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Ljuboja, la revanche d’une crête blonde
Deux ans après son départ de Nice, Danijel Ljuboja retrouve la France. Arrivé à Lens cet été, l’esthète serbe est la tête d’affiche et (déjà) la coqueluche du club nordiste, aux ambitions et aux finances nettement revues à la hausse. Un régal pour la Ligue 2, mais aussi pour les yeux.
C’est l’histoire d’un mec qui a décidé ne pas grandir. De ne pas changer. Ni son jeu, ni son look. Une bande blonde sur le sommet du crâne, une autre sur la gauche, Danijel Ljuboja est toujours là. Toujours le même, mais cette fois avec le maillot du RC Lens sur le dos. Un maillot qu’il semble déjà avoir fait sien après seulement un seul match, face au CA Bastia (1-0). Des déviations et des crochets comme aux plus belles heures, une frappe du gauche toujours aussi puissante et le seul but du match, sur un penalty tiré en force. Largement suffisant pour devenir le nouveau chouchou de Bollaert.
Tout sauf une surprise puisque le Serbe est la tête de gondole du nouveau RC Lens. Adossé au milliardaire azéri Hafiz Mammadov, Gervais Martel a décidé de ne pas perdre de temps pour l’objectif remontée. En plus de Pablo Chavarria, Adamo Coulibaly ou encore Alphonse Areola, le président nordiste s’est fait un petit plaisir en ramenant Ljuboja sur le sol français. Après des expériences plus ou moins réussies à Sochaux, Strasbourg, Paris, Grenoble et Nice, « Ljubo » retrouve le championnat qui l’a révélé. « La France me manquait même si je me suis fait plaisir, avoue celui qui a remporté le championnat de Pologne l’an passé avec le Legia Varsovie. Je viens ici car c’est un très grand club et puis le coach, je le connaissais depuis longtemps. Il y a un bon projet. Le club veut faire quelque chose de très bien. »
Trop stylé pour la Ligue 2 ?
Si le coup lensois paraît excellent sportivement, il l’est aussi pour la Ligue 2. Privé de Monaco et Nantes, l’antichambre de l’élite se voit offrir une belle tête d’affiche, avec du style et du caractère. Un ancien cadre du PSG, donc forcément médiatique. C’est d’ailleurs un peu le thème de cette L2 2013-2014, qui compte dans ses rangs d’anciens historiques du club de la capitale, comme Jérôme Rothen (Caen), Jérôme Leroy (Istres) et Bernard Mendy (Brest). Sur le papier et après une première journée contre un CA Bastia très limité, le tableau est donc parfait pour Ljuboja. Reste à savoir s’il va rester aussi beau toute la saison.
Dans un championnat où le combat est rude, les attaquants « classieux » dans le style de Ljuboja ont parfois du mal à trouver leur place. Au contraire d’avants-centres purs comme Mustapha Yatabaré, Filip Djordjevic et Ibrahima Touré, les trois meilleurs buteurs de la saison passée. Avoir Ljuboja dans son équipe implique aussi une façon de jouer particulière, avec un neuf et demi et un attaquant prenant la profondeur. Associée face à Bastia, la paire Ljuboja-Touzghar s’est montrée prometteuse. « On a beaucoup discuté avant la rencontre. On a essayé de se trouver le plus possible, explique Touzghar. Les automatismes vont se créer au fur et à mesure des matchs. On va travailler ensemble pour que ça aille de mieux en mieux. » Mais arrivé eux aussi au mercato, Adamo Coulibaly et Edgar Salli ne compte pas regarder jouer le Serbe depuis le banc.
Kombouaré lui lance un défi
Capable, comme tous les joueurs avec un talent au-dessus de la moyenne, de briller sur quelques minutes ou sur un match précis, Ljuboja ne peut cependant pas cacher son âge. À bientôt 35 ans, les jambes ne répondent plus comme lors de ses plus belles années, et ses prestations pourraient en pâtir sur la durée. Pas sûr, mais possible. Montrer qu’il n’est pas cramé, c’est d’ailleurs le défi qu’Antoine Kombouaré a lancé à son joueur : « Cette année, Danijel Ljuboja va avoir 35 ans. Ça va être un défi pour lui de montrer qu’il a encore de la qualité. Il devra le prouver à chaque match car il sera attendu. Il faut qu’il continue à faire « du Ljuboja » : peser sur les défenses, garder le ballon, se procurer des occasions, obtenir des fautes et surtout être décisif. On va travailler dans ce sens-là. Mais je n’ai pas de doute là-dessus, il a forcément toute ma confiance. » Pour l’avoir déjà eu sous ses ordres à Strasbourg, Kombouaré sait comment tirer le meilleur de l’homme à la crête à plat. La clé est désormais dans les pieds de la nouvelle idole des Sang et Or.
par Alexandre Alain