Sur la vidéo de présentation de ton album, tu portes un maillot d’Arsenal. Depuis quand es-tu fan des Gunners ?
Je vis dans le Nord de Londres, et Arsenal est ce qui symbolise le mieux cet endroit. Donc c’est une manière pour moi de représenter là d’où je viens. J’ai été scolarisée à la Highbury Fields School, un lycée collé à l’ancien stade. J’ai toujours supporté Arsenal, depuis toute petite. Je ne me suis jamais intéressée à une autre équipe.
Pour représenter le Nord de Londres, tu aurais pu tomber plus mal, en étant fan de Tottenham…
Non, les Spurs sont basés dans un autre quartier.
Tu ne rates aucune rencontre entre les deux clubs ?
Je regarde le « North-London derby » à l’occasion, mais je ne suis pas le football religieusement, même si je suis passionnée. Je me sens bien quand on gagne, et mal quand on a perdu. C’est un truc de famille. Mon grand frère jouait au foot, mon beau-frère est à fond dedans, et mon neveu commence à s’y mettre. Il n’a qu’un an, mais il est déjà capable de reprendre une balle de volée. Et j’ai un petit cousin qui joue à Reading.
C’est ton grand frère qui t’a inculqué cet amour pour les Gunners ?
Je crois bien, oui. Et ma mère, qui m’a offert mon premier maillot. Plus jeune, je me souviens être allée en bus jusqu’à Cardiff, pour un match d’Arsenal. Et puis j’étais gardienne de but dans l’équipe de l’école. Bon, j’étais pas la meilleure, je faisais surtout ça pour rester en forme et faire de l’exercice. Mais c’était marrant, j’aimais bien ça.
Qu’est-ce que t’aimais le plus, quand tu jouais au foot ?
La compétitivité, et l’esprit d’équipe. La rage de vaincre. Genre, c’est impossible de sortir de ce terrain avec une défaite.
C’est pareil quand tu es en studio, avec ce « rap-game » que tu dois absolument remporter ?
Non, je ne pense pas vraiment à ça. J’essaie juste d’y mettre tout mon cœur. Si je pense à la compétition, cela devient forcé. Je ne vois pas la musique comme un sport. C’est plutôt une échappatoire, une évasion. Pour moi, c’est thérapeutique.
Dans les critiques de ton album, on peut lire que tu es « la meilleure chose qui soit arrivée au hip-hop britannique » . Quelle serait la meilleure chose qui puisse arriver à l’équipe d’Angleterre ?
Merde… J’ai le sentiment qu’on n’est pas mal, mais tu sais quoi, j’ai l’impression que quand j’étais gamine, les gars jouaient plus avec leur cœur. Ils avaient un cœur énorme, qui leur ôtait toute peur. Un peu comme à Arsenal, à la même époque. Thierry Henry ne connaissait pas la peur, personne n’osait défier Patrick Vieira… Les joueurs actuels sont bons, mais il leur manque quelque chose. Je ne suis pas une encyclopédie du foot, mais c’est ce que je ressens quand je regarde des matchs. Quand je vois les joueurs d’aujourd’hui, je me dis : « Ça se voit que quelqu’un te paye pour faire ce job. » Alors qu’avant, les mecs respiraient uniquement dans le but de jouer. Ils n’avaient que ça, c’était dans leur sang. Peut-être que ce qui pourrait arriver de mieux au foot anglais, c’est des joueurs un peu plus passionnés par ce qu’ils font.
Cette « glamourisation » du football est-elle comparable à ce qu’on voit dans le rap ?
Oui, absolument. On le vérifie avec tous ces musiciens qui ne sont là que pour l’argent, qui se foutent de la dimension artistique. Qui se foutent d’offrir de la super musique aux gens qui en ont besoin. Nous, les musiciens, on a besoin d’être passionnés, de mettre notre cœur et notre âme dans ce qu’on fait, parce que la musique est la chose la plus puissante qui existe, après Dieu. Pour moi, la musique est aussi vitale que l’eau ou l’air.
Dans l’équipe actuelle d’Arsenal, qui joue avec son cœur, d’après toi ?
Jack Wilshere m’a l’air d’avoir ce qu’il faut. Mais je ne vais pas te mentir, je connais mal l’effectif actuel. Je suis « old school » , et pour moi, Thierry Henry était le meilleur.
Si tu devais donner un concert dans un stade, tu choisirais lequel ?
Wembley est le plus mythique, mais jouer à l’Emirates Stadium représenterait plus, pour moi.
Donc tu ne regrettes pas Highbury ?
« No way ! » Pourquoi regretter Highbury ?
Certaines personnes sont attachées à leur ancien stade, dans lequel le club a construit son histoire…
Je peux comprendre ça, mais au final, ce qui compte, c’est que ce soit toujours Arsenal.
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