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  • Les 20 ans de France 1998

Lizarazu : « Le match le plus facile de 98, ça a été contre le Brésil »

Propos recueillis par Andrea Chazy
5 minutes
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Il y a vingt ans, Bixente Lizarazu était l’un des chouchous de l’équipe de France championne du monde 1998. Une sélection avec laquelle il gagnera également un Euro et deux Coupes des confédérations. Autant dire qu’il s’y connaît un peu quand il s’agit d’aborder la préparation et la gestion d’une grande compétition...

Quand on se lance dans un mois de compétition intense tant sur le plan émotionnel que physique, comment fait-on pour oublier toutes les attaches du quotidien ?

Tu n’as pas envie de parler constamment de l’adversaire que tu vas jouer, de te dire que tu dois gagner la Coupe du monde ; il faut réussir à s’évader et à dépasser ce cadre d’isolement.

On fait comme on peut ! (Rires.) L’enfermement, ce n’est pas quelque chose de naturel. Ce n’est pas la prison non plus, mais toute la journée tu t’entraînes et tu ne vas pas en ville ou faire un tour sur la plage, quoi ! Chacun, comme il peut, essaye de s’évader à sa façon. Ça peut être en lisant, en se racontant des blagues entre potes, il faut toujours essayer de ne pas trop penser à ce que tu joues. Tu sais que tu joues la Coupe du monde, la compétition de ta vie, tu n’as pas besoin d’en rajouter. Tu n’as pas envie de parler constamment de l’adversaire que tu vas jouer, de te dire que tu dois gagner la Coupe du monde ; il faut réussir à s’évader et à dépasser ce cadre d’isolement. Et pour cela, il faut que le groupe vive bien.

En 1998, comment gériez-vous les veilles de match à élimination directe ?Il n’y avait pas de rituel particulier. Tu sais juste, à ce moment-là, que le lendemain, soit tu rentres à la maison, soit tu continues l’aventure. C’est tout. Il n’y a pas de préparation particulière. De toute façon, tu ne joues pas de la même façon face à la Croatie, face à l’Italie ou face au Brésil. Le match le plus difficile, ça a été le Paraguay, en huitièmes, parce qu’ils ont défendu comme des malades. L’Italie, on les a battus à l’italienne, et finalement, le match le plus facile, ça a été contre le Brésil.

Est-ce qu’à un moment, au cours du Mondial 1998, vous vous êtes dit : « On ne peut plus nous battre, désormais » ? Quand on a passé l’Italie. Tout simplement parce que tu passes au but en or face au Paraguay puis aux pénos contre l’Italie.

Si tu te la pètes un peu parce que tu as été brillant en poules, ça peut se retourner contre toi lorsque arrivent les quarts de finale.

Tu te dis que tu as une équipe tellement solide, que c’est difficile de nous marquer un but. Devant, on sait qu’on a le talent de Zidane ou de Djorkaeff qui peuvent faire la différence à tout moment. On sent très vite qu’on est une équipe difficile à battre. Si tu te la pètes un peu parce que tu as été brillant en poules, ça peut se retourner contre toi lorsque arrivent les quarts de finale. Il faut aussi que l’équipe ait de la personnalité. Il y a toujours des moments qui ne sont pas prévus au programme, par exemple la perte de Zizou contre l’Arabie saoudite ou Lolo (Blanc, N.D.L.R.) en demi-finales, alors qu’il reste encore quinze minutes à jouer. Et quand ces trucs pas prévus dans le scénario tombent, il faut savoir les gérer. C’est ça, la force d’une grande équipe.

Quid de cette part de « chance » ? Gordon Banks disait, par exemple, qu’en 1966, les Anglais avaient senti que ça avait tourné dans le bon sens pour eux…Ce paramètre-là existe, mais tu ne deviens pas champion du monde parce que tu as eu de la chance. Prenons l’exemple de l’Italie : sur ce match-là, on a su s’adapter à notre adversaire, et on a su battre l’Italie en étant plus « italien » qu’eux pour les battre à l’italienne, d’une certaine façon. Tout simplement car c’était la façon de les jouer, parce que c’était une équipe qui faisait déjouer tout le monde. Quand tu regardes les joueurs de la Croatie en 1998 et que tu fais le listing, tu as des putains de bons joueurs. Malgré ça, on a réussi à s’adapter parce qu’on a pris les choses en mains. On a contrôlé les situations, et c’est ce qui a fait que le paramètre chance va vers toi.

C’est aussi le rôle du sélectionneur d’inculquer à son groupe cette mentalité, cette confiance ?Ça dépend des équipes. Nous, on avait une équipe faite pour s’adapter à l’adversaire, mais il y a d’autres équipes qui jouent à leur façon parce qu’elles savent que ça va passer, comme l’Espagne. Il y a plein de façons de gagner. Tu gagnes en étant intelligent, en tirant le maximum de ton effectif. En tant qu’observateur, bien sûr que je préfère voir du beau jeu et du beau football, mais si tu n’as pas les joueurs pour jouer comme l’Espagne, c’est complètement kamikaze de vouloir faire pareil.

Tu es depuis plusieurs années dans la peau d’un consultant, que t’inspire ce Mondial en Russie ?Le lieu me plaît, j’en attends autant que l’Afrique du Sud ou le Brésil. La chance lorsque tu es consultant et plus joueur, c’est que tu peux découvrir le pays. Tu te confrontes à la vie, aux personnes qui y vivent, alors que lorsque tu es joueur, tu es enfermé, et tu ne vois pas tout cela. Je suis très curieux de ce pays, j’ai déjà eu l’occasion d’aller à Moscou et Saint-Pétersbourg, mais je ne compte pas rester seulement dans ces deux villes. J’ai commenté beaucoup de matchs dans beaucoup de villes différentes, et j’ai hâte de voir comment cela va se passer. En tant qu’observateur, j’espère que ce sera une Coupe du monde offensive, mais en tant qu’ancien défenseur… ça m’emmerderait que certaines défenses en prennent trois ! (Rires.)

Se procurer le livre « Mes Prolongations » de Bixente Lizarazu

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Propos recueillis par Andrea Chazy

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