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Liverpool peut-il être plus fort sans Luis Suárez ?
Impossible de remplacer un joueur qui marque 31 buts en 33 matchs ? Pas si sûr. Si la tâche paraît très compliquée pour Liverpool, les Reds peuvent compenser de plusieurs façons le départ de Luis Suárez au Barça. Si, si.
Oui, parce que Liverpool a déjà fait sans lui
Liverpool n’a pas attendu cet été pour jouer sans Luis Suárez. Depuis son arrivée sur les bords de la Mersey en janvier 2011, l’Uruguayen a déjà manqué un petit paquet de matchs. Entre les propos racistes à l’encontre de Patrice Évra, un doigt d’honneur adressé au public de Fulham et sa morsure sur Branislav Ivanović, Suárez a cumulé une petite vingtaine de matchs de suspension. L’an passé, son absence en début de saison n’a pas empêché les Reds de signer trois succès consécutifs d’entrée. La moyenne de points par match est même un peu plus élevée lorsque Suárez n’est pas là (2,55 contre 2,22). « Il a fait un fantastique travail ici, mais il a aussi bénéficié de notre boulot » , rappelle Brendan Rodgers. Sans un joueur qui attire toute la lumière, c’est le collectif qui peut briller encore plus.
Oui, parce que Sterling et Coutinho vont prendre le relais
Petits jeunes chargés de mettre le feu aux défenses et servir au mieux le « Pistolero » l’an passé, Raheem Sterling (19 ans) et Philippe Coutinho (22 ans) changent de rôle. Après avoir pris du vent pendant des kilomètres en tête de peloton, les voilà maintenant propulsés leaders. Et cela ne leur fait pas peur. Dans la lignée de leur saison dernière plus que prometteuse, l’Anglais (9 buts en Premier League) et le Brésilien (5 buts, 7 passes) ont déjà montré lors des matchs amicaux, notamment le dernier contre Dortmund (4-0), qu’ils avaient les épaules pour être des leaders d’attaque. « Son développement est passé à un autre niveau » , explique Rodgers à propos de Sterling. Et cette année, les porteurs de bidons s’appellent Lallana, Marković et Ibe. Pas dégueu.
Oui, parce qu’il a rendu l’effectif meilleur
Vendu pour environ 80 millions d’euros, Suárez a permis à Rodgers de construire un effectif capable de jouer sur plusieurs tableaux. L’entraîneur des Reds a recruté jeunes (Can, Marković, Moreno, Manquillo) et habitués à la Premier League (Lovren, Lallana, Lambert). De quoi renforcer un groupe de qualité, mais qui semblait un peu juste l’an passé, alors que les Reds ne jouaient que le championnat. Cette saison, Rodgers a donc quasiment deux équipes compétitives sous la main, et le recrutement n’est pas encore terminé. « Je préfère avoir ces six ou sept joueurs que Suárez, lâche Dietmar Hamann. Parce que si vous voulez gagner des choses, vous avez besoin de gens en qui vous pouvez avoir confiance. Et avec lui, vous ne pouviez pas. » Si Liverpool n’a pas attiré un grand nom, il a donc peut-être bâti une équipe pour les cinq années à venir. Merci qui ?
Non, parce que son remplaçant n’a pas été trouvé
Benzema, Falcao, Cavani, Reus, Rémy… Quasiment tous les attaquants potentiellement sur le départ ont été annoncés du côté de Liverpool cet été. Mais aucun d’entre eux n’est arrivé. Trop chère, pas libérée par son club ou recalée à la visite médicale, la perle rare n’a pas été trouvée. Les dirigeants du club cinq fois vainqueur de la C1 pensaient pourtant avoir trouvé en Alexis Sánchez le successeur idéal de Suárez, mais le Chilien a préféré aller vivre à Londres et a donc opté pour Arsenal. Avec un Daniel Sturridge qui se blesse chaque année et un Rickie Lambert plutôt venu dans le rôle de doublure, Liverpool a absolument besoin d’une autre pointe. Les noms de Samuel Eto’o et Wilfried Bony reviennent avec insistance dans les dernières rumeurs. Pas franchement du calibre de Suárez.
Non, parce que son départ a marqué le groupe
Rodgers et ses troupes ne le diront pas publiquement, mais perdre un joueur de la dimension de Suárez dans un groupe n’est pas anodin. Dans n’importe quel club au monde, son départ aurait laissé un grand vide. Derrière les beaux discours sur l’institution plus forte que l’individu se cache une réalité comptable évidente : remplacer un joueur qui marque 31 buts en 33 matchs est quasiment mission impossible. En entrant sur le terrain, au moins au début de saison, Liverpool fera moins peur. Car avec son « cannibale » , Steven Gerrard et ses coéquipiers pouvaient aller à la guerre et s’attendre à un exploit venu d’ailleurs. Ce n’est plus le cas et, inconsciemment, cela pourrait peser. Même si le dire serait déjà un premier aveu de faiblesse.
Par Axel Bougis