Liverpool a un train à prendre

C’est un peu le coup du verre à moitié plein ou à moitié vide. Et Rafael Benitez ne doit sûrement pas savoir s’il doit se réjouir ou s’il doit s’inquiéter. En effet, le manager de Liverpool avait sérieusement tancé Fernando Torres après sa faible prestation à Tottenham (1-2) : « Il paraît être plus déconcentré. Il se plaint beaucoup plus et je lui ai dit que cela devait cesser, a indiqué le technicien espagnol en conférence de presse. Il sait qu’il doit progresser à ce niveau-là. Il doit être complètement concentré sur son football et doit savoir que la seule façon de répondre à ce genre d’intimidation, c’est en marquant des buts » . Résultat : El Nino a ouvert le feu face à Stoke City mercredi (4-0) et été dans tous les bons coups. Le message était bien passé. Mais il renvoie aussi une angoisse majeure du club depuis bientôt vingt ans : Liverpool reste une équipe à réaction. Et c’est tout le problème pour Benitez qui aime tant contrôler le tempo et qui sait que le titre de champion passe par là. A l’heure de recevoir Aston Villa, l’ancien technicien de Valence attend de sa troupe qu’elle dégaine la première.

Eviter les départs merdiques du passé

L’enjeu est d’autant plus considérable que les rivaux, et même un peu plus, ont fait le boulot. Chelsea et Arsenal font un sans faute, Manchester United a vite remis les pendules à l’heure après le raté à Burnley cette semaine (0-1). Et les Reds sont d’autant plus sous pression que Tottenham a rangé au vestiaire ses départs merdiques traditionnels (trois succès en autant de matches) et que Manchester City est en mode putschiste en ce début de saison (deux victoires en deux rencontres et un message clair : « Fini les plans à quatre, on est dans la place aussi » ). En clair, il y a déjà le feu au lac pour les Rouges et la menace d’un revival qui fait mal, réminiscence de toutes ces années où Liverpool ratait ses départs et perdait toutes chances de sacre dès le premier trimestre. Pas question de réécrire ce funeste scénario, surtout quand on songe que la saison dernière, enfin, les partenaires de Steven Gerrard avait mis le bon braquet d’entrée ce qui leur avait permis de jouer le titre jusqu’au buzzer.

Et les Reds veulent prouver à tous les sceptiques, Alex Ferguson en tête, que le dernier exercice n’était pas un coup d’épée dans l’eau. Le souci, c’est que, comme toujours, Benitez doit composer avec les blessures, notamment son axe défensif (Skrtel, Agger out derrière, Aquilani au milieu). Heureusement, et c’est souvent l’essentiel pour Liverpool, Fernando Torres et Steven Gerrard sont plus que jamais opérationnels. Le premier, on l’a dit, a ouvert son compteur but mercredi, tandis que le second a délivré deux superbes passes décisives tout en étant au four et au moulin. Business as usual !

Ashley Young est-il une arnaque ?

D’ordinaire, une affiche entre Liverpool et Aston Villa aurait figuré un choc de premier ordre. Cette fois-ci, un peu moins. La faute à un début de saison calamiteux du club de Birmingham : un premier camouflé à Villa Park face aux nobodies de Wigan (0-2) avant une nouvelle cagade en play-off aller d’Europa Ligue chez le Rapid Vienne (0-1). En clair, quelque chose ne tourne plus rond chez les Villans. A commencer par le jeu, bordélique à souhait le week-end dernier. Et, déjà, on se demande si la formation de Martin O’Neill va vraiment réussir à digérer le départ du playmaker Gareth Barry pour Manchester City. Une perte d’autant plus lourde que le Barry était un taulier du vestiaire, tout comme Martin Laursen, parti à la retraite.

Et voilà les jeunes Vilains un peu livrés à eux-même, avec pour seule nounou, ce bon vieux Emile Heskey. Jusqu’ici, Gabriel Agbonlahor n’a pas encore vu le ballon aux avant-postes, tandis qu’Ashley Young et ses dribbles de plus en plus prévisibles posent chaque jour un peu plus la question : ce type est-il une nouvelle arnaque du football anglais ? Oui, la situation devient si préoccupante que les regards commencent à se tourner vers le très jeune Nathan Delfouneso (18 ans), au talent aussi prometteur que le nom. Il n’empêche, pareil recours a de quoi inquiéter sur la capacité de Villa à poursuivre son ascension des deux dernières saisons (deux fois 6e).

Ce lundi soir à Anfield, l’une des deux équipes pourrait bien perdre dès la fin du mois d’août une grande partie de ses illusions et de ses ambitions pour la saison. La touffeur de l’été provoque toujours son lot de victimes…