de la dernière au Sánchez-Pizjuán, Llorente est même titularisé et joue 70 minutes lors de la victoire des siens contre Valence (1-0). Doucement mais sûrement, le joueur est donc en train de réacquérir l’atout majeur du buteur : la confiance, perdue depuis ce fameux été 2015.
Dans l’ombre de Morata
Si Fernando Llorente s’est entretenu avec la Juve peu avant la fin du mercato, c’est sûrement parce que l’homme ne se sentait pas de rester à Turin jusqu’au terme de son contrat, et ce, pour deux raisons. La première, c’est l’arrivée massive de nouvelles recrues offensives susceptibles de lui réduire son temps de jeu : Mario Mandžukić ou Paulo Dybala. Deux noms supplémentaires, qui viennent s’ajouter à l’arme fatale des champions d’Italie en fin de saison dernière : Álvaro Morata. Titulaire pour la finale de Ligue des champions contre le Barça à Berlin, Morata est l’auteur de l’égalisation bianconera entraînant un vent de folie sur le quart d’heure suivant. Cette année, Morata est aussi l’auteur du but vainqueur à l’Etihad Stadium de Manchester City. Et lorsque Llorente était blessé du côté de Séville, Morata ne s’est d’ailleurs pas gêné pour marquer à nouveau lors du Juve-Séville, histoire de faire passer son compatriote pour un has been.
Jouer, c’est désormais l’objectif de Llorente cette saison, et il est attaché à la seconde raison de quitter la Juve. Car dans maintenant sept mois, c’est l’Euro 2016. Et même s’il ne veut pas trop s’avancer, Llorente garde toujours un œil sur ce tournoi, esprit de compétiteur oblige. Ancienne option en pointe de la Roja, Llorente et ses 30 printemps arrivent sans doute au top de ses capacités physiques avec, entre-temps, un vécu non négligeable dans un top club européen. Champion du monde en Afrique du Sud et excellent pivot dans les éliminatoires de l’Euro 2012, Llorente peut aujourd’hui profiter d’un certain vide offensif – oui oui – au sein des doubles champions d’Europe en titre. Diego Costa inefficace en sélection comme avec Chelsea, Alcacér ou Morata représentent le futur de la sélection, mais manquent encore d’expérience internationale. Poussé par l’ancien Madrilène sur la touche l’an passé, Llorente détient donc une chance de se montrer sur la plus grande des scènes européennes ce soir. Entre vieux briscard ou vieux ringard, il va bientôt falloir choisir.
Par Antoine Donnarieix