- Angleterre
- FA Cup
- 1/4 finale
- Blackburn/Liverpool (0-1)
Liverpool, le cœur vers la Cup
Liverpool s'est gardé un petit sursis de sourires pour finir cette saison, la dernière de Steven Gerrard chez les Scousers, peut-être aussi la der de Sterling. Et si la coupe ne pourra retenir le plus ancien, elle pourrait faire réfléchir le plus jeune.
« Nous avons toujours une chance de terminer dans les quatre premiers, et c’est la chose la plus importante pour le club, pour des raisons évidentes. Ce serait une grande réussite après notre début de saison en championnat. Mais d’un point de vue égoïste, je choisirai toujours un trophée et des médailles. » Au moment d’énoncer ces dernières volontés, le jour de l’annonce de son départ de Liverpool, le 3 janvier dernier, Steven Gerrard divisait ses derniers objectifs avec son club de toujours en deux catégories. En gros, une qualification en Ligue des champions pour Liverpool, et une dernière FA Cup pour lui, après celles de 2001 et 2006. Logique, après tout, lorsque l’on sait que la finale se déroulera à Wembley, le 30 mai prochain, le jour du trente-cinquième anniversaire de la légende rouge. Histoire de clôturer leur voyage commun de la plus belle des manières. Histoire aussi, pour Gerrard, de donner du poids à ses paroles.
Deux coups de poignard en Premier League
Car malheureusement pour les Reds, la première partie du contrat moral établi par Gerrard semble très compliquée à mettre en œuvre. La faute à deux défaites, coup sur coup, face à Manchester United (1-2) et Arsenal (4-1). Deux défaites en forme de grosse claque, après une superbe série de 13 matchs consécutifs sans défaite en championnat, qui avait permis de redonner espoir aux supporters. Oui mais voilà, après ces deux revers, les Reds pointent désormais à sept unités de Manchester City et de cette fameuse quatrième place qualificative pour la Ligue des champions, alors qu’il ne reste que sept journées à disputer. Pas infaisable non, mais « très peu probable » comme l’a concédé Brendan Rodgers au sortir de la déroute des siens à l’Emirates Stadium. Au-delà d’offrir une belle sortie à son capitaine, une victoire en Cup permettrait aussi de légitimer la saison de transition effectuée par Rodgers et ses ouailles, et valider la progression des jeunes éléments recrutés ces dernières années. Une manière, finalement, de préparer l’avenir plus sereinement.
Jeunesse pressée
En effet, à Liverpool, l’avenir se nomme désormais Coutinho – auteur du but de la qualification face à Blackburn – Emre Can, Alberto Moreno ou encore Raheem Sterling. Des jeunes extrêmement doués, ayant le luxe d’être titularisés régulièrement dans un club de haut niveau, leur permettant de progresser de manière continue. Or, au-delà du temps de jeu, ces jeunes ont également choisi Liverpool pour gagner des titres, ou au moins pouvoir concurrencer les autres grosses écuries du Royaume. Sans que l’on ne sache vraiment s’il s’agit uniquement d’une manœuvre de son agent pour que le club satisfasse aux demandes de son client, ou une expression honnête de ses doutes, c’est ce qui est ressorti de l’interview récente de Sterling avec la BBC, qui a mis le feu aux poudres, à la question de savoir pourquoi il refusait pour l’instant de prolonger son contrat. « Cela n’a jamais été une question d’argent. Je parle de gagner des trophées au cours de ma carrière. » Il est clair qu’une saison blanche, sans qualification en Ligue des champions, apporterait quoi qu’il arrive de l’eau au moulin du jeune prodige.
À deux marches de la gloire
Et pourrait mettre Liverpool en danger. Car si le départ de Suárez était programmé, celui de Gerrard surprenant, un départ de Sterling aurait des conséquences terribles aussi bien en matière d’attractivité pour attirer de nouvelles recrues prestigieuses que sur un plan purement sportif. Difficile en effet d’effacer son passé et se séparer de ses plus belles perspectives d’avenir en même temps. Alors, pour éloigner le signe indien, il reste à Liverpool deux marches à franchir. La première, en demi-finale face à un Aston Villa obnubilé par sa survie en Premier League, et la seconde face au vainqueur du duel Reading-Arsenal, où les Gunners seront logiquement favoris. Des Londoniens qui les ont presque définitivement écartés de la course à la Ligue des champions le week-end dernier, et contre lesquelles une victoire prendrait des airs de vengeance savoureuse. Et permettrait à Steven Gerrard de partir le cœur léger, et faire souffler un club pour lequel la saison aura été bien longue.
Par Paul Piquard