- Angleterre
- Premier League
- 32e journée
- Liverpool/Tottenham (4-0)
Liverpool prend les rênes
En écrasant Tottenham 4-0, les hommes de Brendan Rodgers s’installent sur le trône de leader. Après avoir ouvert le score très tôt, ils n’ont jamais relâché la pression et ont fait souffrir le martyr à des Spurs au rabais, qui en avaient déjà pris cinq à l’aller.
S’il y a un club qu’on n’attendait pas en tête de la Premier League à ce stade de la saison, c’est bien Liverpool. Et pourtant, après cette victoire convaincante contre Tottenham, les Reds se hissent en tête du championnat, avec deux points d’avance sur Chelsea, tombé contre Villa, et quatre sur City, qui compte néanmoins deux matchs en moins. Un peu comme ce mec banal et mal habillé qui emballe une superbe fille, laissant ses rivaux pourtant apparemment mieux armés se demander ce qu’il peut bien avoir de plus. Ce truc en plus, pour les Reds, c’est évidemment Luis Suárez, auteur de son 29e but et globalement un cran au-dessus de tout le monde cette après-midi. Hugo Lloris, battu à deux reprises, n’a encore une fois pas fait un mauvais match. Il a seulement été de nouveau abandonné par sa défense, à l’image d’un Younès Kaboul buteur contre son camp dès l’entame du match, et globalement dépassé par la vivacité des attaquants adverses.
Une entame de rêve
Dès la deuxième minute, Johnson dédouble dans le dos de Sterling. Servi, le latéral anglais adresse un bon centre à ras de terre, que Kaboul, pas bien réveillé de sa sieste, met au fond de ses propres filets d’une talonnade. Déjà 1-0. Loin de se réveiller après cette ouverture du score ultra précoce, les Spurs restent sous pression, complètement étouffés par les Reds. Le côté droit Johnson/Sterling est omniprésent, alors que Suárez et Coutinho régalent, tout en extérieur du pied et grinta. Le premier sert d’ailleurs le second en bonne position, mais la reprise du jeune Brésilien passe à côté des cages de Lloris. Et puis il y a aussi Steven Gerrard, qui distribue les caviars dans le dos de la défense comme d’autres les bols à la Soupe populaire. Proche de la rupture, la défense de Tottenham concède de multiples corners. Elle perd en plus Vertonghen à la 20e minute sur blessure, remplacé par Dawson, de retour de sa Creek. Mauvaise idée : sur son premier ballon, le défenseur anglais rate sa remise, que Kaboul ne peut contrôler, au contraire de Suárez, qui s’en va battre Lloris d’une frappe croisée magistrale. Les Spurs tentent bien de réagir par Ericksen, mais Škrtel est sur la trajectoire de la frappe du Danois. Il faut donc attendre la 38e pour voir Simon Mignolet effectuer son premier arrêt, sur une frappe de Bentaleb. Un gardien à l’image de son équipe : tranquille. Et qui est toute proche d’inscrire un troisième but par son maître artificier Suárez après une énième perte de balle de Kaboul. Une erreur rattrapée par son gardien et compatriote, qui claque une grosse parade pour dévier la tête de l’Uruguayen sur la barre, alors que tout Anfield s’était levé.
Du beau jeu et de la hargne
La rencontre reprend sur les mêmes bases, avec Liverpool dans la peau du dominant. On passe tout juste à côté d’un nouveau but lorsque Sterling, très altruiste après une nouvelle percée, sert en retrait Henderson, qui rate sa reprise. Un répit de courte durée pour les Spurs. Sur l’action suivante, Flanagan, pas attaqué, monte sur son flanc gauche avant de transmettre à Coutinho. Le numéro 10 choisit alors la frappe dans une forêt de joueurs et fait mouche. Dépassé, Sherwood ordonne depuis sa tribune un double changement à l’heure de jeu, Lennon et Bentaleb cédant leur place à Townsend et Dembélé. En transe, les Reds se battent sur tous les ballons, comme si leurs vies en dépendaient, ce qui fait rugir Anfield de plaisir. Un stade qui se lève pour ovationner Coutinho, remplacé par Allen, et chante comme un seul homme. Sturridge ravit les amateurs de beaux gestes en tentant une frappe dos au but du talon, que Lloris dévie grâce à un réflexe déterminant. Avec le sentiment du devoir accompli, Gerrard peut céder sa place à Lucas, évitant ainsi de récolter un carton qui l’aurait privé des deux prochains matchs. Pendant ce temps-là, le fantôme de Robert Soldado erre sur le front de l’attaque des Spurs. Inévitablement, le quatrième but intervient sur un coup franc tiré extrêmement fort par Henderson. Le ballon traverse une forêt de joueurs pour finir dans les filets du pauvre Lloris, complètement masqué. 4-0 donc, score final. Le match du 12 avril contre Manchester City risque bien d’être décisif dans la course au titre. De toute façon, Liverpool ne marchera pas seul.
Par Charles Alf Lafon