- Euro 2016
- 8es
- Italie-Espagne (2-0)
L’Italie met l’Espagne dans le rouge
Largement dessus tactiquement et dominatrice une bonne partie de la rencontre, l'Italie bat l'Espagne (2-0) et jouera les quarts de finale de l'Euro 2016.
Italie 2-0 Espagne
Buts : Chiellini (33e) et Pellè (90+1e) pour l’Italie
Qui d’autre que lui ? Qui d’autre que ce bon vieux Giorgio pour s’extraire d’une jungle de joueur et marquer un but du tibia qui vaut de l’or ? Certes, il manque peut-être quelques mètres de sparadrap sur sa tête pour que la fête soit totale, mais après une demi-heure de jeu à sens unique, le défenseur central de la Juventus n’a pas eu besoin de castagner tant son Italie maîtrise sa partition. Enième acte d’une sonate délicieuse d’Antonio Conte, ce coup franc d’Éder à l’entrée de la surface est d’autant plus dangereux que le match le plus attendu de ces huitièmes de finale a débuté sous une pluie diluvienne. Malin, le joueur de l’Inter frappe fort côté ouvert, De Gea, impérial jusqu’ici, repousse dans les pieds de Giaccherini qui s’écroule, mais parvient à toucher le ballon. Seul face à son destin, Chiellini vient savater la gonfle, d’un coup de tibia qui lui sied à merveille. Les Italiens exultent, mais dans un Stade de France assez calme, personne ne s’y trompe : ce pion-là n’est pas une surprise. Il est juste l’aboutissement d’un travail tactique épatant de Transalpins qui ont récité un ballet maîtrisé quand leurs adversaires faisaient dans l’improvisation permanente pendant 45 minutes.
De Gea maintien l’Espagne à flot
Si l’averse qui s’abat sur Saint-Denis donne au début de rencontre un côté dramatique, elle ne fait pas paniquer les Italiens. Dès les premières minutes de jeu, le plan de jeu des coéquipiers de Gigi Buffon est visible. Des sorties de balles propres, au sol, dans l’énorme espace laissé au milieu de terrain entre les trois attaquants espagnols et leurs trois milieux. À l’aise, Parolo, Giaccherini et surtout un énorme De Rossi s’en donnent à cœur joie et sollicitent les flèches des côtés que son De Sciglio et Florenzi. Pendant que Del Bosque se planque de la pluie sur son banc, Conte enfile casquette et K-Way et voit De Gea dégainer une première parade dingue sur une tête de Pellè. Chaud comme la braise, le portier mancunien se montre une nouvelle fois décisif en repoussant sur le poteau une bicyclette de Giaccherini. Au bout de 20 minutes de jeu, l’Italie a la possession de balle et ça, personne ne l’avait vu venir. Surtout pas les Espagnols qui ne s’en sortent pas et n’inquiètent pas Buffon du premier acte. Seul bémol côté bleu, l’absence de break après l’ouverture du score de Chiellini malgré une forte domination et des actions franches de but. Juste avant la pause, Giaccherini, encore lui, profite d’un rush de Bonucci pour s’extraire côté gauche. Le joueur de Bologne repique dans l’axe et envoie une praline que De Gea sort main opposée. C’est ensuite au tour de Ramos de frôler le CSC sur un centre puissant de De Sciglio. En face, rien à se mettre sous la dent. Symbole de la faiblesse espagnol, cette tentative de lob de Busquets de 40 mètres clos une première période à sens unique. Pas né de la dernière pluie – même s’il a arrêté de flotter à Saint-Denis -, Vicente del Bosque engage enfin le combat tactique au retour des vestiaires. Nolito cède sa place à Aduriz et l’Espagne propose désormais un menu à deux attaquants.
Buffon et Graziano, ces héros
Une formule presque golden d’entrée de deuxième acte, puisque pour la première fois, la défense italienne se retrouve sous pression. Un malheur n’arrivant jamais seul, Daniele De Rossi, énorme en première mi-temps, cède sa place à Thiago Motta qui prend son jaune pour une belle tarte. Mis sous pression par les Espagnols, les coéquipiers de Leonardo Bonucci ne paniquent pas, à raison : les espaces existent toujours au milieu de terrain. Ils s’agrandissent même, au fur et à mesure des minutes. La preuve avec ce contre amené en quelques touches de balle, qui débouche sur un face-à-face Éder-De Gea, une nouvelle fois remportée par le portier espagnol. Si elle tient mieux le ballon, l’Espagne n’en demeure pas moins friable en contre. Illustration parfaite avec Pellè, en rôle de pivot, qui trouve encore Giaccherini sur un côté. Le centre au sol du joueur de poche est détourné in extremis par un De Gea décidément sauveur de la patrie. Décidé à jouer le même rôle, Aduriz, servi par Iniesta, déclenche la première frappe sérieuse de la Roja, mais son pied gauche ne trouve pas la cage de Buffon. Peu inspiré face à ceux avec qui il rigolait avant le match, Morata cède sa place à Vasquez, qui ne tarde pas à se mettre dans le match. Servi en profondeur, il frappe le poteau, mais est signalé en position de hors-jeu. L’Italie est sur le reculoir et Conte n’aime pas ça. Du coup, le sélectionneur se soulage en mettant une mine dans le ballon. Dans un registre différent, Iniesta balance une sacoche du gauche que Buffon détourne. Et pendant que son capitaine motive ses potes tout en faisant le job, Lorenzo Insigne entre sur la pelouse. L’occasion de prélever un rein à Ramos et de faire briller une nouvelle fois De Gea sur un bon contre. On croit alors que l’Italie ne marquera pas. Que Piqué va égaliser. Mais tandis que Buffon est impérial face au Barcelonais, Insigne envoie une transversale fabuleuse sur l’ultime contre du match. Servi grâce à un délicieux appel-contre appel dans la surface, Pellè explose la cage et fait disjoncter la curva improvisée. L’Italie verra les quarts. Et c’est mérité.
Par Swann Borsellino, au Stade de France