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L’Italie sans talent ?
C'est le signe de quelqu'un qui doute : contrairement à 2006, où il avait publié sa liste sans tergiverser, Marcello Lippi a ce coup-ci attendu jusqu'au dernier moment pour donner les noms des 23 joueurs qu'il emportera avec lui en Afrique du Sud. Il n'y aura ni Borriello, ni Rossi.
Marcello Lippi est-il devenu fou ? Il y en a pour le penser, et le premier d’entre eux pourrait s’appeler Fabio Quagliarella. Selon la presse italienne, le sélectionné de la dernière heure était tellement certain de quitter le regroupement de Sestrières et de rentrer chez lui qu’il avait déjà fait ses valises depuis plusieurs jours. Sauf que voilà : mardi soir, à quelques heures de la date butoir, le sélectionneur italien a décidé de garder Quagliarella (et Bochetti). A la place, c’est Marco Borriello et Giuseppe Rossi qui restent à la maison. Une cote tellement grosse que personne n’avait osé la jouer.
Borriello, passe encore. Même s’il sort d’une bonne saison –14 buts dont la plupart servis dorés sur tranche par Ronaldinho et Pirlo–, l’attaquant du Milan AC a contre lui le fait de présenter le même profil que Gilardino, le titulaire, et Pazzini, l’homme en feu du moment. Soit celui du gladiateur planté dans la surface, qui pèse sur la défense, gêne la relance adverse, prend les ballons de la tête, oriente, fait remonter le bloc, et pour finir la met au fond. Un type comme ça, très bien, deux, OK, mais trois, et l’Italie se serait mise à ressembler à la Norvège. Exit Borriello, donc. Même si on aurait aimé le voir à l’œuvre et qu’il avait une bonne gueule de sauveur, la décision est compréhensible.
Mais Giuseppe Rossi ? Il y a un an tout rond, à la Coupe des Confédérations, “Pepito” s’était révélé comme la seule bonne nouvelle du fiasco italien. Enfin un type avec de la fraîcheur, qui pouvait prendre la balle et accélérer, frapper de loin et demander des une-deux. En vrai, Rossi, c’était, en l’absence de Balotelli, la seule preuve d’une Italie qui avance un pied dans le XXème siècle. Pensez : un gars qui est né à l’étranger (aux États-Unis), qui parle plusieurs langues, et qui, à 23 ans à peine, a déjà joué à Manchester United et Villarreal. Certes, le petit “Pepito” sort d’une saison mi-figue mi-raisin, qui s’explique en partie par la mort de son père. Mais tout de même : Lippi, qui avait fait débuter le garçon en octobre 2008, semblait l’apprécier. Qui maintenant pour apporter de la fantaisie ?
Le voilà, le problème de l’Italie : Di Natale mis à part (qui portera d’ailleurs le numéro 10), la Nazionale ne compte aucun joueur un tant soit peu fin techniquement, vif et imprévisible. Fabio Quagliarella, l’élu, n’est pas nul ; mais bon, sa saison n’a pas été folle non plus, et à part mettre des buts spectaculaires, il ne sert généralement pas à grand-chose. Au final, l’équipe de Lippi apparaît aujourd’hui comme une bande de mecs sérieux, expérimentés et professionnels, sans plus –aucun plus. En Afrique du Sud, l’Italie se pointera avec une équipe de 28 ans et 9 mois de moyenne d’âge. La deuxième plus vieille de son histoire, après celle de 1974 (28 ans et 10 mois). A l’époque, l’Italie était rentrée chez elle après trois petits matchs, un nul, une défaite et une victoire. Cela pourrait être prémonitoire.
Stéphane Monteverdi
Le groupe des 23 Italiens
Gardiens
Gianluigi Buffon ; Morgan De Sanctis ; Federico Marchetti
Défenseurs
Salvatore Bocchetti ; Domenico Criscito ; Leonardo Bonucci ; Fabio Cannavaro ; Giorgio Chiellini ; Christian Maggio ; Gianluca Zambrotta
Milieux
Mauro Camoranesi ; Daniele De Rossi ; Gennaro Gattuso ; Andrea Pirlo ; Claudio Marchisio ; Riccardo Montolivo ; Angelo Palombo ; Simone Pepe
Attaquants
Antonio Di Natale ; Alberto Gilardino ; Vincenzo Iaquinta ; Giampaolo Pazzini ; Fabio Quagliarella
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